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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, juillet 06, 2019

Avignon – jour 1 – dommage et 2001

dans la belle fournaise de la rue Joseph Vernet que le soleil de quatorze heures quinze frappait directement, m'en suis allée vers un spectacle qui me tentait (sauf que l'idée de s'enfermer dans un petit gymnase de quinze heures à dix sept heures trente paraît beaucoup plus normale en avril (on oublie) que début juillet même si la température a un peu baissée (environ 35° je crois)
ruminais tant que suis passée deux fois devant le gymnase du Lycée Saint Joseph, amusant le gentil fabricant-vendeur de petits carnets (lui en ai acheté deux pour être en retard et pouvoir plus facilement négocier une place autre que celle qui m’avait été attribuée au septième rang, au milieu... et ça a marché j'étais au premier rang,, pas du bon côté mais au premier rang)
sur le programme, ce qui m'avait tentée à travers l'imprécision et parce que j'aime ces spectacles mis au point entre professeurs et élèves acteurs sur le point de s'égailler, : le propos de l'écrivain Clément Bondu n'est pas de travailler à un nouveau réalisme. Au contraire... Depuis deux ans, le jeune metteur en scène interroge la possibilité d'un rituel théâtral contemporain avec quatorze comédiens de l'École supérieure d'art dramatique de Paris - PSPBB qui, sans relâche, changent de masques et jouent de références littéraires et cinématographiques. Cette nouvelle génération nous invite à suivre un récit à histoires multiples, ou une histoire tout en poésie. En trois actes, dévolus  successivement à l'intime, au politique, puis à la fête et au sacré,Dévotion - Dernière offrande aux dieux morts convoque les fantômes de l'Europe et fait du théâtre le lieu de la parole, hors de tout didactisme. Une véritable ménagerie humaine, où la figure du poète est celle du Mal, où l'Idiot dostoïevskien est de retour, où Ophélia conte encore sa mort
lisant le petit programme de salle (réalise que c'est ce que j'avais survolé sur la Terrasse) je vois que Clément Bondu dit
Ma pièce comporte beaucoup d’intertextualité avec des héros théâtraux ou romanesques des XIXe et XXe siècles : l’Idiot de Dostoïevski, Hamlet dans la réécriture de Shakespeare par Heiner Müller, Baal de Brecht. Ces héros sombrent souvent dans le tragique, prennent en charge le tragique de l’histoire ou l’impossibilité à être. Les héros ratés de ma génération sont l’héritage direct de deux siècles d’histoire littéraire et politique, deux siècles marqués par les guerres et le colonialisme, de course au progrès effréné. Du coup, ces figures héroïques sont aussi remises en question par le point de vue d’où elles émergent : la civilisation blanche. Les héros du XXIe siècle, c’est la jeune génération qui essaie de s’en sortir avec cet héritage dans une forme de désenchantement par rapport aux dernières idoles de la génération qui a précédé. Comment croire encore à l’héroïsme au XXIe siècle... et même si je trouve un peu facile cette idéalisation/déception de la ou les générations précédentes, j'avais bien trouvé, plutôt aimé ça aux meilleurs moments (nombreux à vrai dire, mais si le meilleur est dans ce qui est souvent une succession de monologue et dans le jeu de certains des jeunes ou moins jeunes acteurs, il y a quelques moments comme le raout entre cultureux autour d'un poète, les susceptibilités, le vide qui se faut autour de celui qui, sincérité ou façon de se faire une sature dit la vérité avec une sécheresse violente un côté un peu prévisible, caricatural qui détonne...
Alors cuisant un peu mais de conserve avec les autres spectateurs, j'étais en sympathie, un peu déçue parfois, me le reprochant ensuite 
et puis un peu plus d'une demi-heure avant la fin il y a un petit entracte, certains sont sortis pour se soulager, d'autres pour abandonner, pendant qu'on installait un décor (un mur de casiers pour urnes funéraires et un étang bordé de fleurs... et cela reprend avec une fête qu'organise l'Idiot de retour, et pendant un bien trop long moment c'est un spectacle assez esthétique mais sans grande force d'une fête qui se veut macabre mais apparaît comme surtout naïve... j'ai été prise d'un remords de n'être pas sortie, d'une envie de le faire, seulement les principaux personnages ont sur la fin chacun leur moment, plutôt beau semble-t-il sauf que j'avais décroché, les entendais avec distraction, comme ceux que j'ai retrouvé en sortant, et que je n'osais traverser devant eux....
un peu navrée parce que ça aurait pu être un bien meilleur spectacle s'il n'y avait pas eu cette rupture de ton et de niveau...
m'en suis revenue – pour me faire un thé, préparer dîner, arroser cour et m'arroser, me changer, et repartir vers la rue du roi René, le théâtre des halles, le chapiteau dans le jardin, m'étonnant, un peu navrée parce que ville et troupes ont besoin d'argent (ben oui) de voir qu'il y a si peu de gens cette année
et espérant bien, comme souvent, avec les spectacles choisis par Alain Timar effacer la petite déception de l'après-midi, et ça a marché...
sur le papier n'étais pas très sûre de mon choix : un court spectacle de Vinaver titré et parlant de 11 septembre 2001 - 55 minutes sans baisse, sans violence, sans racolage, deux femmes et deux hommes (ne sont pas les mêmes tous les soirs) du collectif ildi ! ildi
La parole des acteurs, témoins et victimes du drame constitue le coeur de ce texte qui refuse tout jugement : les récits alternent, sans hiérarchie entre eux. Des casques, des micros, une partition sonore. Les comédiens prêtent leurs voix à l’ensemble des personnages, terroristes, rescapés ou hommes politiques.(texte de présentation) et ça donne : une tension qui ne peut être celle qui a été ressentie mais qui ravive la sidération qui a été ressentie et par les phrases ou mots enregistrés, repassés, par le rythme des prises de parole, par les timbres de voix, y compris des enregistrements d'époque, par le mélange des langues, par des bribes de musique, de son, un très bel oratorio...

