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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, septembre 18, 2021

Jour sans histoire, et recours à l'atelier


brioche en tranches

navettes pour s'endormir

les vieux sont gourmands


une assez courte sortie, carcasse s'améliore, lecture un peu, déchiffré gribouillis au crayon sur les bouts de papier en marchant l'autre jour pour en faire, tant bien que mal, quelque chose pou le #P11 de l'atelier d'écriture de François Bon, et reprise, ci-dessous de ma contribution à la proposition #P10 « filer un dialogue » appuyée sur un livre de Laura Vazquez


A travers le temps

Tu étais trop floue, ai cherché une image dans ma minuscule provision, en ai une un peu trop ancienne et avec un bébé dans les bras, ça ira, nous ferons un petit effort toutes les deux et ça ira.. tu rentres à l'abri des stores sur le parc pour adoucir la lumière et tu enlèves ton chapeau, tu ne changes rien d'autre, c'est bien, et je cogne à ta porte, un petit son aigu quelque chose comme un oui, ta réponse, et je passe le nez dans l'entrebâillement, je dis c'est moi, tante N m'a dit que je pouvais venir... tu te retournes en t'appuyant sur ta canne, faiblesse apparente, aisance réelle, tu ajustes tes yeux, les baisses très légèrement (je n'ai pas encore acquis ma taille actuelle, bien petite pourtant, digne de la tienne), tes lèvres s'entrouvrent pour un sourire, tu chevrotes, de ta voix haut perchée, un peu comme un oiseau, mais oui, entre... et je viens poser mes lèvres... mon amour victorieux de ce petit dégoût que j'espère te cacher... sur ta peau qui me semble celle d'une pomme très ridée et qui commence à s'abandonner, se veloute... sans doute vois-tu trop mal et ne sens-tu que l'amour, tu vas, comme toujours, vers l'armoire, la boite de bonbons à la violette, tu l'ouvres, tu me la tends, tu dis pour toi ma belle, je coince une pastille un peu glissante entre deux de mes doigts, je la mets dans la poche de mon corsaire, je te dis que je vais la faire fondre sous ma salive un peu plus tard, quand je serai seule, parce que j'ai encore une dent qui branle, tu ris en reposant la boite sur son rayon et tu te retournes pour me déclarer, avec une gentillesse un peu solennelle, je t'aime spécialement, oui spécialement parce que tu es la filleule de mon aîné et la fille de mon petit chéri, et je reste coite un instant, j'avale ces mots, me sens pas la belle, le reste me donne envie de rire, et puis je me précipite pour dire : oh vraiment d'une voix étonnée, me demandant quelle est la formule que tu adoptes pour chacun de tes petits-enfants, mais déjà tu enchaînes en parlant de la visite, il y a trois jours, de mon père dont le bateau faisait une escale à Alger, du déjeuner dans la grande salle à manger de l'appartement, tu me demandes, interrogation purement formelle parce que, outre l'obligation que créent nos liens de mère, de fille, avec lui, nous communions dans l'adoration, si cela m'a fait plaisir, et je ne réponds pas directement à cette évidence mais lui dis qu'à elle aussi sûrement et tu as aussi eu le plaisir de lui montrer comment grâce à toi mon frère apprends bien à lire, et nous rions toutes les deux parce que vous vous êtes trompés D et toi dans votre numéro et qu'il a lu imperturbablement une autre page que celle sur lequel tu avais ouvert le livre, tu le défends, tu dis c'est ma faute, il savait bien sa leçon (là je rétorque que la leçon ce n'était pas le texte mais la lecture avec la belle logique de mes sept ans) c'est moi qui n'ai pas ouvert à la bonne page et tu ajoutes : vous êtes venues les deux grandes pour écrire à votre mère, avec l'aide de votre cousine, je ne veux pas te retarder, tu insistes, tu ajoutes tu aimes ça lui écrire, comme lui parler, comme si elle était là, et parce que c'est toi, que je n'ai pas peur, j'ose dire que je n'aime pas écrire à ma mère, que oui j'aime écrire, que la tante dit que j'aime trop lire et écrire, mais pas à maman, et bien entendu je ne dis pas que c'est parce que je suis en colère mais tu le sens, tu attrapes mon bras, tu me tires contre toi, j'étouffe un peu, tu me dis : elle te manque et ce n'est pas une question.. oui mais elle n'est pas là, alors tu m'embrases, tu me dis ce n'est pas de sa faute, je réponds que je sais, tu expliques que c'est la maladie, je dis que je sais, tu me donnes une petite tape, tu me dis vas y. Je me retourne en ouvrant la porte, je te souris, je vais rejoindre les autres, je pense juste, vite avant d'effacer l'idée qui n'a rien à faire dans ma lettre, que si la maladie c'est Dieu je décide de m'en passer.

9 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Beau souvenir... :-)

Brigetoun a dit…

très très ancien, sans doute en partie recréé mais ancré ainsi

arlette a dit…

Il y a dans ce recit de troublants souvenirs aussi ..par un détail une impression c'est très beau ..

Brigetoun a dit…

grand merci, Arlette

jeandler a dit…

Les souvenirs sont toujours recréation mais avec du style.

Brigetoun a dit…

Pierre, du moins on le tente

Claudine a dit…

troublante ressemblance d'âmes

Claudine a dit…

j'ajoute que ce texte est un petit bijou <3

Brigetoun a dit…

pour la ressemblance je ne sais pas -pour le petit bijou, merci Claudine !