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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, novembre 22, 2019

Broutilles énervantes et théâtre dans un crâne

Suis partie à la fois en retard et un peu vite (enfilant brusquement parka kaki, enfonçant bonnet, saisissant canne, sans réfléchir à vérifier le contenu de mon sac), m'arrachant à mes tentatives de plus en plus exaspérantes d'ouvrir, ou si elle s'ouvrait de la garder ainsi assez longtemps pour agir, ma boite mail (gérée maintenant par SFR) et suis montée, tirée dans la côte de la rue Saint Etienne par mes yeux sur le cèdre noir contre le ciel platement gris.
Suis passée devant la boutique Bouygues mais le nom me déplait et j'opte, pour mes trois appels maximum par mois et mes SMS de confirmation pour paiement des achats internet, sur la poste, en souvenir du temps du service public... Seulement à la poste près des halles le responsable avait pris un jour de repos et suis repartie vers la grande poste
mes pas accompagné par l'animation lente du ciel, qui peu à peu se bouleversait splendidement – à mon avis – et semblait se creuser.
Trouvé à la poste un homme aimable et prêt à s'intéresser à mon petit cas sans mépris... par contre la vieille imbécile a constaté qu'il n'y avait plus de RIB sur son carnet de chèques (passionnant, non ?) 
et m'en suis revenue sur un ciel que le bleu et la lumière envahissait, avec par les grandes trouées des nappes de lumière venant caresser les pierres de la rue Joseph Vernet
et parce qu'à vrai dire mes manteaux sont un peu ou très vieux, comme avais envie d'un pantalon féminin (rayures de deux noirs ton sur ton)... me suis fait sans trop de remord un plaisir-réconfort.
Succession de bleu et de pluie, tentative de désengourdir mon crâne, de sortir d'une petite déception, d'une idée fixe décourageante pour allumer l'étincelle provoquée par la vidéo #12 de François Bon... et m'en suis allée dans la nuit naissante et crachinante, passant devant les amateurs de vin sur la place de l'horloge jusqu'au théâtre des Halles 
pour voir en chemin https://www.theatredeshalles.com/pieces/en-chemin/ spectacle écrit et mis en scène par Gustavo Giacosa https://www.sic12.org/gustavo-giacosa – qui a longtemps travaillé avec Pippo Delbono – avec sa Compagnie SIC et la «S» Grand Atelier, centre de création pour artistes mentalement déficients (produit entre autres par le Théâtre Liberté à Toulon).
La bande annonce qui donne une idée de la beauté de ce spectacle
et la présentation sur le site du théâtre Une scène noire comme une boîte crânienne. Nous sommes dans la tête d’un homme qui court. Cet homme a fui sa maison, sa famille, son passé. Sur le chemin, il fait des rencontres. Sont-elles réelles ou rencontre-t-il ses fantômes, le jeu de ses illusions ? Le metteur en scène Gustavo Giacosa écrit la trame d’un troublant poème visuel rythmé par la musique originale jouée en direct par le compositeur Fausto Ferraiuolo.
Les voix au début qu'entend l'homme, qui sont celles, assurées même quand elles veulent traduire une petite hésitation, un début de mal-être qu'il s'agit de surmonter, voix de consultants, de donneurs de recettes pour être bien dans sa peau, conforme etc... et de la découverte de ceux qui les prononce, avec cette emphase bonhomme – et qui, de façon évidente, le raccord avec les lèvres étant juste un peu maladroit, jurent avec ce que l'on devine d'eux, trois adolescents comme ceux qui seraient juste un peu trop conformes pour être parmi les plus «doués» des compagnons de mon frère lozérien... une petite crainte vite effacée, revenant, disparaissant à nouveau devant leur sérieux et des sourires heureux, qu'ils soient «utilisés», ce que toute l'histoire de Gustavo Giacosa réfute. La beauté de la bande-son et ce moment un peu après le début où tout s'arrête avec l'annonce que justement la bande son est mal réglée, et le silence qui s'ensuit – ai cru un moment que c'était exprès, finalement je n'en suis pas sure, mais le résultat a été celui que l'on peu attendre de nos contemporains avec, discrets et rares d'abord puis s'enhardissant, des chuchotements, des conversations, des toux, des voix qui montent, l'angoisse du silence.... et tentant de me préserver une petite bulle je repensais à l'article lu dans l'après-midi http://www.mamanvogue.fr/quand-les-grands-parents-sont-sourds-temoignage
Et puis il y a les images, les fantasmes, un passage de la Charité romaine (pour ceux qui connaissent cette iconographie) etc….
Retour par les rues en berçant un petit bonheur intérieur.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Gelées images de nuit ..et pas que dans la tête .nous étions je vois toutes les deux en plein phantasme.. j'adore AA

Dominique Hasselmann a dit…

Belle photo finale vue de l'extérieur de votre crâne (chacun peut mettre en scène ce qu'il voit)... :-)

Brigetoun a dit…

Arlette j'y ai pensé… différent mais proche (la pluie aussi)

Brigetoun a dit…

j'ai des ennuis avec mon crâne (toujours ma sacrée circulation) mais là il allait bien lui - même si je me méfie toujours un peu des spectacles qui montrent la disjonction parce que j'ai peur d'être entraînée

jeandler a dit…

Comme une feuille, partir sur un coup de vent mais quelle moisson au retour !

Brigetoun a dit…

pas tant de vent… et dans la moisson du jour manquait toujours un téléphone mobile et le lien fait avec la banque pour les livres achetés sur internet - suis en retard là : m"en occupe !

Godart a dit…

Étrange et dommage cette peur du silence qu'il faut absolument briser. Et pourtant, un silence collectif (à défaut de conscience) parfois ferait du bien.

Claudine a dit…

la belle bulle de silence, si intéressante et inaccessible pour moi

Brigetoun a dit…

Godart exactement ce que je pense, mais comme le dit l'article cité il faut être proche d'un sourd (ou d'un vieux sage) pour l'apprendre

Brigetoun a dit…

oui Claudine, et je dois dire que je peuple souvent par de la musique pas uniquement pour le plaisir… mais là j'avais envie de le goûter ce silence impromptu (mais ,n'ai pas râlé me suis juste permis un petit sourire intérieur qui annulait le bruissement)