éblouissante
une idée de
lumière
en face de
moi
allant vers
Rosmerta (matinée pleine, charroi semoule, polenta, compotes,
discussion, plaisanterie, poste de second dans un petit cours de
français, repartir en quête de six litres lait, du opalin pour les gens maladroits comme moi et deux pains,
admirer les responsables et puis, honte à moi, au bout de quatre
heures et demie, comme me sentais épuisée sans très bien savoir
pourquoi, confier la porte à un jeune et repartir, le tout en
regardant à travers les branches le ciel obstinément blanc.
Me dire que la
légère baisse de température est une chance puisque je peux
laisser les volets ouverts, dormir, vaquer un peu, et me risquer
finalement – pas très convaincue par le résultat, mais mon
incapacité me tarabustait – à mettre en ligne mon «interstice
2» pour l'atelier du tiers livre et du coup reprendre ici, avec des
photos en accord avec le titre davantage qu'avec le texte, ma seconde
contribution (toutes les propositions pour ce #2 un parpaing de
phrase sur
http://www.tierslivre.net/ateliers/category/ete2019-02-un-parpaing-de-phrase/)
HEURT
HEURT contre la
jambe capricieusement sensible d'une bouteille d'huile au fond du sac
balancé à bout de bras au rythme de ma marche déstabilisée par
l'appui sur une canne HEURT du sourire humide d'un enfant que l'on
gronde HEURT de l'extrémité d'une branche contre un volet clos en
léger décalage avec le chant du vent courant dans le fil de la rue
au fond de la place HEURT d'une injure lancée on ne sait vers qui ni
par qui dans l'animation d'un marché HEURT de tes doigts sur la peau
d'une caisse HEURT des balais HEURT de l'entrée brusquement
triomphale d'une trompette HEURT de ce regard méprisant sous lequel
je me recroqueville me rassemble trouve force d'un sourire sans
agressivité HEURT du contre-heurt grimaçant HEURT de ma volonté ou
mes désirs rencontrant le réel le monde HEURT de mes paumes sur le
sol qui enfonce des cailloux dans ma chair parce que n'ai pas assez
freinée ma descente en ces temps où debout dans le pré j'étais
capable de me courber en arrière pour faire le pont HEURT de ma
fierté blessée puisque les adultes ne me regardaient pas ou plutôt
ne me voyaient pas HEURT de constater que j'avais tort de quémander
HEURT de dizaine ou centaine de mains qui applaudissent HEURT de
rires moqueurs même s'ils ne me sont adressés HEURT de deux mains
qui se disent fier accord HEURT suspendu de la chute d'un corps
redoutée et attendue HEURT un jour adolescent de me dire
j'appartiens à ce monde et cette famille HEURT d'en être fière et
souvent désolée HEURT que l'idée que c'est ainsi pour tous ne
soigne pas HEURT de mots HEURT d'idées qui s'entrechoquent en
cherchant le point de dialogue possible HEURT de sourires et mots
étrangers HEURT sur la ligne ou dans la voix de ce H dressé comme
homme fier pour introduire en lui donnant force et peut-être sens
la syllabe neutre un peu rugueuse désespérément mate qui le suit
HEURT des malheurs qui surviennent dans un jour d'ennui souriant ou
de bonheur radieux HEURT des coups qui s'abattent et s'acharnent
HEURT des yeux durs et de la bouche tordue crachant des mots en
réponse à la tendresse naïve HEURT des voix qui annoncent
platement le matin le malheur du monde HEURT des raisonnements
rebattus et dont la fausseté avec le temps est consacrée HEURT que
l'on voudrait être capable d'opposer à un enlisement sirupeux à un
discours séduisant et si visiblement faux que c'en est injure HEURT
de se dire que la violence pourrait être salubre HEURT de constater
en regardant le monde que ce n'est jamais vrai même contre la
violence alors garder le HEURT de la branche sur la vitre au matin le
HEURT d'un sourire qui monte dans les yeux pour un accueil le HEURT
de la découverte d'une nouvelle minuscule main recroquevillée sur
l'avant-vie le HEURT d'une belle nouvelle le HEURT d'une amitié
inattendue sur laquelle on ne s'interroge pas.
10 commentaires:
Beau "ces heurts " de la vie en grand courage partagé ce matin et dois dire un adieu à une Dame si joyeuse et qui nous laisse dans les heurts des jours ..sa belle confiance en la vie s'en est allee AA
Passe l'ange Heurtebise...
Oh navrée Arlette, peut-être avait-elle trop réellement confiance en la vie ? pour y trouver des joies il faut qu'elles ressortent sur un manque de confiance
Pierre, aimons le
oh fan ! viens de faire dix corrections évidentes avant de go (m'étais pas relue, ou très mal)
Le malheurt est à fuir...;-)
sais pas… on peut aussi tenter de le désarmer (bon y a pas grand espoir)
Heurt au pas cadencé de votre texte qui se lit sans heurt.
gentil Godart
Arlette, pardon, j'avais mal lu et mal compris ton commentaire, navrée...
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