Matinée pour lutter
contre un peu de flou dans mes bras, mes jambes, et une furieuse
tendance de mes yeux à se fermer...
un déjeuner très tôt et
que j'essaie de doser de façon adéquate pour assurer la suite,
avant de suivre la rue Joseph Vernet, la rue Saint Charles vers le
bus m'emmenant à la Fabrica (une petite navrance en passant devant
Giera et son état d'abandon qui touche même les arbres)
furieuse contre la lâcheté
de carcasse et son appréhension parce que si bon souvenir du traitement par Julien
Gosselin de 2666 de Bolaño (et déjà une reconnaissance envers lui
pour m'avoir incitée à lire DeLillo que n'avais fait qu'effleurer
dans un passé brumeux sans grand intérêt et dont j'ai aimé, même
si j'en suis restée pour le moment à Mao II et à un quart environ
des Noms, l'intelligence, l'écriture, la poésie parfois, la
construction etc...)
Je sais que vais être
encore plus crevée en rentrant cette nuit alors, avant le trajet,
avant la crainte de la clim terrifique (diminuée cette année parce
que j'ai une place dans les premiers rangs, là où elle se fait
douce) et l'ennui des entractes :
recopier la présentation
sur le site du festival
Si la lecture croisée
d'oeuvres de Don DeLillo –Joueurs,
Mao II, Les Noms – permet à Julien Gosselin de tisser
avec des fils narratifs une thématique qui flirte du côté du
terrorisme et des années 1970 à 1990, son rêve de théâtre
aujourd'hui s'ouvre à d'autres paysages. Les variations dans les
écritures, les sous-textes et le rapport au temps deviennent pour le
jeune metteur en scène des évidences qu'il aime à retrouver dans
l'auteur américain. « Je ne souhaite pas sur-créer des ponts entre
trois textes pour fabriquer une trilogie convaincante et explicite,
mais plutôt que la fiction se brise pour que des événements
adviennent de partout. » L'histoire chez les deux hommes –
l'écrivain comme le metteur en scène – ne se vit pas de manière
linéaire : elle est éclatée, à l'instar des flux d'informations
de notre modernité qui alternent instants intenses et moments
suspendus...
télécharger le programme
de salle, prélever trois passages qui me semblent intéressants
Il existe une
concordance thématique très nette entre les trois œuvres, elles
évoquent toutes, de manière frontale ou latente, le terrorisme
des années 1970, et aux États-Unis principalement. Mais au final,
c’est la question des mots qui ressort. Il est alors possible
d’interroger ce qu’est un mot, l’archaïsme du mot, ce qu’est
l’écriture. Jean-Luc Godard, dont un des films s’intitule Adieu
au langage, et qui est une source d’inspiration pour le romancier
américain, dit aussi cela. Qu’est-ce que la différence entre le
mot et l’image ? L’image contenue dans le mot ? DeLillo
s’interroge, il écrit parfois de manière à ce que les motifs
dessinés par les mots sur la page puissent faire ressentir quelque
chose au lecteur. Cela va au-delà du sens. Ces trois livres mettent
en lien la question de la violence et du terrorisme avec la question
de l’écriture et de la mise en fiction d’une chose. La grande
question de Mao II par exemple est que les terroristes ont volé la
place des romanciers …
Si la théâtralité
est brisée par des stratagèmes de mise en scène, le fil de
l’histoire est, quant à lui, rarement fractionné. Je voulais
m’attaquer à une matière qui me permettait de quitter la pure
permanence. Même si on retrouve des thèmes communs à
l’intérieur des trois objets, le fil, lui, n’existe pas. La
cohérence dramaturgique se retrouve autrement. Je travaille en plus
des romans à d’autres textes de DeLillo, des textes courts comme
Le Marteau et la Faucille, qui abordent des questions de terrorisme,
de finance, de violence, et des paroles politiques, issues de mai
1968 et des activistes des années 1970. À côté du texte se
jouent des moments d’image et de musique purs. Jean-Luc Godard
inspire notamment certaines images au plateau, et est présent par
le texte…
Sur le plateau, il y a
des films complets, du théâtre au sens noble du terme, trois
musiciens en direct. On retrouve l’univers que j’ai déjà
créé sur Les Particules élémentaires et 2666, avec des
nouveautés formelles pour tenter de fracturer, oui, cette
linéarité à laquelle je m’attache habituellement. L’objet
long est un espace pour rejouer le rapport au temps, déjouer un peu
les attentes du spectateur, son confort. Pour contrer le rapport de
«consommation» au spectacle, j’aimerais arriver, à terme, à
créer des spectacles où le temps de la représentation soit plus
ou moins variable, pour que la durée de fiction ne soit pas le seul
temps de la représentation.
