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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, mai 19, 2022

Un dialogue inaudible et un trajet


rue du Commerce

La rue du Commerce était presque vide en ce début d'après-midi, juste après la rentrée des classes, la reprise du travail dans les bureaux, un peu avant que les cars déversent les touristes ayant déjeuné à Arles. Un mini-bus électrique venait de me croiser, un groupe avec enfants sortait d'une boutique avec des cornets de glace, deux femmes de l'âge que l'on dit sans, quand le corps s'avachit un peu, venaient face à moi louvoyant pour regarder les quelques façades de mode féminine et à une centaine de mètres devant moi un couple marchait la main dans la main. Il était assez grand, jeune encore et sans doute plutôt beau disaient les épaules larges et les hanches sans graisse, nuque droite sous un faux panama ; elle était presque de même taille, mais pas tout à fait, et je voyais son visage de trois-quart levé vers lui pour donner force à ses remarques. Ai regardé une boutique de savons, ai pensé qu'il fallait que je regarnisse ma réserve de Fer à cheval ou de Marius Fabre, ai retourné tête vers le bout de la rue, ils avaient légèrement ralenti et instinctivement en ai fait autant, il avait tourné la tête vers elle, il répondait, son nez impérieux parlait désaccord, peut-être était-ce illusion de ma part, mais j'ai vu qu'elle tournait légèrement l'assemblage de leurs mains en les balançant pour se dégager. Me sentais un peu coupable de les presque espionner mais m'en amusait, et quand se sont arrêtés devant un salon-de-thé-restauration-rapide au décor délicieusement et ridicule féminin sous une guirlande de fleurs artificielles je me suis prise de passion pour le contenu de mon sac, puis pour la recherche d'une photo à prendre, ai ajusté au dessus d'eux sur la tranchée de lumière de la ruelle à l'entrée de laquelle ils discutaient, ai hésité, et puis simplement me suis adossée à la vitrine blanche d'une boutique abandonnée de l'autre côté de la rue et j'ai rêvassé en regardant sa bouche à elle s'agiter, comme ses boucles, son impassibilité dubitative à lui, sa main à elle qui retrouvait la sienne, qui le trainait devant le menu affiché sur un panneau, la main libre qui montrait, qui détaillait, le menton levé vers lui, la façon dont il se penchait vers elle, tournant la tête pour me laisser voir un sourire patient puis amusé puis résigné puis tendre, et ils se sont dirigés vers la porte, les tables de bois bleu pale derrière la vitrine pendant que reprenais mon chemin.

(ma contribution à la première proposition de François Bon pour l'atelier dialogues, en l'occurence un dialogue non perceptible)


Ce mercredi ce fut un trajet vers la rue Pasteur dans la belle chaleur en pensant au choc de la surprise d'une attention imméritée trouvée dans notre niche à courrier et à la réponse que pouvais y donner...



et puis comme les candidats « scolarité » étaient moins nombreux en ce jour joyeusement languide que les bénévoles, suis revenue plus tôt que prévu, saluant au passage les chapeaux du bout de la rue des Fourbisseurs en pensant à Laurence B.

6 commentaires:

Claudine a dit…

j'aime bien votre texte <3

Brigetoun a dit…

merci Claudine, me remontez un peu le moral (sourire)

Raymonde Wicky a dit…

Trop bien, l’espionne! (Moi aussi, parfois)

Brigetoun a dit…

merci Raymonde (il y a un peu de fiction tout de même)

Dominique Hasselmann a dit…

Mon commentaire n'a pas dû vous parvenir...

Voici :

"Lever la tête et dire "chapeau" vers le ciel, un mouvement logique aidé par l'installation !"

Brigetoun a dit…

de fait il ne l'était pas (et viens de trouver celui)ci dans les spams) merci à vous