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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juillet 02, 2020

Pas à la hauteur mais insiste


Presque cuvé fatigue pendant la nuit (l'horaire de la vie de Rosmerta et encore davantage des jeunes en hôtel ne correspond vraiment pas à mes habituels horaires estivaux) – réveil sans connexion avec cour délicieusement trempée et belle migraine...



douche, préparation, petits rouages crâniens remis presque en place et ciel devenu pur m'en suis allée, et avec plus au moins de facilité suis revenue en trimbalant deux draps trois robes glissant dans leurs enveloppes, un petit sac à dos pour mon dernier arrivé, un petit cahier, règle, équerres, trousse, crayons, bic, gomme, cahier de vacances pour tout petit (il n'a pas besoin de le savoir, les dessins ne sont pas bébêtes et ça devrait meubler utilement ses heures de solitude à l'hôtel, chercherai quelque chose de plus approprié pendant le week-end mais ce matin n'avais pas le temps, suis entrée, et sortie vite à cause de la clim tueuse, d'une librairie pour enfants avec le premier truc qui m'a tiré les yeux)


Sur ce; ai préparé déjeuner avec l'impression très nette d'avoir été rouée de coups avec obstination et me suis enfoncée dans un monde de douceur tendre puis de comptes et de formalités.. et, me mettant sous la garde du petit singe rencontré ce matin, je renonce à tenter même une partie du #3 de l'atelier d'été de François Bon et par contre je recopie ma participation au #1 http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4916 (y compris le codicille demandé pour dire pourquoi et comment ai fait ainsi, même si j'ai beaucoup de mal à intéresser qui que ce soit, même si quelqu'un me fait la grâce de trouver passable le texte... il est vrai que j'apprécie les codicilles des quelques textes que je suis – qui sont trop rares je l'avoue)


