Avignon, comme toute la
France avait chaud (en gros nous apprenions ce qui est le sort de
pays et de gens que nous regardons avec suffisance...) et Brigetoun
comme beaucoup de ceux qui le pouvaient a eu activité réduite, fait
un peu de ménage, continué à faire grandir le tas repassage, s'est
lavé les cheveux, a rouspété contre la radio et ses conseils de
vigilance pour les petits vieux, eu forte considération et pitié
pour les repasseuses, les maçons, les terrassiers, les couvreurs,
les policiers et clients de toutes sortes des vieux commissariats de
police, les médecins, infirmières, aides et patients des hôpitaux
surchauffés (avec petit souvenir rétrospectif), s'est tenue à
distance de l'ordinateur sauf pour de petites incursions rapides,
tenté sur un carnet de répondre à la vidéo 29 de François Bon
pour l'atelier d'été https://youtu.be/LmR-MVUUc6Q,
ai recopié, envoyé et levé le barrage faisant taire un éventuel
second personnage pouvant répondre à la même vidéo et recopie le
texte provoqué par la vidéo 23 paysage, cinq
fois (l'ensemble
des contributions sur
http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211)
Café en main, dans le
brouhaha qui montait de la rue, regardant, par l’entrebâillement
des volets, les pierres nobles, les fenêtres sages des façades
noyées dans l'ombre projetée par les deux étages de sa rangée de
maisons, les bannes colorées des boutiques de souvenirs, fuyant vers
l'arche parfaite de la porte classique ouverte dans les remparts pour
que quelques touristes flâneurs accèdent au fleuve, au castelet, il
pensait qu'il aimait de plus en plus cette ville, quittée comme
ennuyeuse en son adolescence, retrouvée pour s'y blottir... l'aimait
dans son ancienneté, la robustesse de son ancrage dans le passé de
la région qu'aucune modification ne pouvait maquiller, pour les
traces des âges anciens, périodes d'opulence ou d'abandon, qui se
juxtaposaient en longue fraternité. Les coquilles roses des façades
de la rue dessinée au dix-huitième siècle à la gloire des maîtres
bouchers que ses yeux caressaient avec tendresse, au dessus des
ferronneries des petits balcons et des rez-de-chaussée de pierre
plus classiquement blanche quand, comme tout à l'heure, en attendant
que cesse la pluie, il les découvrait découpées par la haute
ouverture en demi-cercle d'un des passages transversaux. Le
carrefour, marqué par l'absurde horloge plantée en son centre sur
un haut pilier de fonte, qui réunissait la large courbe de la rue
venant de la grande place, avec ses très hautes maisons nues de la
fin du seizième ou du dix-septième siècle, austères et calmes,
venant buter là, au coin de l'église hérissée vers le ciel entre
ses cyprès, la petite rue en calade débouchant depuis la place
ombragée sur le côté de l'abside, le prolongement, brusquement
rétréci, de l'axe vers la sortie de la ville du côté des bourgs,
des cités déshéritées et de la campagne avec la maison dont la
parfaite façade en réfection ouvrait au dessus des passants ses
fenêtres condamnées par des croisillons de bois, la rue commerçante
qui débouchait face à lui, planté, hésitant, auprès de l'église,
la ruelle perpendiculaire avec ses fanions colorés au dessus des
étals s'ouvrant à côté d'une façade en encorbellement avec des
traces de pans de bois, et puis la place qui s'élargissait, vide,
sous les platanes, la synagogue appuyée sur les pierres usées des
bâtisses de pauvres gens, le café, la rue vers les halles, et la
façon dont tous ces éléments se mariaient. La façade sobre de la
grande église romane du bourg, sur sa grande place vide, le pin si
vieux et tourmenté qu'un pilier de pierre soutenait son bras ou sa
plus grosse branche, ce mélange d'ennui vacant et de beautés qu'il
regardait vaguement depuis la brasserie où il s'était réfugié
après avoir renoncé à son rendez-vous. Et puis, surtout, pour le
passé, vrai ou faux, qu'elle avait réveillée en lui, cette maison
au coin de la petite rue, le manteau ondulant de la vigne vierge, la
fenêtre sertie parmi les feuilles et le reflet sur la vitre.
4 commentaires:
Tout ça pour vous pendant que Miss May se baigne à Brégançon
rencontrer Madame May ne m'intéresserait guère et si je me baignais à Bregançon ce serait sur une des plages du château et non au fort ou à Cabasson
Même dans l'atelier, il fait chaud (Paris, hier, 35° seulement).
Vite, enfourcher le vélo à la fraîche...
euh le vélo … le simple fait de sortir dans la touffeur enserre mon crâne
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