commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, août 04, 2018

En rester au paysage, cinq fois, de l'atelier d'été du tiers livre (23)

Avignon, comme toute la France avait chaud (en gros nous apprenions ce qui est le sort de pays et de gens que nous regardons avec suffisance...) et Brigetoun comme beaucoup de ceux qui le pouvaient a eu activité réduite, fait un peu de ménage, continué à faire grandir le tas repassage, s'est lavé les cheveux, a rouspété contre la radio et ses conseils de vigilance pour les petits vieux, eu forte considération et pitié pour les repasseuses, les maçons, les terrassiers, les couvreurs, les policiers et clients de toutes sortes des vieux commissariats de police, les médecins, infirmières, aides et patients des hôpitaux surchauffés (avec petit souvenir rétrospectif), s'est tenue à distance de l'ordinateur sauf pour de petites incursions rapides, tenté sur un carnet de répondre à la vidéo 29 de François Bon pour l'atelier d'été https://youtu.be/LmR-MVUUc6Q, ai recopié, envoyé et levé le barrage faisant taire un éventuel second personnage pouvant répondre à la même vidéo et recopie le texte provoqué par la vidéo 23 paysage, cinq fois (l'ensemble des contributions sur http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211)

Café en main, dans le brouhaha qui montait de la rue, regardant, par l’entrebâillement des volets, les pierres nobles, les fenêtres sages des façades noyées dans l'ombre projetée par les deux étages de sa rangée de maisons, les bannes colorées des boutiques de souvenirs, fuyant vers l'arche parfaite de la porte classique ouverte dans les remparts pour que quelques touristes flâneurs accèdent au fleuve, au castelet, il pensait qu'il aimait de plus en plus cette ville, quittée comme ennuyeuse en son adolescence, retrouvée pour s'y blottir... l'aimait dans son ancienneté, la robustesse de son ancrage dans le passé de la région qu'aucune modification ne pouvait maquiller, pour les traces des âges anciens, périodes d'opulence ou d'abandon, qui se juxtaposaient en longue fraternité. Les coquilles roses des façades de la rue dessinée au dix-huitième siècle à la gloire des maîtres bouchers que ses yeux caressaient avec tendresse, au dessus des ferronneries des petits balcons et des rez-de-chaussée de pierre plus classiquement blanche quand, comme tout à l'heure, en attendant que cesse la pluie, il les découvrait découpées par la haute ouverture en demi-cercle d'un des passages transversaux. Le carrefour, marqué par l'absurde horloge plantée en son centre sur un haut pilier de fonte, qui réunissait la large courbe de la rue venant de la grande place, avec ses très hautes maisons nues de la fin du seizième ou du dix-septième siècle, austères et calmes, venant buter là, au coin de l'église hérissée vers le ciel entre ses cyprès, la petite rue en calade débouchant depuis la place ombragée sur le côté de l'abside, le prolongement, brusquement rétréci, de l'axe vers la sortie de la ville du côté des bourgs, des cités déshéritées et de la campagne avec la maison dont la parfaite façade en réfection ouvrait au dessus des passants ses fenêtres condamnées par des croisillons de bois, la rue commerçante qui débouchait face à lui, planté, hésitant, auprès de l'église, la ruelle perpendiculaire avec ses fanions colorés au dessus des étals s'ouvrant à côté d'une façade en encorbellement avec des traces de pans de bois, et puis la place qui s'élargissait, vide, sous les platanes, la synagogue appuyée sur les pierres usées des bâtisses de pauvres gens, le café, la rue vers les halles, et la façon dont tous ces éléments se mariaient. La façade sobre de la grande église romane du bourg, sur sa grande place vide, le pin si vieux et tourmenté qu'un pilier de pierre soutenait son bras ou sa plus grosse branche, ce mélange d'ennui vacant et de beautés qu'il regardait vaguement depuis la brasserie où il s'était réfugié après avoir renoncé à son rendez-vous. Et puis, surtout, pour le passé, vrai ou faux, qu'elle avait réveillée en lui, cette maison au coin de la petite rue, le manteau ondulant de la vigne vierge, la fenêtre sertie parmi les feuilles et le reflet sur la vitre.

4 commentaires:

casabotha a dit…

Tout ça pour vous pendant que Miss May se baigne à Brégançon

Brigetoun a dit…


rencontrer Madame May ne m'intéresserait guère et si je me baignais à Bregançon ce serait sur une des plages du château et non au fort ou à Cabasson

Dominique Hasselmann a dit…

Même dans l'atelier, il fait chaud (Paris, hier, 35° seulement).
Vite, enfourcher le vélo à la fraîche...

Brigetoun a dit…

euh le vélo … le simple fait de sortir dans la touffeur enserre mon crâne