dans la belle fournaise de
la rue Joseph Vernet que le soleil de quatorze heures quinze frappait
directement, m'en suis allée vers un spectacle qui me tentait (sauf
que l'idée de s'enfermer dans un petit gymnase de quinze heures à
dix sept heures trente paraît beaucoup plus normale en avril (on
oublie) que début juillet même si la température a un peu baissée
(environ 35° je crois)
ruminais tant que suis
passée deux fois devant le gymnase du Lycée Saint Joseph, amusant
le gentil fabricant-vendeur de petits carnets (lui en ai acheté deux
pour être en retard et pouvoir plus facilement négocier une place
autre que celle qui m’avait été attribuée au septième rang, au
milieu... et ça a marché j'étais au premier rang,, pas du bon côté
mais au premier rang)
sur le programme, ce qui
m'avait tentée à travers l'imprécision et parce que j'aime ces
spectacles mis au point entre professeurs et élèves acteurs sur le
point de s'égailler, : le propos de
l'écrivain Clément Bondu n'est pas de travailler à un nouveau
réalisme. Au contraire... Depuis deux ans, le jeune metteur en scène
interroge la possibilité d'un rituel théâtral contemporain avec
quatorze comédiens de l'École supérieure d'art dramatique de Paris
- PSPBB qui, sans relâche, changent de masques et jouent de
références littéraires et cinématographiques. Cette nouvelle
génération nous invite à suivre un récit à histoires multiples,
ou une histoire tout en poésie. En trois actes, dévolus
successivement à l'intime, au politique, puis à la fête et au
sacré,Dévotion - Dernière offrande aux dieux morts convoque
les fantômes de l'Europe et fait du théâtre le lieu de la parole,
hors de tout didactisme. Une véritable ménagerie humaine, où la
figure du poète est celle du Mal, où l'Idiot dostoïevskien est de
retour, où Ophélia conte encore sa mort
lisant le petit programme
de salle (réalise que c'est ce que j'avais survolé sur la Terrasse)
je vois que Clément Bondu dit
Ma pièce comporte
beaucoup d’intertextualité avec des héros théâtraux ou
romanesques des XIXe et XXe siècles : l’Idiot de Dostoïevski,
Hamlet dans la réécriture de Shakespeare par Heiner Müller, Baal
de Brecht. Ces héros sombrent souvent dans le tragique, prennent en
charge le tragique de l’histoire ou l’impossibilité à être.
Les héros ratés de ma génération sont l’héritage direct de
deux siècles d’histoire littéraire et politique, deux siècles
marqués par les guerres et le colonialisme, de course au progrès
effréné. Du coup, ces figures héroïques sont aussi remises en
question par le point de vue d’où elles émergent : la
civilisation blanche. Les héros du XXIe siècle, c’est la jeune
génération qui essaie de s’en sortir avec cet héritage dans une
forme de désenchantement par rapport aux dernières idoles de la
génération qui a précédé. Comment croire encore à l’héroïsme
au XXIe siècle... et même si
je trouve un peu facile cette idéalisation/déception de la ou les
générations précédentes, j'avais bien trouvé, plutôt aimé ça
aux meilleurs moments (nombreux à vrai dire, mais si le meilleur est
dans ce qui est souvent une succession de monologue et dans le jeu de
certains des jeunes ou moins jeunes acteurs, il y a quelques moments
comme le raout entre cultureux autour d'un poète, les
susceptibilités, le vide qui se faut autour de celui qui, sincérité
ou façon de se faire une sature dit la vérité avec une sécheresse
violente un côté un peu prévisible, caricatural qui détonne...
Alors
cuisant un peu mais de conserve avec les autres spectateurs, j'étais
en sympathie, un peu déçue parfois, me le reprochant ensuite
et
puis un peu plus d'une demi-heure avant la fin il y a un petit
entracte, certains sont sortis pour se soulager, d'autres pour
abandonner, pendant qu'on installait un décor (un mur de casiers
pour urnes funéraires et un étang bordé de fleurs... et cela
reprend avec une fête qu'organise l'Idiot de retour, et pendant un
bien trop long moment c'est un spectacle assez esthétique mais sans
grande force d'une fête qui se veut macabre mais apparaît comme
surtout naïve... j'ai été prise d'un remords de n'être pas
sortie, d'une envie de le faire, seulement les principaux personnages
ont sur la fin chacun leur moment, plutôt beau semble-t-il sauf que
j'avais décroché, les entendais avec distraction, comme ceux que
j'ai retrouvé en sortant, et que je n'osais traverser devant eux....