Contre le mur

Puisque le dé-confinement est là, il a rapproché un peu de ses pieds la casquette et l'assiette godronnée posée dessus. Puisque c'est le dé-confinement les passants depuis une semaine sont chaque jour un peu plus nombreux et pour la plupart ne portent pas de masque... mais lui garde le souvenir du temps où « on » faisait peur, alors il se rejette davantage contre le mur... pour la plupart, aussi, ils ne le voient plus et ne s'arrêtent pas, même ceux qui s'engouffrent à côté de lui entre les portes vitrées du Carrefour. Il lui reste ses habitués, même s'il ne tient plus salon comme ils le disaient, et le jeune gars en kaki recherché qui s'éloigne maintenant, remontant vers la place, remâchant ses problèmes personnels – ne pas s'accorder de les trouver petits – et l'ayant oublié comme une étape obligée de la matinée maintenant dépassée, vient pendant dix bonnes minutes de tisser avec lui un tableau avec le temps qui chauffe leur visage nu, un jugement acerbe du gars sur les jambes de trois filles qui passaient, mollets et cuisses juste un peu trop fortes et foulard sage pour l'une, qui sélectionne encore ses révoltes, un article de journal, la phrase incompréhensible jetée avec un sourire par une qui descendait dans les profondeurs du magasin, phrase dont il est certain qu'elle ne correspondait à rien, juste à des mots trouvés pour justifier un échange furtif. De l'autre côté de la béance vitrée un grand échalas, toujours le même, calot en tête, tire sur sa cigarette, la prolonge, médite sans doute son accrochage du jour avec une caissière qui use de son âge, sa rondeur bruyante et son ancienneté pour tenter de le régenter, il lève les yeux vers les arbustes de la terrasse de l'autre côté de la rue au dessus de la boutique de sandwichs, salades, macarons, et puis vers le bleu franc du ciel, il pense à son ami et à sa colère rentrée ce matin, il invente l'excuse qu'il voudrait présenter ce soir, parce que rentrée ou non elle devait être visible, et comme un groupe de collégiens le bouscule un peu pour dégringoler l'escalier vers le rayon de casse-croûtes à combiner, il jette sa cigarette, il soupire à fond avec hargne, il rentre. Sur le trottoir d'en face deux femmes – permanentes bouclées et, pour l'une, chien en laisse –, installées devant la profusion des nourritures proposées par l'étal, choisissent des macarons, lentement, entre deux phrases et la serveuse les traite intérieurement de tous les noms tout en regardant, par dessus leurs têtes, sa collègue qui arrive, désinvolte, avec une demi-heure de retard, elle retient les piques soigneusement souriantes qui lui viennent, pleines de ressentiment contre la fautive – et en fait tout autant contre les deux clientes lambines – et elle cherche une vengeance qui ne fasse pas trop mal, parce que elle est gentille la Rosa, et puis elle a l'air fatiguée, l'a des jolis cernes là, vaut pas la peine de chercher pourquoi, en rester à une petite phrase entre ironie et interrogation et surtout ne pas l'interroger comme elle s'y attend sans doute. La file de clients postée devant les tacos, les sandwichs, les pans bagnats, les tartelettes aux épinards et les macarons vient s'intercaler entre ceux qui attendent, respectant les distances marquées au sol, devant le tabac/journaux d'y pénétrer un par un, et ceux qui sont dehors font peser leur regard sur celui qui, s'il n'est pas venu pour chercher de quoi assouvir son vice – ah ces fumeurs s'agace une femme qui s'est arrêtée avec son chariot retour de marché, parce qu'elle n'a plus de mots-croisés –, hésite un peu devant la masse des hebdomadaires et revues, puisque les journaux nationaux n'arrivent plus, et qui, ensuite, essaie de mettre en quelques mots ce qu'il faut de chaleur pour remplacer les échanges aussi dénués de fond qu'aimables qui étaient de rigueur «avant» avec le buraliste. Une conversation s'est engagée, à voix aillées ou pointues, sur le trottoir, survolant un vieux très digne qui se tait, craignant que viennent des opinions, des idées intolérables et qu'il se verrait contraint de laisser passer. La femme qui avait souri à l'assis et son interlocuteur avant de descendre dans le super-marché, ressort, écarte ses mains vides, parle de cette sacrée carte bleue, – oui pense-t-il, ou dit-il c'est tout comme, sont revenus – ils rient et regardent avec une fausse indifférence teintée d'attendrissement cinq ados qui arrivent de front sur le large trottoir, présentant un assortiment assez réussi de coiffures colorées et construites, et qui se disputent, se bousculent un peu en riant, quelques insultes volent de l'un à l'autre, un peu comme entre les guerriers d'antan, mais il ne sera pas question de combat entre eux, au moins pas ici et à cette heure, et dans les yeux du plus grand flotte un peu de crainte en regardant, trois cent mètres plus loin, les trois garçons groupés près d'une fontaine, bicyclette en main et sac portant l'un ou l'autre des sigles de plateformes posé à terre, attendant fraternellement une commande, qui se font plus rares maintenant. Elle regarde la file devant le bureau de tabac, hésite, hausse mentalement les épaules, remonte vers la place en espérant que l'attente y sera moins longue.
Codicille
Pendant que je rêvassais à l'éventualité d'une aspiration suis passée d'un quai devant un bateau d'immigrants à la charnière des 19° et 20° siècles – brièvement – à la plaque tournante de la station Auber en changeant plusieurs fois de regardeur et puis un presque ami s'est imposé, ou du moins l'un des « installés » comme il y en a dans tous les centre-villes... pour le résultat il est ce qu'il peut.. j'avais plus de silhouettes en tête mais se sont évaporées, pensais qu'elles viendraient en « fatiguant » le texte, mais même si j'y suis revenue brièvement trois fois c'est lui qui m'a fatiguée, j'ai le souffle court (sourire)

6 commentaires:

jeandler a dit…

La rose de la cour en fleur et déjà coulant une larme.

Brigetoun a dit…

pas qu'une larme, elle coulait toute (et elle a duré un jour et demi en tout !)

arlette a dit…

Emue me donne courage pour un autre combat pour ne pas se dévaluer

Brigetoun a dit…

j'espère qu'il n'est pas trop rude le combat ! moi la presque fuyarde ne voudrais pas en être cause

Claudine a dit…

sacré tableau ! quel sens de l'observation !

Brigetoun a dit…

une combinaison d'images familières (l'assis c'est presque un ami, nous plaisantons)