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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, octobre 08, 2021

Un peu d'Italie, un peu d'Avignon, et la suite

 


transie de mistral

l'Italie sur la place

dans la lumière


Avignon vit depuis le 6 sa semaine italienne... temps, force, chevance, programme, parfois envie, il est hors de question que je la suive vraiment, mais j'ai eu envie ce matin de faire un détour (trop tôt, entre le petit mistral qui prend là toute sa vigueur et l'heure : l'animation – clients et musiciens – n'était pas de la partie) … ai regardé avec un intérêt se limitant à leur beauté les charcuterie et les gros formages... goûté un peu de Parmigiano Reggiano après avoir prévenu que j'en resterai là, regardé avec respect ou indifférence (enfin acheter un remplaçant à mon vieux sac chez le napolitain auquel l'avait acheté... aurais plutôt aimé, mais pas grave comme disent les jeunes), les bocaux divers dont ceux contenant des truffes, refusé de goûter à des petits gâteaux parce que carcasse n'aurait pas apprécié, et comme de toutes façons il m'en fallait, suis repartie avec un litre d'huile d'olive de la région de Bari (sans prix prestigieux)...


un détour par la banque, un chandail en solde... et toujours ce bleu froid si bon pour les yeux, un peu pénible pour carcasse frileuse qui n'a pas encre changé vraiment sa garde-robe...

près de deux heures de repassage, en écoutant des émissions de FC... ai pensé que trop crevée j'étais pour partir dans le vent afin d'essayer de forcer un jeune à travailler (je n'étais d'ailleurs pas attendue, on verra demain), rêvé au #1 de l'atelier d'automne, changé d'idée, suis revenue à la première, étais incapable d'écrire correctement, ai reporté sur l'agenda papier que je n'utilise jamais les rendez-vous, spectacles etc... notés sur l'Agenda associé à la boite mail numéricable qui m'a faut à nouveau défaut ce matin, déclenchant, ce qui me vexe et m'inquiète un peu, une crise de tremblements de belle ampleur (ah la vieillesse!)

et, ne m'en veuillez pas, please, je pose ici quelques paragraphes portuenses...


31 – Dans la montée de la rua da Reboleira, deux cantonniers, gilets et jambières jaunes à bandes réfléchissantes, comme partout ou presque, sur leur uniforme vert, se sont collés, avec leurs poubelles sur roues, contre les façades, pour laisser passer une camionnette, pour la dixième fois depuis qu'ils ont attaqué cette rue. David agite son gant rouge pour protester ou saluer, pendant que quelques mètres plus bas Amadou, flegmatiquement penché en avant comme pour couver sa boite gris clair, continue de raconter sa soirée de la veille, magnifiée, David en est certain, même s'il n'arrive pas à comprendre toutes les phrases... (Amadou prétend pourtant être celui qui parle le mieux le portugais, au fond c'est peut-être pour ça que moi je ne saisis pas tout se dit-il). – 32 – Devant le Palacio da Bolsa, assise sur un petit muret face au gazon un peu pelé et au monument dominé par Henri le Navigateur qui tend le bras vers les ailleurs, Giulia, arrivée en avance, est plongée, ses épaules caressées par la chaleur du soleil, sur « ill giro dell'oca » d'Erri de Luca, et quand, de temps en temps, elle relève la tête, elle se dit que ce serait bien si le retard de Marc et Julie n'en finissait pas, s'ils avaient renoncé ou simplement oublié... n'a vraiment plus du tout envie d'aller visiter elle ne sait plus quoi. – 33 – Rua de São João Novo, Adriana tente de prendre, au volant de la voiture de son père le virage de la rua do Comércio do Porto, et elle enrage contre lui et l'ostentation vulgaire qui lui a fait choisir, c'est bien de lui, cette voiture trop longue et prétentieuse, contre son frère qui a pris son scooter sans le lui demander, contre le gars dans la voiture qui s'impatiente derrière elle, contre Tiago qui... chic ça passe... non pas contre Tiago, il n'a rien fait, c'est bien ce qu'elle pourrait lui reprocher, il aurait pu venir la chercher. 


34 – Derrière une fenêtre biscornue, au rez-de-chaussée d'un palais largo São João Novo, Manuel regarde, face à lui, en bas de la place qui dégringole jusqu'à elle, le portail de l'église... il se demande si Dieu lui pardonnera son absence, si sa mère aura su lui expliquer que lui Manuel est malade, un peu seulement, ce n'est pas la peine qu'on lui envoie un saint, mais qu'il est petit, qu'il doit obéir, qu'il n'a pas le droit de sortir... et puis si elle va décider, puisqu'il a promis de ne pas quitter son lit (il lui suffira de se recoucher vite), qu'il peut malgré tout prendre une part de tarte après son bouillon de légumes. – 35 – Sur le mur aux fenêtres bouchées par des parpaings, à gauche en montant la rua Francisco da Rocha Suarès, règnent parmi les graffitis divers, dessins sans signification, lettres sans sens (à part Fuck), deux grandes faces de chats, un blanc, un vert, qui vous regardent d'un œil torve et quelqu'un a collé sous le premier une petit affiche mentionnant « street of cats » mais pour le moment, si on excepte ces deux effigies ; on n'y voit pas le moindre matou.