un peu
navrée parce que ça aurait pu être un bien meilleur spectacle s'il
n'y avait pas eu cette rupture de ton et de niveau...
m'en
suis revenue – pour me faire un thé, préparer dîner, arroser
cour et m'arroser, me changer, et repartir vers la rue du roi René,
le théâtre des halles, le chapiteau dans le jardin, m'étonnant, un
peu navrée parce que ville et troupes ont besoin d'argent (ben oui)
de voir qu'il y a si peu de gens cette année
et
espérant bien, comme souvent, avec les spectacles choisis par Alain
Timar effacer la petite déception de l'après-midi, et ça a
marché...
sur le
papier n'étais pas très sûre de mon choix : un court spectacle
de Vinaver titré et parlant de 11 septembre 2001 - 55 minutes sans
baisse, sans violence, sans racolage, deux femmes et deux hommes (ne
sont pas les mêmes tous les soirs) du collectif ildi ! ildi
La parole des acteurs,
témoins et victimes du drame constitue le coeur de ce texte qui
refuse tout jugement : les récits alternent, sans hiérarchie entre
eux. Des casques, des micros, une partition sonore. Les comédiens
prêtent leurs voix à l’ensemble des personnages, terroristes,
rescapés ou hommes politiques.(texte
de présentation) et ça donne : une tension qui ne peut être
celle qui a été ressentie mais qui ravive la sidération qui a été
ressentie et par les phrases ou mots enregistrés, repassés, par le
rythme des prises de parole, par les timbres de voix, y compris des
enregistrements d'époque, par le mélange des langues, par des
bribes de musique, de son, un très bel oratorio...
un
petit échange avec les acteurs, des remerciements, les ai laissés
continuer d'échanger avec le tout petit groupe de spectateurs et
j'ai rangé la petite vieille.
8 commentaires:
Deux par jours ...bien ou moins,
bien le ton est donné 'e lis et vais relire me fiant à tes commentaires et la presse du mo de Merci Jeune Fille
Arlette si c"est toi : deux aujourd'hui et ce matin collaboration, en écho à mes lectures de débit juin; Simone Weil, par théâtre Liberté et théâtre des Halles
mais demain en principe 3 et lundi surement pas plus de un
Deux, trois : sans doute la limite à ne pas dépasser sous peine de mélange des époques...
Moins de monde cette année ? Si le festival redevient fréquentable, voilà une bonne nouvelle ! :-)
Dominique pas certaine qu'il redevienne fréquentable, pas certaine que les "spectacles" off qui disparaissent soient les non-spectacles d'humoristes ou boulevard
et la mort des petites compagnies et la mise en berne de nos pauvres petites finances de ville pauvre risquent d'être la mort du festival (bon j'exagère..; mais là il y a un peu moins d'argent semble-t-il dans le in ce qui est un bien pour la qualité mas faudrait pas baisser encore... mauvaises critiques pour la cour d'honneur dans le Monde et Figaro, gens rencontrés me disent justement c"est bien, on verra)
Quant au nombre de spectacles m'étais dit un seul et crois qu'après ces trois premiers jours, qu'importent le nombre d'occasions belles manquées (des tas d'envies qui viennent dans le off et j'en reste pour le moment au confort amical des Halles) je vais y revenir... sagesse de vieille - un poco éprouvant tout de même
Souvent la foule dissuade... Il faudrait pouvoir parvenir aux salles de spectacle sans la cohue dans les rues, les terrasses des restaus de la place devant la Cour d'honneur étalant une mise en scène de bamboche bruyante et peu artistique !
Le "Off" (entendu tout à l'heure sur France Inter Macha Makaïeff) reste un refuge mais y parvenir un labyrinthe.
Bon courage à vous ! :-)
Que de beaux projets malgré les temps qui courent !
mais Dominique justement la foule me manque cette année, elle est fatigante mais elle amène cette petite dose d'excès et de folie dont on a besoin (dans compte l'impossibilité pour les cycles de foncer) là ce n'est vraiment pas ça
pour le off cette année il semble que ce soit salles pas pleines (mais trop …)
Claudine les temps sombres sont presque toujours temps prolifiques (sauf censure) pour les arts
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