Et
compléter par quelques notations personnelles après le retour dans
la nuit et avant de bricoler un souper
Alors, bien crevée j'en suis là... avec une impression, fatigue ou
autre cause, juste un peu moins emballée que la dernière fois
J'étais
superbement bien placée et avec voisins charmants et discrets, les
premières vingt minutes sont de dialogues vus sur trois écrans
(même dialogue sur tous) et l'intérêt s'installe.
Et
puis peu à peu commence le mélange d'action plus ou moins visibles
filmées en direct et retransmises sur des écrans, selon sa
signature habituelle... C'est superbement rendu, on retrouve des
passages de textes aimés. Il n'y a pas d'entracte et l'on peut
sortir et rentrer au grès de ses besoins ou désirs (en fait les
entractes sont remplacés par des textes, chansons, en rapport avec
ce qui va suivre et la plupart du public sort à ce moment.. moi l'ai
fait brièvement en cours de pièce
pour
soutenir carcasse un peu rétive et qui commençait à le manifester
par des chutes de tête vers poitrine, bloqués mais vexants, avec un
café si mauvais qu'il a arrosé les plantes.
Seulement
les huit heures étaient devenues dix heures et un peu davantage, et
comme je rentrais beaucoup moins dans les dernières séquences
jusqu'à en trouver une (homme gisant dans son sang, se tordant,
interrogés par les autres avec une totale indifférence avant de se
lever et d'évacuer la scène pour permettre de la laver – bien sûr
ce n'était que l'aspect regard primaire mais je me suis dit avec une
évidence impérative je m'en vais et c'est ce que j'ai fait, peu de
temps avant la fin sans doute, ce qui fait que là, tout de suite,
cet instant gomme un peu toutes les qualités et l'intérêt pris au
reste.
Retour
sur la route déserte balayée par un sacré petit vent, que l'on ne
sentait pas dans les remparts.
Mis
des pâtes à cuire... enregistre et trie photos, avant de souper et
m'endormir benoîtement ....j'attendrai demain matin pour découvrir
la vidéo 21 de François Bon...
5 commentaires:
Esprit curieux toujours en alerte ...parfois un peu longues te lire est tendresse et reconnaissance en alternance avec les reportages du Monde ...amusant
merci ! mais crois qu'aujourd'hui vais faire un tour Carrefour pour yaourts et bonbons (affreux je n'en ai plus là), voir l'atelier de François Bon et supprime l'épreuve physique qu'est Aubanek pour être fraîche et reposée ce soir… je pense que la fatigue brouillait un peu ma réception en fin d spectacle hier
Le mélange (ou l'interpénétration) des genres artistiques peut produire le meilleur et le pire : l'attention, si elle le peut, doit faire effort pour ne pas se disperser.
La littérature "pure" serait-elle le dernier bastion d'un art bien défini ? Don De Lillo s'attendait-il à cette mise en scène ?
Et Godard (mais lui, dans "La Chinoise", par exemple, il faisait bien lire les Pensées de Mao...) ?
admiration pour cet amour du théâtre (entre autres)
Dominique les adaptations de Gosselin sont pourtant remarquables (pour qui a aimé les livres auxquels il se consacre) c'était vrai pour Bolaño et ça l'est là pour lcd que j'avais lu… mais il y a la fatigue de petite vieille qui n'a pas tenu la distance.. vais me modérer aujourd"hui)
quant à Godard bien sûr et d'ailleurs une actrice s'est donné des petits côtés Karina)
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