Les petits vieux selon les
jours ça se ménage à outrance (bon je ne parle pas des retraités
dynamiques et sportifs, n'ai jamais été de leur espèce) ou ça se
fixe un but, voit que bon en gros ça va et continue sans fixer la
limite. Et je soupçonne que ma déception à la fin du spectacle de
Gosselin était surtout basée sur l'accumulation des petites
fatigues (aurais dû me méfier après que quatre femmes aient voulu
absolument me laisser leur place dans le bus, ce que j'ai refusé
avec l’assurance vexée de ma bonne forme). Bon ce matin me suis
réveillée en me disant, je supprime Aubanel le redouté à 18
heures et la reprise de
Milo Rau... un peu ébranlée tout de même en lisant l'article
d'Arnaud Maïsetti que j'avais mis en réserve,
http://arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article2137
et parce que j'étais déjà tentée, parce qu'il semble que ce soit
le verso du Thyeste tant loué, tant beau - seulement«oui on en
avait plein les yeux mais un peu trop pour que la tragédie soit là
dans la cour d'honneur (me sens moins seule, ai trouvé deux autres
personnes de mon avis même si, comme moi, heureuses de la beauté
grande de ce qu'avons vu)» - ai voulu aller outre fatigue pour ce
qui est dit là et déjà pour cette phrase Ce
qui est en jeu, du présent, relève de la matière même de ce qu’on
voit : la brutalité du réel quand elle excède toute
compréhension, toute représentation.
Seulement suis sortie
auparavant pour chercher bonbons pour les coups de pompe et le Canard
enchaîné. N'ai pas trouvé le Canard, le nombre de ses lecteurs
locaux semble avoir augmenté avec le festival mais par contre j'ai
constaté un flou presque dansant de mes jambes qui m'a confirmé que
non, pas bouger.
Ai tenté de répondre,
très très platement je le crains à la proposition 21 de l'atelier
d'été de François Bon, ai commencé à ronger un peu, avec des
pauses, mon considérable retard dans les contributions
http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211
et j'ai sorti une jupe de
cotonnade soyeuse neuve au fond vert d'eau et un cardigan en fil de
même ton (pas terribles, enfin pas totalement, mais c'est ce que j'ai de mieux, une petite
fête muette dont j'étais seule consciente) pour m'en aller en début
de nuit vers le cloître des Carmes
ma place au premier rang,
le plaisir trop rare de Racine, celui du décor splendide et
respectueux de Pierre Nouvel, la découverte pour moi du travail de
Chloé Dabert, la jeune metteur-en-scène, et celui de ses actrices
Bénédicte Cérutti, Victoire Du Bois et Servane Ducorps (bon il y a
aussi des hommes, et contraints d'agir, malheureusement) – un bref
et rare passage de Brigetoun qui joue les féministes...
… et l'oracle dit :
pour retrouver la clémence des dieux, la fille d'Agamemnon,
Iphigénie, doit être sacrifiée sur l'autel de Diane. Questionnant
les actions par devoir, le bien-fondé du sacrifice ou encore les
oscillations de l'amour et de l'ambition, Chloé Dabert se saisit à
la lettre du texte de Racine, entre dans les mots du XVIIe siècle et
interpelle le sens moral de cette expiation. Dans un campement entre
plage et mer, les protagonistes encerclés reprennent à leur compte
cette poésie si tragique, nous disent que l'action se nourrit avant
tout de parole, que le désir des dieux entraîne toutes les
soumissions, que la femme est la victime de tous les enjeux…
voisins
aimables, échanges paresseux et urbains, et on se prépare... et ma
foi c'était bien, mieux que bien
trois
phrases du programme de salle, quatre phrases de Chloé Dabert qui
m'ont plu, mise en appétit
Qu’est-ce que cette
pratique raconte de notre propre rapport à l’expiation, au retour
au calme, à l’apaisement, à la fin d’un cycle ? Pourquoi
s’agit-il de sacrifices de jeunes femmes ?
Et peut être surtout
J’attache
énormément d’attention au respect de la partition, j’ai un
rapport presque mathématique à l’écriture, il y a une
rythmique commune, une cadence à trouver, afin d’entrer ensemble
dans le texte.
Nous cherchons avec les
acteurs à maintenir une forme de distance: être dans un jeu
engagé, mais en marquant un léger décalage avec les codes du
réalisme.
(photos
de Christophe Raynaud de Lage)
Et contrat rempli, mieux
que rempli, tension, une Iphigénie un peu acidulée et touchante, un
Agamennon qui dit merveilleusement l'alexandrin – le marque juste
un peu trop une ou deux fois – et une Clytemnestre digne ou
emportée de passion qui fait vivre le même alexandrin, n'en perd
aucune qualité et lui donne le coulé ou l'emportement nécessaire,
de bons seconds rôles, un public qui me semble avoir été sous le
charme, sans tous ni raclement de gorge
et avec des sourires sur
les faces en sortant
5 commentaires:
Joyeux anniversaire à vous, ma fille a eu 20 ans hier.
Si j'en crois Le Monde, un peu ennuyeuse même si les alexandrins sont bien dits... Non ?
un très grand merci pour vos passages… vais peut-être continuer alors, un peu découragée là et me ds que la fatigue supplémentaire pour lasser ça n'en vaut pas la peine…
Très joyeux anniversaire à la fille, Claudine, même si suis en retard
Pierre comme je ne suis pas le Monde, mes voisins non plus, nous étions tout heureux cette nuit
Racine à Avignon, et qui fut à Uzès, j'y pense ici, sous les 37° et le chant des cigales...
merci pour le salut de cette aimable ville
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