commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, avril 21, 2021

Nez cassé et fin de l'atelier


M'en suis allée dans l'après-midi, remplaçant par le fronton de l'ancienne Comédie le soleil qui s'était absenté sous une chape de fins nuages, dans les rues vivant mollement les vacances


vers le rendez-vous convenu hier avec mon élève, dont sottement je n'avais pas demandé le nom... et comme j'avoue que, les arrivées et départs n'étant pas rares, je ne les connais pas tous, sans compter ma mémoire de lièvre, je ne pouvais le faire prévenir...


ai joué trois petit quart d'heures avec Mamadou et une Aïcha de même taille (et nettement plus vive et exigente) et me suis persuadée qu'il avait changé d'idée ou qu'il avait été réquisitionné ou convoqué pour un stage, une formalité, à moins qu'il attende dans sa chambre sans notion de l'heure...



alors ma foi m'en suis revenue – ai écouté sur France Culture cinq épisodes de la lecture de Madame Bovary https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-le-feuilleton/madame-bovary-de-gustave-flaubert-110-la-jeunesse-de-charles-1 etc... et je reprends ici, sous une vieille photo dont je décide – ne sais trop pourquoi, sauf que l'aime bien – qu'elle présente un vague rapport avec le texte, ma participation à la dixième et dernière proposition de François Bon pour son atelier d'hiver sur tiers.livre https://youtu.be/k5uIYe3anNI (ensemble contributions sur https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article732) – j'avais oublié le titre, le maître des lieux y a pourvu



de la peau des pierres

Mère ô ma mère je suis tombée – mère ô ma mère j'étais moins que petite chose dans ce grand mouvement, j'ai rampé, la vie en moi s'est tendue, a appris, a cueilli, a accueilli, s'est levée – mère ô ma mère tu étais belle et tes gestes étaient longs et beaux, je n'étais plus toi, mes mains étaient carrées, faites pour la terre et ne pouvaient danser l'air, j'étais petite, courtes jambes, proche du sol – mère ô ma mère me suis écrasée sur lui, j'ai trouvé la terre vivante, j'ai voulu entrer en elle, je l'ai senti vivre, je lui ai ravi élan et me suis appuyée sur sa résistance – mère ô ma mère ne pouvant être fée gracieuse j'étais plante, humus et sève, n'avais force que de la terre et la lumière, me suis appuyée sur mes amies les pierres, celles que l'on avait dressées, le sol devenu mur, me suis tournée, fortifiée par elles vers la beauté et je l'ai bue – mère ô ma mère les appuis, l'appel ont donné à ce corps la grâce des gestes longs quand j'ai voulu ne plus être que leur outil, l'ai perdue quand j'ai appris les règles, ai travaillé, l'ai retrouvée autrement mais j'étais dans les groupes la petite note un peu désaccordée, n'ayant d'autre charme que maladresse, l'accentuant parfois – mère ô ma mère le savais ou le croyais, dansais pour moi – mère ô ma mère j'ai dépassé ton âge, notre amour guerrier est devenu tendre lien, mon corps rétif a pris les rênes, du léger décalage entre le rythme de mon sang, la force lasse de mon souffle et le mouvement du monde naissent trébuchements, apaisements, plaisirs de mouvements, une danse presque imperceptible, une musique silencieuse, des cris devenus murmures, des scansions, des sauts de chat, des sourires, des révérences dont l'existence n'est sentie que de moi et des très anciennes heures de barre de mon enfance me restent le souci de guider avec un peu de grâce mes chutes jusqu'à l'éphémère réunion au sol où à la peau des pierres.

9 commentaires:

Nadamasse a dit…

Bien votre texte.

Brigetoun a dit…

merci Nadamase

Anonyme a dit…

Vos mots dansent. En espérant retour du soleil chez vous.
Catimini

Brigetoun a dit…

merci Catimini... ciel bleu pâle qui s'éveille pour le moment

Dominique Hasselmann a dit…

Belle danse des mots... :-)

Brigetoun a dit…

merci à vous pour ces mots (et pour la promenade dans et autour mon cher Palais Royal sur https://hadominique75.wordpress.com/2021/04/21/parc-royal-cetait-lui-3-4/, Dominique

mémoire du silence a dit…

Touchée je suis par cette "peau des pierres", par cette peau d'enfant dépassant l'âge de sa mère, par cette musique silencieuse, murmures de l'enfance caressant la peau des pierres.
C'est très beau, j'aime, tout comme les rires de Mamadou et la pétulance d'une Aïcha.

Claudine a dit…

Oh mon Dieu, quel beau poème ! et comme il vient à point !
Le serre fort dans mon poing

Brigetoun a dit…

Maria, Claudine, merci (suis un tantinet étonnée par l'accueil fait à ce texte dont j'avais un peu honte... bon que je n'en profite pas !)