commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, août 05, 2021

Pluie, petit tour rue Pasteur et recours à l'atelier


la pluie de l'aube

les averses du matin

mes petits frissons

quelques gouttes tombant des volutes blanches superposées dans le ciel l'après-midi


et puis des trouées bleues pour saluer mon départ vers les amis de la rue Pasteur – une réunion de bénévoles, suivre et me sentir de plus en plus inutile, accepter mon impuissance.

Et m'en revenir... et pour animer un peu Paumée, reprendre ma contribution à la proposition P4 dans l'admiration et l'approche de Nathalie Sarraute



Ma chérie

Un bouquet soigneusement ébouriffé avance devant deux lèves étirées qui s'ouvrent pour un « Ma chérie » – le i strident monte en grand élan, dépassant la hampe du point d'exclamation qu'il remplace – et des yeux froids au dessus... prendre le bouquet avec un « merci chérie » calmement plat jusqu'à l'indifférence, se retourner vers une adolescente, lui tendre les fleurs, commencer à dire « ma ché... » s'interrompre, corriger par un « ma douce veux tu... » en y mettant sourire et un peu trop d'imploration – juste un peu trop, mais, chance, elle semble le prendre bien –, faire face au sourire pétillant qui suit, saluer avec des yeux tout aussi pétillants le « ma chérie », se pencher sous le chapeau, embrasser le visage qui rit en regardant le dos de la dame précédente, s'attarder pour un petit dialogue à l'insignifiance amicale... plusieurs saluts-prénoms auxquels réagir avec plaisir plus ou moins sincère, un « ma belle » qui mérite une grimace ironique et un rire partagé, des « chérie » gentiment insignifiants sortant de visages clairs et amicaux, quelques « tu » ou « vous », et pour finir des mots qui se pressent, essoufflés, comme toujours, émis comme peuvent par cette drôle de bonne femme si gentille et exaspérante : « ma chérie pardon pour ce retard mais tu sais ce que c'est... une respiration... mes pauvres chéris... » à couper, ou le tenter, d'un « ma pauvre chérie ».. et la comédie introductive s'achève. La belle et grande mater, l'ancêtre de la famille, impose à ceux qui l'entourent figés verre en main, et à ceux qui, installés dans des coins du jardin et leur conversation ne l'entendent pas, un « merci à vous tous d'être là pour la fêter, je vous.. », deux adolescentes passent des plateaux et indiquent l'emplacement du buffet, des mains se tendent en silence, d'autres s'accompagnent d'un « merci » ou même « merci chérie », qui cette fois sont signe de familiarité plus grande, avec un sourire et parfois une question sur leur scolarité à laquelle la répoonse se veut inaudible. Redevenir anonyme, circuler entre les « chéris » ou « moins chéris », écouter quelques admirés, répondre d'un sourire mécanique en cherchant le nom de la personne qui vous adresse quelques mots... trois femmes penchées sur un couffin s'extasient sur la joliesse de la « petite chérie » qui dort, ses petits poings bien serrés, sous un drap brodé, avec une sincérité aussi totale que passagère, la grand-mère admoneste d'un « du calme, mes chéris » englobant, la bande de gamins joyeux... rencontrer quelques regards accompagnés d'une phrase polie contenant le « ma chérie » de rigueur et répondre un peu au hasard avec un sourire qui voudrait mordre, retrouver avec joie vieilles amies d'autrefois dans le confort de ce plaisir qui rend les mots échangés (pas de « chérie », là ou ce serait au risque d'un fou-rire) presque inutiles, ne pas penser à un ou des absents, sourire à des oubliés que l'on oubliera et puis le bonheur, au coin d'un buisson, de deux bras et d'un « ma fille chérie » paternel.


 

7 commentaires:

mémoire du silence a dit…

Comme est beau ce duo de vert de la première photo, comme est belle cette déclinaison de "chéri(e)(s)" côtoyant N. Sarraute

Brigetoun a dit…

MERCI (me suis amusée, un peu vengée aussi)

Claudine a dit…

Vengeance... tout en finesse de redoutable observatrice

Brigetoun a dit…

le sommes toutes plus ou moins ,non ? et que celle qui n'a jamais dit "chérie" de cette façon se dénonce...

arlette a dit…

Un peu d'"Enfances" et la dérision piquante ...bien joué

Claudine a dit…

je ne connais que les "petites chéries" mes fifilles, les autres chéris sont inusités par ici, nous sommes de rustres paysans sous le vernis doré

Brigetoun a dit…

merci Arlette !

Claudine de toute façon ça date u peu les "chérie" à tout-va mais moi aussi