commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, mars 31, 2021

printemps et scolarité


un jour de printemps

lumière bleue, air tendre

et bourgeons éclos


refoulant le sentiment très fort de ne pas être, petite vieille engraissant, à la hauteur, de faire tache dans la jeunesse du monde – même fatigué – m'en suis allée vers Rosmerta

travail dans la cour avec le grand et beau M, pronoms possessifs, calculs de périmètres (de carrés ou rectangles pour le moment, ne forçons pas nos talents) en compagnie de parties de ping-pong, de baby-foot, de préparations de démarches administratives, de passage d'une famille régularisée, heureuse de son appartement mais nostalgique des amitiés, du déchargement d'un énième réfrigérateur, de plaisanteries, d'entrées et sorties de vélos...


au retour, juste avant le couvre-feu, groupes joyeux devant les bars au portail Matheron et longues ombres sur le sol éblouissant de la rue Carnot.


Le matin, j'avais repris ma participation désespérément scolaire à la proposition #5 de l'atelier Baudelaire de François Bon (contributions et, à la fin, proposition sur https://www.tierslivre.net/ateliers/category/bicentenaire-baudelaire/baudelaire-5/


Le côté étroit

De nos jours une grande porte cochère s'insère dans la façade de plâtre blanc entre pans de pierres nues, portant à droite le numéro 5, à gauche le numéro 7... de nos jours, et peut-être depuis l'origine, puisque, malgré l'unité créée par cette peau d'un blanc uni, malgré la parenté, due sans doute à des dates de construction assez proches, entre les volutes des ferronneries des quatre balcons s'alignant à gauche et au dessus de la porte et de celles des fenêtres solitaires superposées, avec des hauteurs sous plafond visiblement différentes et un entresol, à droite – donc au 7 –, il est assez peu vraisemblable qu'une porte ait existé sous le balcon dudit entresol, là où s'ouvre une boutique (beaux stylos et accessoires, pour ceux qui utilisent encore l'écriture manuscrite parmi les successeurs du jeune Charles Baudelaire que je cherche ici, du Charles de 25 ans encore très jeune même s'il est entré désormais dans la période des finances contraintes) . Je n'y avais jamais prêté attention, n'ayant pas franchi cette porte, ne connaissant personne dans ce ou ces immeubles, même si j'ai assez souvent suivi la rue Tournon jusqu'à la minuscule place, qui porterait si mal maintenant ce nom qui était le sien autrefois de Pré-crotté, détail qui me réjouit et que je viens de découvrir, pataugeant sur internet en cherchant une explication à la double immatriculation de la grande porte bleu sombre avant de penser à demander l'aide, faute de pouvoir voleter au dessus du quartier, à la photo satellitaire de Google Maps, découvrant ainsi le toit de tuile du 7 qui, perpendiculairement à la rue, s'ouvre sur la cour commune. Ayant franchi la barrière du code en me faufilant derrière un jeune couple, je reste plantée devant l'immeuble, balayant des yeux ses fenêtres, sans vraiment les regarder, incapable que je suis de situer celle ou celles qui éclairaient le logement du jeune fondateur du Salut Public – gazette d'assez courte vie, dans lequel Gustave Courbet publiera un dessin des barricades auxquels ils ont tous deux participé – le jeune critique d'art et journaliste aux mœurs réprouvées par les sages pères de famille, l'encore jeune homme au grand front et à la petite bouche tel qu'il s'est représenté en 1848, le poète encore inédit, celui qui vient de faire paraître sa première traduction d'une histoire d'Edgar Poe, celui qui aurait fait rêver en frissonnant une jeune bourgeoise, ma possible ancêtre, si elle avait pu entendre parler de lui.... perdue dans le murmure des siècles qui chante en moi, je sors de la cour où je n'ai pas su deviner sa présence, pas davantage que celle de Léon Gambetta qui vécut là dix ans plus tard et, traversant la rue Saint Sulpice, descendant la rue de Seine, je secoue cette inepte, récente et fausse érudition et cherche dans ma mémoire défaillante dans quel texte, poème ou autre, s'invite le bruit que font les branches en tombant devant la cheminée pour le réchauffer, avant de pouvoir ouvrir un livre, lire, retrouver l'essentiel, son écriture.


PS Les deux images, comme une partie des renseignements qui ont cloué mon imagination, proviennent de Wikipedia.


6 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Beau portrait de Baudelaire (il a une rue à Paris, dans le 12e, à ne pas confondre avec la rue Beaurepaire dans le 10e)...

Si je comprends bien, les écoles ferment mais Rosmerta reste... ouverte ! :-)

Brigetoun a dit…

Rosmerta n'est pas une école (ils vont pour la plupart, grâce aux démarches de la commission chargée de cela, en classe (les classes pour arrivants non francophones) Rosmerta est leur domicile (un squat, raison pour laquelle nous avons un procès de l'évêché propriétaire

arlette a dit…

Tout ce quartier aimé tant de fois parcouru tes mots font revivre poète

Brigetoun a dit…

tu es trop gentille... justement n'ai pas su le faire revivre (ou pas osé)

Godart a dit…

Sensible à la beauté de la nature, de l'architecture mais aussi des êtres, autant de signes de bonne santé morale.

Brigetoun a dit…

Godart, souhaitons-nous la