Suis partie à la fois en
retard et un peu vite (enfilant brusquement parka kaki, enfonçant
bonnet, saisissant canne, sans réfléchir à vérifier le contenu de
mon sac), m'arrachant à mes tentatives de plus en plus exaspérantes
d'ouvrir, ou si elle s'ouvrait de la garder ainsi assez longtemps
pour agir, ma boite mail (gérée maintenant par SFR) et suis montée,
tirée dans la côte de la rue Saint Etienne par mes yeux sur le
cèdre noir contre le ciel platement gris.
Suis passée devant la
boutique Bouygues mais le nom me déplait et j'opte, pour mes trois
appels maximum par mois et mes SMS de confirmation pour paiement des achats internet, sur la poste, en souvenir du temps du service public...
Seulement à la poste près des halles le responsable avait pris un
jour de repos et suis repartie vers la grande poste
mes pas accompagné par
l'animation lente du ciel, qui peu à peu se bouleversait
splendidement – à mon avis – et semblait se creuser.
Trouvé à la poste un
homme aimable et prêt à s'intéresser à mon petit cas sans
mépris... par contre la vieille imbécile a constaté qu'il n'y
avait plus de RIB sur son carnet de chèques (passionnant, non ?)
et
m'en suis revenue sur un ciel que le bleu et la lumière envahissait,
avec par les grandes trouées des nappes de lumière venant caresser
les pierres de la rue Joseph Vernet
et parce qu'à vrai dire
mes manteaux sont un peu ou très vieux, comme avais envie d'un pantalon
féminin (rayures de deux noirs ton sur ton)... me suis fait sans
trop de remord un plaisir-réconfort.
Succession de bleu et de pluie, tentative de désengourdir mon crâne, de sortir d'une petite déception, d'une idée fixe décourageante pour allumer l'étincelle provoquée par la vidéo #12 de François Bon... et m'en suis allée dans la nuit naissante et crachinante, passant devant les amateurs de vin sur la place de l'horloge jusqu'au théâtre des Halles
pour voir en chemin https://www.theatredeshalles.com/pieces/en-chemin/ spectacle écrit et mis en scène par Gustavo Giacosa https://www.sic12.org/gustavo-giacosa – qui a longtemps travaillé avec Pippo Delbono – avec sa Compagnie SIC et la «S» Grand Atelier, centre de création pour artistes mentalement déficients (produit entre autres par le Théâtre Liberté à Toulon).
Succession de bleu et de pluie, tentative de désengourdir mon crâne, de sortir d'une petite déception, d'une idée fixe décourageante pour allumer l'étincelle provoquée par la vidéo #12 de François Bon... et m'en suis allée dans la nuit naissante et crachinante, passant devant les amateurs de vin sur la place de l'horloge jusqu'au théâtre des Halles
pour voir en chemin https://www.theatredeshalles.com/pieces/en-chemin/ spectacle écrit et mis en scène par Gustavo Giacosa https://www.sic12.org/gustavo-giacosa – qui a longtemps travaillé avec Pippo Delbono – avec sa Compagnie SIC et la «S» Grand Atelier, centre de création pour artistes mentalement déficients (produit entre autres par le Théâtre Liberté à Toulon).
La bande annonce qui donne
une idée de la beauté de ce spectacle
et
la présentation sur le site du théâtre Une
scène noire comme une boîte crânienne. Nous sommes dans la tête
d’un homme qui court. Cet homme a fui sa maison, sa famille, son
passé. Sur le chemin, il fait des rencontres. Sont-elles réelles ou
rencontre-t-il ses fantômes, le jeu de ses illusions ? Le metteur en
scène Gustavo Giacosa écrit la trame d’un troublant poème visuel
rythmé par la musique originale jouée en direct par le compositeur
Fausto Ferraiuolo.
Les
voix au début qu'entend l'homme, qui sont celles, assurées même
quand elles veulent traduire une petite hésitation, un début de
mal-être qu'il s'agit de surmonter, voix de consultants, de donneurs
de recettes pour être bien dans sa peau, conforme etc... et de la
découverte de ceux qui les prononce, avec cette emphase bonhomme –
et qui, de façon évidente, le raccord avec les lèvres étant juste
un peu maladroit, jurent avec ce que l'on devine d'eux, trois
adolescents comme ceux qui seraient juste un peu trop conformes pour
être parmi les plus «doués» des compagnons de mon frère
lozérien... une petite crainte vite effacée, revenant,
disparaissant à nouveau devant leur sérieux et des sourires
heureux, qu'ils soient «utilisés», ce que toute l'histoire de
Gustavo Giacosa réfute. La beauté de la bande-son et ce moment un
peu après le début où tout s'arrête avec l'annonce que justement
la bande son est mal réglée, et le silence qui s'ensuit – ai cru
un moment que c'était exprès, finalement je n'en suis pas sure,
mais le résultat a été celui que l'on peu attendre de nos
contemporains avec, discrets et rares d'abord puis s'enhardissant, des
chuchotements, des conversations, des toux, des voix qui montent,
l'angoisse du silence.... et tentant de me préserver une petite
bulle je repensais à l'article lu dans l'après-midi
http://www.mamanvogue.fr/quand-les-grands-parents-sont-sourds-temoignage
Et
puis il y a les images, les fantasmes, un passage de la Charité
romaine (pour ceux qui connaissent cette iconographie) etc….
Retour par les rues en berçant un petit bonheur intérieur.
10 commentaires:
Gelées images de nuit ..et pas que dans la tête .nous étions je vois toutes les deux en plein phantasme.. j'adore AA
Belle photo finale vue de l'extérieur de votre crâne (chacun peut mettre en scène ce qu'il voit)... :-)
Arlette j'y ai pensé… différent mais proche (la pluie aussi)
j'ai des ennuis avec mon crâne (toujours ma sacrée circulation) mais là il allait bien lui - même si je me méfie toujours un peu des spectacles qui montrent la disjonction parce que j'ai peur d'être entraînée
Comme une feuille, partir sur un coup de vent mais quelle moisson au retour !
pas tant de vent… et dans la moisson du jour manquait toujours un téléphone mobile et le lien fait avec la banque pour les livres achetés sur internet - suis en retard là : m"en occupe !
Étrange et dommage cette peur du silence qu'il faut absolument briser. Et pourtant, un silence collectif (à défaut de conscience) parfois ferait du bien.
la belle bulle de silence, si intéressante et inaccessible pour moi
Godart exactement ce que je pense, mais comme le dit l'article cité il faut être proche d'un sourd (ou d'un vieux sage) pour l'apprendre
oui Claudine, et je dois dire que je peuple souvent par de la musique pas uniquement pour le plaisir… mais là j'avais envie de le goûter ce silence impromptu (mais ,n'ai pas râlé me suis juste permis un petit sourire intérieur qui annulait le bruissement)
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