commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, mars 20, 2020

Journal du C force 3 – 4

En saluant le cyclamen presque immortel qui atteint tout de même un grand âge et dont les dernières fleurs ne s'élèvent plus avec élan mais décrivent des courbes lasses, j'ai eu pour lui tendresse fraternelle et malgré le bleu qui dominait ma cour et celle du voisin ai renâclé même devant l'idée d'une petite marche le long des remparts.
Ai dormi (carcasse a une vocation de marmotte en ce moment), me suis plongée avec mon sourire habituel dans les mémoires d'Alexandre Dumas, ai tenté de penser téléphone – y suis totalement, avec détermination et constance, étrangère – pour le #7 de l'atelier de François Bon, et, comme j'avais eu l'idée il y a quelque jours de refaire des incursions dans le Décameron, je me suis souvenue d'un «ce serait», médiocre contrefaçon que je m'étais amusée à écrire pour les cosaques des frontières https://lescosaquesdesfrontieres.com/ (maintenant ils publient des auteurs qui m'intimident encore davantage que le petit groupe d'origine) et l'ai recherché, ai retrouvé sa reprise sur paumée en mars 2015 et le reprends ici
Ce serait – 23 – un refuge
Ce serait en 1348, je crois, en cette triste année, quand, à Florence, sept gentes dames, belles, gaies, raisonnables et spirituelles, Pampinea, Fiammetta, Filomena, Emilia, Lauretta, Neifile et Elissa, décidèrent de quitter la ville, pour ne pas être atteintes par la terrible peste qui sévissait alors, et ne pas céder à la peine et la tristesse, mais vivre en plaisirs sereins, en devisant, en écoutant de la musique, en cueillant des fleurs, et s'en allèrent donc, en compagnie de Panfilo, Filostrato et Dineo, jeunes gens fort galants, amoureux de trois d'entre elles, ne sais plus quelles, et parents plus ou moins éloignés des autres, se faisant accompagner de servantes et de trois domestiques, se retirer à quelque distance de la cité, dans une belle demeure sise sur une montagne couverte d'arbustes variés et de plantes au vert feuillage, agréables à regarder, comme l'a rapporté le merveilleux conteur Giovanni Boccace.
Nous en ces temps là, Bianca, mes cousins Benvenuto et Domenico, leur ami Andrea et moi, nous tentions de ne pas sombrer dans le désespoir, nous risquant, mais aussi peu que le pouvions, dans les rues de Sienne, par désir de maintenir un semblant de vie dans les places, les rues et les escaliers de notre ville, et surtout pour nous rencontrer, besoin avions de notre amitié et belle entente, ne pouvions croire que la maladie nous viendrait par notre société.
Un jour de grande lumière et grande pestilence, Domenico vint nous lire une lettre de Dineo, qui était son ami pour sa grande gentillesse et parole libre – il nous faisait rire et rougir -, l'informant de la décision qu'avait prise ce groupe. Nous sommes restés rêvant un peu, jusqu'à ce que la plus jeune, Bianca, se lève et nous dise «si vous voulez me suivre, je connais un endroit merveilleux, oh ce n'est pas une grande demeure, ni une belle villa..»
à quoi répondit Domenico : «par Dieu, sommes moins fiers que les florentins»
Mais Bianca, en riant : «ce n'est pas une cabane, c'est un fier château, un peu trop grand peut-être même, celui de mon oncle Paolo, mais il est fort ancien, et resté vide et sans doute assez mal entretenu depuis plus de dix ans, depuis que Paolo a fait pénitence et rejoint les frères de San Francesco, et mes parents trouvent l'endroit trop isolé, mais nous pouvons demander à l'intendant de mon père de nous y conduire.»
Alors, ayant bien préparé notre départ, comme l'avaient fait les florentins, nous sommes partis, avec deux servantes et le jeune fils de l'intendant
et suis certaine que Dineo et les autres, s'ils avaient plus d'esprit que nous, peut-être, ou plus de vivacité, ou un Boccace pour tenir minute de leurs échanges, n'ont pas trouvé si beau cadre.
Il y avait une haute tour carrée et de grandes salles presque vides où ne restaient que des meubles un peu trop lourds, un peu trop sombres, ou qui n'avaient pas plu, le buste d'un homme sévère et quelques tapisseries.
Il y avait sur l'arrière une grande cour, une ferme pour nous offrir du lait crémeux, et la petite maison de la nourrice de Bianca.
Il y avait une chapelle et un très vieux, paternel, pieux et discret chapelain
Il y avait des vergers, de beaux arbres arrondis autour de leurs fruits, des jardins d'herbes entretenus et un jardin de fleurs redevenues sauvages
Il y avait de douces collines, un grand rocher pour borner le vent, un bois pour fermer le paysage.
Il y avait surtout un grand étang d'émeraude pâle et trois barques, semblables à des feuilles tombées sur l'eau, pour qu'Andréa et moi, Bianca et Domenico, nous flottions, en écoutant le chant, la musique de Benvenuto, pour que, quand le voulions, nous nous écartions et glissions derrière le rocher.
Et je faisais des souhaits, honte en avais, pour que la peste ne prenne pas fin.
(en regardant le Castello in riva a un lago d'Ambrogio Lorenzetti – Pinacoteca di Siena)

6 commentaires:

Anonyme a dit…



Quel beau texte !

Arlette A a dit…

Chance de retrouver ce texte très beau et douloureusement de circonstance en belle illustration aussi

Arlette A a dit…

Mes commentaires sautent depuis hier

Brigetoun a dit…

ben non Arlette, mais c'est la Bfrigitte qui dort trop longtemps (et puis hier marin pendant trois heures la boite mail hs et la connexion faseillante)
grand merci pour cette appréciation... sans pudeur vais avouer que j'en avais bon souvenir mais avec la fosse à bitume comme dit François Bon j'ai eu du mal à la retrouver cette pochade

Claudine a dit…

m'en souvenais <3
et la fosse à bitume a fait sauter mes contributions aux Cosaques, tralala ;)

Brigetoun a dit…

tu crois ?, vais vérifier
ben non : https://lescosaquesdesfrontieres.com/category/cosaques/claudine-sales/
(bien ne reste qu'une, mais elle est belle ta cérémonie