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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juin 20, 2019

se limiter pour l'attente

sortie, matin, sous le soleil montant qu'un léger vent tempérait, tentant de persuader carcasse qu'elle avait éliminé la fatigue de la veille, ce qui n'avait rien d'évident… amusement en rencontrant une plante digne de ma cour
rêve comme devant chaque paire de nobles volets ouverts de distinguer ce qu'ils cachent d'ordinaire, mes yeux ne rencontrant qu'un mur nu
sourire en réponse au sourire de l'accorte et luronne patronne des vignerons...
et puis ai décidé de ne pas me donner l'alibi des photos, m'appliquant pour la marche, un détour insuffisant, le charroi de quelques vêtements et de draps récupérés chez le teinturier (juste une sur les trois paires attendues, tant mieux), renonçant à ambuler pendant plus de trois quart d'heure (si j'enlève le temps d'attente devant le comptoir derrière une badame fort peu pressée), mais zut...
ce qui me permet (euh.. l'ensemble est tout de même un peu trop long) de recopier un ancien billet publié par les cosaques des frontières (une pensée pour Jan Doets mon vaillant aîné qui a passé les rênes à Yan Kouton) http://lescosaquesdesfrontiers.com
l'attente
Je t'ai attendu.
Je t'ai attendu avec Moustique, ou nous t'avons attendu, ou j'ai accompagné l'attente de Moustique.
Nous étions amis, tu sais, lui et moi.
Le jour où tu es venu me le confier, pour un quelque temps qui s'est étiré longuement, il t'a suivi jusqu'à ma porte, il a essayé de se faufiler derrière toi, il est resté un moment en arrêt devant le battant fermé, avant de me regarder avec ses yeux débordants. Je lui ai dit bonjour, j'ai mis la main sur son cou, il s'est aplati, respirant doucement.
Et puis nous nous sommes souvenus que nous nous connaissions, comme des bouts de toi, et nous avons mis au point les rites de notre compagnonnage.
Quand j'ai reçu ton message, je ne crois pas qu'il ait compris mon annonce.
En approchant de ton quartier où nous n'étions pas revenus, j'ai cru le sentir aux aguets, mais quand je lui ai demandé s'il reconnaissait il m'a regardé avec un vague étonnement. Au coin de la rue pourtant il s'est mis à vibrer, oh imperceptiblement, mais son allégresse courait vers moi le long de la laisse, ou je l'ai cru.
Tête levée avec une impatience joyeuse il m'a observée pendant que j'ouvrais la porte cochère, et il a filé dans l'escalier comme une fusée rousse.
Mon doigt sur ta sonnette a troublé le vide de ton appartement... il était très tôt, les occupants de l'immeuble étaient presque tous partis vivre leur journée, mais tu avais oublié ou n'avais pas jugé utile de préciser une heure, et n'avais pas, non plus, répondu à mon mail interrogatif.
Alors nous avons attendu.
Une femme est descendue avec son couffin, nous a regardés et salués.
Nous avons attendu.
La lumière en tournant à fait glisser les images des fenêtres sur les murs.
La femme est revenue, s'est arrêtée quelques marches avant notre palier, pour reprendre des forces, peut-être, ou parce qu'elle était surprise de nous voir toujours là, elle m'a demandé si mon ami rentrait – elle a dit « mon ami », je ne me souvenais pas d'elle, mais elle si, apparemment –, je lui ai dit que oui, en principe, mais que ne savais à quelle heure, elle m'a répondu qu'elle me souhaitait une courte attente, Moustique a reniflé son couffin, il avait faim, moi aussi, elle l'a caressé, elle est montée chez elle.
Moustique m'a regardé, je l'ai regardé.
Je lui ai dit de ne pas bouger. Je suis allée sur le boulevard acheter un sandwich à la viande. Je suis revenue.
Deux gamins, retour de l'école, étaient devant Moustique couché sur ton seuil. En me voyant arriver, ils ont détalé vers les étages supérieurs. Moustique ne bougeait pas, ils ne l'intéressaient pas, il n'était plus que statue du chien fidèle et patient... mais dès qu'ils ont pris un virage bruyant sur le palier intermédiaire pour entamer la volée suivante, il s'est levé, s'est planté devant moi, guettant mes gestes. J'ai ouvert le sandwich, ai posé la viande sur la feuille de salade devant lui, il m'a fait la grâce d'un regard reconnaissant.
Nous avons mangé, nous avons attendu.
La tache de lumière posée par les fenêtres a fini son circuit.
Nous avons entendu la porte cochère se refermer avec la violence dont tu avais l'habitude. Moustique s'est dressé, tendu, aux arrêts, et puis s'est recouché déçu, tache d'une rousseur un peu plus chaude que celle du bois de ta porte ; le martellement sourd de la course de chaussures de sport dans l'escalier ne pouvait être tien.
Un jeune-homme est passé, très vite, a grommelé quelque chose à quoi j'ai répondu « bonsoir ».
Nous avons attendu.
Il y a eu de nouveau le bruit de la porte, en bas, mais plus doux, et puis deux voix, et là nous nous sommes redressés tous les deux.
Je n'ai pas pu retenir Moustique, il a filé, je t'ai entendu protester en riant quand il s'est jeté sur toi, je t'ai entendu le présenter, j'ai entendu un petit rire féminin.
Vous êtes apparus. Moustique, devant, a couru vers la porte, me bousculant un peu. Tu souriais. Tu m'as dit « merci », j'ai répondu « de rien », j'ai salué ta nièce, heureuse que ce soit elle, j'ai regardé Moustique, il ne me voyait plus…
J'ai commencé à descendre. Tu as crié une invitation, je crois. Je n'ai pas répondu.

9 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Ce Moustique m'a fait penser à un ancien chanteur de rock, disparu trop rapidement mais pas de ma mémoire, un joli nom qui détonait dans les pseudos à consonance américaine.

Les Cosaques vous (et nous) sont une bien agréable bibliothèque ! :-)

Brigetoun a dit…

merci (Moustique a été un épagneul breton qui fut enfant quand je l'étais… et qui donc n'est plus de ce monde depuis très très longtemps, ne reste que le nom que j'attribue instinctivement à tout chien compagnon)

Claudine a dit…

Moustique a retrouvé son Ami du Nord :)

Brigetoun a dit…

Claudine, pas mon Moustique à moi j'espère… vous me faites peur là !

cjeanney a dit…

(en fait oui, c'est comme ça, on donne des noms qui restent, la vie des noms est très résistante, moi aussi en voyant certains chiens je les baptisent comme ceux que j'ai eu, disparus de puis lurette (pas forcément belle pour eux))

Brigetoun a dit…

faut dire sur nous étions aussi sots l'un que l'autre et on avait droit à des reproches en commun (chez une tante/marraine)
il apprenait à chasser et il ne voulait pas

Godart a dit…

Moustique chien fidèle n'a pas de tiques, ni de tics. Qui n'a pas attendu au moins une fois dans sa vie dans un escalier, n'a pas vraiment vécu.

Brigetoun a dit…

j'ai passé une nuit sur mon paler à Paris en attendant que la ville s'éveille et que je trouve un serrurier (une clé dedans, une dans le sac que je m'étais fait voler devant Beaubourg un peu avant 11 heures du soir) ça compte ?

Godart a dit…

Inscrit dans la mémoire, donc ça compte.