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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juillet 16, 2020

Tout doux et un peu de dur


Ne sais si c'est le soin pris par tous hier pour ménager la petite vieille mais carcasse prenait au sérieux l'idée de fatigue, simplement comme n'avais plus de légumes sauf un bout de fenouil et un quart de poivron, ai pris tout plein de vitamines, de magnésium et m'en suis allée sous un ciel qui avait opté pour un gris doux comme une aisselle de pigeon, et qui pour m'encourager peu à peu laissait filtrer sourires bleus


vers les halles (toujours assez peu fréquentées et donc assez modestement garnies (bien assez pour moi.. et il y a, si j'en suis désolée pour les commerçants, l'avantage de les avoir pour moi seule ou presque)


et puis m'en suis revenue avec un chariot bien moins lourd que le faisais ces temps-ci, pour profiter éventuellement lundi soir du marché de producteurs près des remparts, (mais ne contenant que bonnes et belles choses, un peu à côté de l'ordinaire), m'amusant une fois encore en m'interrogeant sur le « produits frais, fait maison » concernant les poissons d'un petit restaurant que j'ai depuis des années une vague envie d'essayer
et puis ma foi ai un peu lu, beaucoup dormi, et pour que Paumée n'en reste pas tout à fait à ce doux néant, y ajoute un peu de doux (juste un peu moins néanr, ou pas personnel) et un peu de dur pas trop dur avec ma contribution à l'ouverture #4 : seul, ton doux ton dur de l'atelier de François Bon http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4919


Dans sa marge

Avançant lentement dans la douceur d'un filet d'ombre, longeant la lueur rose posée sur les dalles, est revenu jusqu'à l'huis de sa maison, l'a poussée sur la pénombre presque glacée où luisaient les dessins en verts éteints et les fonds beiges du sol. Sa main a glissé sur l'arrondi usé de la rampe, les pieds caressaient lentement le bois des marches avant de s'y poser, il s'est hissé jusqu'à son entresol. Passée la porte c'était l'obscurité où dansait la poussière dans les filets de soleil filtrés par les persiennes. C'était l'odeur de miel de la cire. C'était le désir de rester là, de se laisser couler les yeux clos jusqu'à l'assoupissement, la joue posée sur le rouge passé de la terre cuite. Ce fut un lourd flottement jusqu'à la paille, la tendresse enveloppante des bras d'un fauteuil, un sourire malicieux en repensant aux voix échangeant sur rien devant le bureau de tabac, avant que lui vienne l'absence, et que la pièce ne vive plus que des sons qui montaient de la vie engourdie de la ville. C'est le cou qui déploie le visage avec un petit sursaut, c'est la douceur humide qui sourd des yeux, c'est une voix qui s'excuse « oh Monsieur vous ai réveillé, vous aviez l'air si bien là, il faut vous reposer vous savez... » c'est une odeur de café, c'est un bouillonnement qui chantonne et un parfum d'herbes, de légumes qui prend doucement possession de la pièce, ce sont de fortes jambes potelées, de belles fesses tendant une sombre étoffe fleurie dans l'entrebâillement de la porte de la cuisine, une chanson murmurée, et puis le souffle d'une présence proche, une main qui se pose sur son épaule, qui appuie juste un peu trop, ce qu'il faut pour aider, « mais vous pleurez – ne faites pas attention, c'est en dormant je crois, je suis fatigué – justement il faut que vous mangiez, mais je venais vous dire, j'ai fait une soupe au pistou pour ce soir, la mangerez froide comme vous l'aimez, seulement y a plus grand chose... comprends pas – c'est la petite de Vincent, elle allait pas bien hier, alors je l'ai gardée et elle nous a fait un vrai gros souper, elle est en stage au Carré vous savez – c'était bon ? – c'était aimable – bon des coquillettes avec le jambon ? Et on fait une liste, vous amènerais ça demain matin, seulement êtes trop bon » et il sourit, elle est si gentille la petite, et la Marthe aussi.

Il est parti vers son antre, grommelant, et riant intérieurement des regards rencontrés, frappant durement sa canne sur le grès des pavés, assez pour que le bruit caoutchouté marque presque bruyamment sa présence. La clé a grincé dans la serrure et il a poussé de tout son corps la lourde porte de la rue, s'est rattrapé par un entrechat quand son effort l'a propulsé dans le vestibule obscur. La lumière du lustre l'a ébloui un bref instant. Il s'est agrippé à la rampe métallique et il a grimpé les deux volées d'escalier en ahanant, vers son antre, comme le disaient ses sacrés neveux, qui pouvaient rengainer leur mépris, savaient pas ce qui les attendaient, vieilliront bien, pourront pas y couper, et on verra ce qu'ils seront alors, bon lui heureusement il ne verrait pas. Canne posée dans la pénombre fraiche, a aboyé un appel, a rencontré le silence, a marmotté un juron au ras des dents, a injurié intérieurement Marthe qui n'était pas là, en retard comme toujours, ou qui ne viendrait pas, a souri en gesticulant pour saisir la poussière dans un rayon de lumière pour rétablir son humeur, pour jouer, s'est effondré sur son fauteuil, et il est resté là, ruminant les reproches qu'il aurait voulu faire à sa vie, et puis se repentant parce que croyait que c'était la vie qui lui faisait subir reproches, et cela enflait, et sa gorge se serrait, et il ricanait de son ridicule, de cette colère qui lui venait pour un rien. A voulu pleurer, les larmes refusaient, a décidé qu'une faim le rongeait, est parti presque rapidement et fermement – ne surveillait pas son manque de force – a commencé à farfouiller, s'est redressé parce que la porte s'ouvrait, que Marthe arrivait, qu'elle criait de le trouver là où il n'avait « pas à être ». Et ils ont commencé une superbe dispute, trop brève, trop vite interrompue par un rire partagé. Est retourné s'asseoir, s'est préparé à critiquer la nourriture, pour surtout ne pas risquer de penser à ce qui pourrait être trop grave.
Codicille
N'ai pas pu le faire trop méchant mon contemporain, mais lui et moi n'avions pas le souffle de deux pages, implorons indulgence.

8 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Le Petit futé va devoir remettre à jour bon nombre de ses adresses...
Merci pour ces photos ! :-)

Brigetoun a dit…

pas trop j'espère (la petite marée en tout cas persiste et semble avoir un succès accru) - un frémissement de touristes d'ailleurs, et pas des cars, des individuels

Claudine a dit…

les jolies palabres dans une belle lumière

Brigetoun a dit…

merci, Claudine, oi la lumière était belle (sourire)

Lavande a dit…

Est-ce que vous êtes contre le fait que j'utilise de temps en temps une de vos photos sur mon compte Facebook (en mentionnant qu'elle provient de votre blog)?

Brigetoun a dit…

Lavande, j'en serais très honorée !

Lavande a dit…

Merci c'est très sympa. Même quand une photo me plait bien, je n'aime pas la "piquer" sans avoir l'accord de l'auteur si c'est possible de le demander.

Brigetoun a dit…

merci pour cette courtoisie