un petit échange avec les acteurs, des remerciements, les ai laissés continuer d'échanger avec le tout petit groupe de spectateurs et j'ai rangé la petite vieille.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Deux par jours ...bien ou moins,
bien le ton est donné 'e lis et vais relire me fiant à tes commentaires et la presse du mo de Merci Jeune Fille

Brigetoun a dit…

Arlette si c"est toi : deux aujourd'hui et ce matin collaboration, en écho à mes lectures de débit juin; Simone Weil, par théâtre Liberté et théâtre des Halles
mais demain en principe 3 et lundi surement pas plus de un

Dominique Hasselmann a dit…

Deux, trois : sans doute la limite à ne pas dépasser sous peine de mélange des époques...

Moins de monde cette année ? Si le festival redevient fréquentable, voilà une bonne nouvelle ! :-)

Brigetoun a dit…

Dominique pas certaine qu'il redevienne fréquentable, pas certaine que les "spectacles" off qui disparaissent soient les non-spectacles d'humoristes ou boulevard
et la mort des petites compagnies et la mise en berne de nos pauvres petites finances de ville pauvre risquent d'être la mort du festival (bon j'exagère..; mais là il y a un peu moins d'argent semble-t-il dans le in ce qui est un bien pour la qualité mas faudrait pas baisser encore... mauvaises critiques pour la cour d'honneur dans le Monde et Figaro, gens rencontrés me disent justement c"est bien, on verra)

Quant au nombre de spectacles m'étais dit un seul et crois qu'après ces trois premiers jours, qu'importent le nombre d'occasions belles manquées (des tas d'envies qui viennent dans le off et j'en reste pour le moment au confort amical des Halles) je vais y revenir... sagesse de vieille - un poco éprouvant tout de même

Dominique Hasselmann a dit…

Souvent la foule dissuade... Il faudrait pouvoir parvenir aux salles de spectacle sans la cohue dans les rues, les terrasses des restaus de la place devant la Cour d'honneur étalant une mise en scène de bamboche bruyante et peu artistique !

Le "Off" (entendu tout à l'heure sur France Inter Macha Makaïeff) reste un refuge mais y parvenir un labyrinthe.

Bon courage à vous ! :-)

Claudine a dit…

Que de beaux projets malgré les temps qui courent !

Brigetoun a dit…

mais Dominique justement la foule me manque cette année, elle est fatigante mais elle amène cette petite dose d'excès et de folie dont on a besoin (dans compte l'impossibilité pour les cycles de foncer) là ce n'est vraiment pas ça
pour le off cette année il semble que ce soit salles pas pleines (mais trop …)

Brigetoun a dit…

Claudine les temps sombres sont presque toujours temps prolifiques (sauf censure) pour les arts