Pour me motiver, sur une idée que j'avais eue, j'ai décidé matin de monter au jardin des Doms pour surplomber la ville et ses entours... Suis partie, munie d'un bonnet, d'une autorisation, d'un masque et du manteau d'un peu plus de demi-saison dans lequel me sens bien... Mais en allant, comme une introduction, jeter ma poubelle aux remparts, ai constaté que notre seigneur vent avait une fâcheuse tendance à pénétrer par la longue encolure d'icelui, à se promener entre lui et mon chandail qu'il tentait de transpercer...
Ai re-gravi mon escalier, pendu manteau, enfilé ma parka grise en la fermant bien, et suis repartie, un peu secouée parfois, même si je défiais le mistral qui dessinait au dessus de nous et du fleuve une grande coulée bleue où nageaient quelques lambeaux blancs,
en lui affirmant qu'il n'était pas à la hauteur de ce qu'en disait Stendhal : « Strabon et Diodore de Sicile assurent que sa violence est telle qu'il enlève les pierres et renverse les chars » (bon, dans ma cour il effrite le mur mitoyen depuis plusieurs siècles me donnant juste le mal de ramasser les gravats et poussières et il ne renverse que les plantes en pot)... « à la vérité il fait un beau soleil mais un vent froid et insupportable pénètre dans les appartements les mieux fermés et agace les nerfs... »
Et lâchement, même si ce que mes yeux, entre masque et bonnet, contemplaient me donnait plaisir, même si l'un ou l'autre appareil, tremblant un peu entre mes mains, le confirmaient, arrivée en haut de la première rampe, devant le portail, ai rebroussé chemin, laissant le rocher et le jardin à leur paix ventée, ai franchi la grille, retrouvé la place et m'en suis allée acheter le canard et des confitures et, de retour dans l'antre, j'ai retrouvé ces mots d'Elsa Triolet : « Avignon, ville aux grands murs, s'étirant vers le ciel... Dans mon cœur et devant mes yeux apparaît une immense harpe, le haut touchant le ciel, le bas posé sur un piédestal de pierre grise, claire. Le terrible vent d'Avignon parcourt ces murs et il me semble y avoir entendu de ces faux accords sans délivrance. » et j'ai admiré avec sourire de travers la force poétique de son imagination (en fait, l'était pas si fort le mistral, mais assez costaud, plus que moi).
10 commentaires:
Belle promenade. Au moins sieur Mistral a chassé les nuages.
il en gardait des masses de l'autre côté du fleuve et quelques bébés nuages sur nous
On oublie souvent Elsa Triolet, quelque peu écrasée par Aragon. Mais le vent les réconcilia plusieurs fois !
Toujours de belles photos prises depuis ce parc en hauteur.
Mais vous dites que vous êtes "censurée"... ? Pas compris ! :-)
Dominique, censurée ou empêchée par le vent..
on s'y croirait, merci pour l'évocation.
Je préfère le mistral de Stendhal Elsa Triolet n'a pu l'apprécier vraiment en cette triste période de la guerre.
Censuré le.vent fripon qui se glisse dans ton col
Belle et lumineuse lumière glacée
Claudine, merci (c'était un froid écrit "à chaud")
Pierre, oui mais je trouve que chez Elsa on sent mieux le vécu
Arlette surtout violente, d'avantage que glacée... trébuchais plus que d'ordinaire et me déportais
Bien du courage d'affronter les éléments. Votre résignation et sagesse de ne pas pousser plus loin votre promenade fait écho à ma lecture actuelle. Il s'agit de "Un enfant" de Thomas Bernard qui a l'âge de 8 ans décide d'aller visiter sa tante Fanny en vélo et en cachette de sa mère. Ayant effectué les 3/4 du trajet, il finit par y renoncer, ivre de fatigue.
oui j'a un côtéé ado et avec l'âge en même temps un côté mère d'ado (sourire)
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