36 – Jambes allongées devant lui, bras passés par dessus le dossier de son fauteuil, presque allongé, Joaquim se monopolise sur la beauté de la vue depuis la terrasse de ce café passeio das Virtudes, répondant par des onomatopées à ce pauvre Rodrigo qui raconte, revenant en arrière pour préciser un détail, revenir sur un fait oublié ou censuré par discrétion, ses démêlés avec sa femme, son fils, son patron et sans doute quelqu'un ou quelqu'une d'autre... et le Douro là bas, derrière les maisons, le grand platane, la balustrade, dessine une douce courbe. – 37 – Ils prennent leur petite déjeuner, cristal, jus frais, argent, porcelaine, faïences décorées pour les confitures raffinées, dentelle et petit pot de fleur, sur la terrasse de leur chambre au dessus du patio de l'hôtel. Elle sourit sous le charme de l'hôtel, de la lumière sur l'orange sourd des murs, de la confiture de pastèque au citron, de lui aussi sans doute. Elle pose sa main sur l'avant-bras de son mari pour récupérer son regard, elle lui dit « merci » et il choisit de croire qu'elle s'adresse un peu à lui, à leur nuit, mais opte pour l'hôtel et répond « Tu sais, je n'en revenais pas en arrivant, la dernière fois que je l'avais vu ce palais, ce n'est pas si vieux, en 2014 je crois... » « pas si vieux ? J'avais treize ans ! » il lui sourit « la dernière fois c'était une ruine... je n'ai vu bien entendu que la façade sur la rua das Flores, ses belles proportions et déjà cette teinte qu'ils ont respecté, mais toutes les sculptures étaient rongées, s'effritaient, le fronton décoré de la grande porte était soutenu par des étais, j'avais l'impression qu'il attendait sa mort, la fin de la décomposition en cours, j'étais si triste alors, il m'était assorti » « tu étais triste, toi ? » « je ne t'avais pas rencontrée » il reverse du chocolat dans sa tasse, elle se contente de thé qu'elle oublie pour tout regarder, lui, les petits arbres en pot sous eux, la fontaine ancienne... il demande « que veux-tu faire aujourd'hui ? »

38 – Henrique grimpe la rua Santa Catarina en écoutant un pot-pourri de chansons napolitaines et sourit victorieusement en passant devant l'Academia de Musica por Porto... il n'a pu obtenir d'y aller mais il a trouvé mieux depuis que le vieux Costa, qui a été un grand pianiste il y a si longtemps que même son père ne s'en souvient plus que par oui dire (il est vrai que lui et la musique!), a décidé qu'il était doué et lui donne des cours... ses parents ont bien été obligés de céder, c'est le plus riche locataire de l'immeuble et le plus respecté, mais son père maugrée et a prévenu : dans un an et demi Henrique devra entrer en apprentissage dans l'entreprise de carrelage de son oncle. – 39 – A dix heures, comme tous les matins, à quelques minutes près, Paula entre dans la padaria de la rua do Heroismo, face à la station du métro du même nom, échange quelques mots, les mêmes à quelques détails près que la veille, avec la vendeuse pendant que celle-ci pose dans le sac qu'elle lui a tendu les deux pains habituels, et croise en sortant le même vieil homme qui répond par un grognement à son salut. – 40 – La vieille Rosalina, assise sur le banc qui, à côté de la grille, du grand escalier solennel montant vers l'Igreja do Senhor do Bofim, s'appuie contre le mur de la première des terrasses qui s'élèvent jusqu'à ce cimetière où dort, comme elle veut le dire, son père, regarde ses deux petites filles Isaura (oh ce nom ! toute la prétention de Maria, la mère!) et Lucinda qui jouent à la marelle sur le large trottoir et fusille du regard la femme qui en passant dit que cela fait sale, que ce n'est pas permis.


8 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Italie, Portugal... Vous êtes une voyageuse infatigable !... :-)

Brigetoun a dit…

n'est ce pas ? même si je trouve que Montfavet (un quartier extérieur) ou Villeneuve lès Avignon c'est un peu loin...

tanette2 a dit…

Je suis actuellement en Italie, je vois qu'elle est venue jusqu'à toi, c'est bien pratique.... Bonne journée

jeandler a dit…

Porto, Italie, des envies de voyages.

Brigetoun a dit…

merci Tannette !

Brigetoun a dit…

Pierre et des voyages sans trop de fatigues (quoique Porto c'était assez crevant à la fin)

Claudine a dit…

Je me souviens surtout d'une ville tout en escaliers vertigineux

Brigetoun a dit…

Comme je voyageais en voiture Google n'ai pas eu accès aux escaliers s(mais les imagine) ni à la plupart des nombreuses petites rues, mais à certaines et on réalise!