Le temps s'en va son
chemin. Il y a une semaine la température était d'un peu plus de
30° mais maintenant l'été est mort, le linge met deux jours à
sécher et ma jeune soeur (enfin la plus vieille de mes jeunes frères
et soeurs, superbe grand-mère de plus de vingt jeunes personnes et
arrière grand-mère de substitution) nous rejoint, son époux et
moi, dans le camp des persistants depuis plus de trois quart de
siècles.
Ceci dit, pour mettre un
orteil dans le Parcours des arts qui vient de commencer (mais je
prendrai mon temps, il dure jusqu'au 21 octobre) suis montée au
petit palais, parce que ma petite recherche sur internet me préparait
à la joie d'admirer, à la rencontre des
visages tendus vers la vie et nous, nés des mains, chalumeaux, masse
et esprit de Julien Allègre, né à Arles, qui se présente comme
sculpteur et musicien autodidacte.
Pour le musicien sais pas,
pour le sculpteur si ce n'était pas aussi aigu, pointu, coupant, je
dirais : j'en mangerais
son très beau site pour
vous repaître d'images d'oeuvres, de travail, d'expositions etc...
http://julienallegre.net
et pour le musicien j'ai
trouvé une vidéo, sur laquelle, bien évidemment, il joue du hang
(ça a dû s'imposer dans l'atelier – sourire)
quoique là, la
musique est plus rude (belle au demeurant, et le travail aussi... un
conseil, prenez le temps)
Alors ma foi,
en entrant dans le patio du petit palais, un petit choc, une légère
déception qui s'est effacée en m'approchant, devant la beauté du
matériau et son utilisation, la dentelle et la force, les formes et
leur emboitement... parce que cette bête – il
se trouve que c'est le nom de l'oeuvre, affiché sur un panneau de
belle taille dont vais recopier une partie – était peut-être un
peu perdue, pas tant et cela permettait en s'approchant de circuler,
tourner, s'éloigner, rapprocher, mais surtout que cette allusion de
tête en deux parois entourant du vide était loin d'un visage même
autre qu'humain, tel que j'en avais gardé le souvenir après avoir
regardé son site
Ai
tourné, regardé, profité au maximum de ce qui était là (il est
vrai que Julien Allègre expose également à Benoit XII – où,
comme chaque année, je sais que je n'irai sans doute pas, cossarde
suis) et lu (extrait d'un texte de Joël-Claude Meffre)
Les oeuvres
en présence sont le fruit du feu et de la fusion. Les personnages,
aux formes plus ou moins monstrueuses, plus ou moins humaines ou
animales, sont le produit d'une contrainte, d'un forçage.
Mais c'est
la tendresse, le sourire du fer, comme si c'était une sidération.
Et puis il faudrait parler de la couleur rouille, à la fois froide
et chaude qui nous rappelle que ce métal et l'air ont une même
origine tellurique, qu'il est la fin d'un processus de
refroidissement d'une étoile. Les oeuvres de Julien Allègre sont
tombées d'une étoile...
et je me suis
dit : puisque suis ici, vais en profiter pour aller saluer les
bouilles des vieux saints peints par les siennois et leur douceur, et
suis entrée dans le musée,
saisie dans la première salle, à l'entresol de
l'aile, par laquelle on atteint le premier étage du musée par des
taches sombres entraperçues parmi les chapiteaux et autres
sculptures.
Me suis penchée
sur un premier visage gisant entre les cardinaux, et puis, circulant
dans la salle, j'ai savouré le rapprochement entre ces visages, ces
corps, ces motifs de fer et les vestiges exposés
L'ai retrouvé avec un
grand corps impérieux, pour lequel on avait descendu, posé au sol
le transi du tombeau du Cardinal Jean de Lagrange, dans la première
salle du palais, ..
puis tournant au coin d'une draperie faisant écho
à cette haute carapace blanche,
me suis promenée à grand pas jusqu'à la sortie à travers les
salles
saluant à la volée ou
plus à loisir mes vieux amis comme l'évêque d'Andrea di Bartolo ou
le Saint Pierre de Taddeo (cette fois) di Bartolo; bien d'autres, siennois ou non etc...
et puis après un dernier
coup d'oeil en biais au hurleur et au transi suis redescendue, suis sortie, un peu marrie de ne pas avoir rencontré de métal peint en rouge,
parce que, selon le programme, il devait y avoir aussi, au petit
palais comme en d'autres lieux de la ville, l'artiste vagabond, le
réparateur rouge, Emmanuel Bayon dit Manu-Tention (bon, oui) qui dit
La ville c'est ... un
lieu d'observation, de découvertes, d'histoires, de surprises. Un
terrain de jeu, des éléments qui s'assemblent, qui se défont, se
solutionnent. La ville est pour moi un terrain d'actions, de
rencontres. Il me plait d'y déambuler, repérer, mesurer, assembler,
récupérer, réparer.
et, ma
foi, l'ai trouvé dehors, en trois petites taches à découvrir.
7 commentaires:
La plus jeune de votre fratrie est-elle née après 1948? (sinon, joli post, merci, bravo)
magnifique !
bien après... en 1960, c'est "la ravisée"
Claudine, c'est ce que je trouvais !
Ces présentations insolistes au début me semblait surfaites comme une mode ...et puis l'une enrichissant l'autre , la réflexion s'anime. . Jai peur de perdre ma naïve curiosite
Aime le terme "ravisee "
moi je les ai aimée ces sculptures (elles font un flop, tant pis)
pour la ravisée me souviendrai toujours avec tendresse de mon père (le mot était de lui) m'invitant à dîner un jour où passait à Paris et hésitant, gêné, avant de m'avouer que "j'ai fait un enfant à ta mère" … elle a été un jouet pour une multitude de jeunes filles
Bigre ! Sacré sculpture, donnerai presque l'envie de sauter dans le premier TGV (Oui, Oui, Oui) destination Avignon, par pur plaisir.
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