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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juillet 14, 2019

Avignon – jour 9 – un point d'admiration jubilatoire et des duos dans la nuit

Petite vieille se jugeant réparée, en gros, en opération plaisir (en étais pas certaine, ça a plutôt marché)
départ sous un ciel majoritairement bleu et dans un vent plein de foucades qui rafraîchissait nettement les rues vers la Collection Lambert
Un désir refoulé pour le moment de retrouver, connues ou non les oeuvres exposées cet été, un petit recul devant la très chic file d'attente, mettre les pieds en dedans, me dire rester ou non et voir la file s'ébranler avec courtoisie grande
au sous-sol un bref coup d'oeil en traversant la zone réservée à la sélection Suisse, et au collectif A normal working day http://www.selectionsuisse.ch/fr/programmation-2019/various-days-36
et m'installer dans un confortable fauteuil rouge vers le fond de l'amphithéâtre pour assister dans le cadre du in à une production du Théâtre Vidy : Phèdre ! de François Gremaud, interprété par Romain Daroles
Ce Phèdre ! de Racine pourrait avoir en sous-titre : conférence espiègle et insolite. La salle de spectacle devient salle de cours, et nous, devant un Romain Daroles en jeune professeur exalté qui veut nous transmettre sa passion ardente pour Phèdre, nous rions. Seul sur scène, armé d'un livre, le comédien campe tous les personnages et fait revivre sous nos yeux la force des passions à l'oeuvre dans la pièce. Habité d'un enthousiasme communicatif pour la langue classique, il retrace d'une verve cocasse la descendance mythologique des personnages, démêle l'intrigue foisonnante, déchiffre la beauté merveilleuse des alexandrins... Ajouté au titre, le point d'exclamation – ou point d'« admiration » comme il était appelé à l'époque – vient marquer l'émerveillement du metteur en scène et de l'interprète et leur amour pour un théâtre toujours aussi vivant. Tout en humour, François Gremaud coupe le mal « à la Racine » et fait de cette grande tragédie classique une odyssée moderne et joyeuse. Le drame qui se noue est, « en vers » et contre toute attente, une ode à la vie, un hymne à la joie.
Interviennent la saveur et les règles de l'alexandrin, un humour d'Almanach Vermot surtout au début, un rappel de la mythologie et des dynasties mêlant dieux, héros et humains, un joli talent de mime très codifié (les codes expliqués peu à peu pour faciliter l'identification des personnages) une Œnone venue du Panier ou du port de Marseille etc... des rires un peu hésitants au début, francs à en pleurer presque, peu à peu, et une durée prévue de 1 heure 30 pulvérisée allègrement
Retour
déjeuner, sieste profonde (passe ma vie à dormir)
vaquer un peu, préparer dîner, partir en début de nuit vers la Cour minérale de l'Université que découvrais (en gros le substitut moins le charme et les platanes mais tant pis – pourvu que ces sacrés restaurateurs ne bousillent pas tout – de mes chers Célestins,
pour un spectacle qui me tentait, même s'il semble que l'on n'en parle guère, Mutiple-s  de Salia Sanou (Ouagadougou) – la dernière a lieu demain… (photos de Christophe Raynaud de Lage)
pour célébrer l'altérité 
« Qui es-tu, toi, Salia Sanou ? Qui es-tu, toi, le danseur, le déraciné ? Qui es-tu ? » Avec Multiple-s, Salia Sanou a cherché sa voix intérieure, s'est mis au pied de ses questions trop longtemps évitées. Chercher donc, répondre aussi et surtout partager. Jamais seul, dira-t-il, mais au contraire dans le dialogue avec des figures chères. En trois duos successifs, à la rencontre de l'écrivaine Nancy Huston, la danseuse et pédagogue Germaine Acogny et le musicien David Babin alias Babx, l'artiste burkinabé crée plus que des face à face. Une alliance, un alliage entre les danses et les paroles, les engagements des corps et les rythmes intérieurs….

cela commence par beaucoup de vous avec une femme merveilleuse, Germaine Acogny (72 ans et une canne comme troisième jambe – mais pas tout le temps) qui fut son professeur – pour danser et dire la mémoire, la transmission, les différentes danses leurs dissemblances et leur parenté (beau, complice, tendre, et malicieux)

un rapide enchaînement et De vous à moi avec Nancy Huston avec laquelle il avait déjà collaboré, elle lui a envoyé un texte, il en a retenu cinq pages qu'il danse pendant qu'elle parle, ils échangent quelques phrases et pas: ce qui se passe entre deux personnes, comment faire dialoguer littérature et corps, ce que c'est que d'être dans une langue et donc une façon de voir le monde et la vie qui ne sont pas celles de votre naissance, le rapport avec le public aussi (le plus grave, même s'il y a une grâce dans la tentative de danse)

et puis dans la pénombre arrive un piano pour le troisième duo et vous serez là avec le musicien Babx, qui a créé la musique des deux premiers duos, décalage entre piano et Afrique, chansons romantiques et comique du musicien et du danseur, assis sur un banc, mimant la musique... incapable de raconter tant pis, mais c'était bien.
Salut, sympathie

et retour à pas un peu trop lents

8 commentaires:

casabotha a dit…

délicieux votre selfie!

Brigetoun a dit…

euh...

cjeanney a dit…

(ah, tout me plaît) (merci Brigitte :-)))

Brigetoun a dit…

ça m'a plu aussi (juste trajet de retour nocturne un peu on arrive, on arrive,… sourire)

Claudine a dit…

oui, tout est bon
le spectacle de danse avait l'air très très beau

Brigetoun a dit…

oui, sans rien de spectaculaire, la danse comme une conversation

Godart a dit…

Si le fond de l'air est chaud, le fond de l'œil est clair, un regard à la fois déterminé et bienveillant.

Brigetoun a dit…

et l'oeil de Godart est indulgent