Partir résolue
et rencontrer ciel absent,
le froid oublié
pour ce jour de rencontres avec des chercheurs et des représentants d’autres lieux (ou d’un autre, n’avais pas exactement compris) d’accueil de mineurs isolés et familles non régularisées : cela fut un acte manqué ou la confirmation de ma sénilité : n'en avais plus envie et me suis trompée de lieu... ai attendu un quart d’heure dans Rosmerta endormi, ai conclu à mon erreur, en ai eu confirmation en relisant un mail, 1/2 trop tard, une fois rentrée... ai décidé, essayant de ne pas en être soulagée, de ne pas rejoindre avec ce qui aurait été un peu plus d’une heure de retard le Fenouil à vapeur (je n'avais pas compris au départ que ce serait un truc genre séminaire avec de petits jeux… ce qui éveille en moi une tentation grande de flanquer la pagaille, tentation à laquelle je résiste bien entendu mais qui ne m’aide pas à adhérer au groupe)
Fait gros déjeuner, ai plongé dans une longue sieste, ai lu, ai écouté, me suis demandée encore vaguement ce qu’allais faire pour le prologue de l’atelier d’été de François Bon sur une proposition à laquelle ai répondu en 2019 et reprends ci dessous mon premier texte pour la troisième boucle de l’atelier de printemps qui s’interrompt pour un temps avant le #3
aube depuis la chambre perchée
Sous une image qui prouve que capter ou imiter l’aube est impossible, elle est insaisissable
Je me suis levée trop tôt dans la chambre pendue au dessus du jardin sous les combles de la maison endormie. De la fenêtre ne voyais que des nuances de noir dans le bruissement, la sensation infime du crissement de l’air veillant sur le monde, avec juste la tache banche comme une grosse étoile tombée d’un lampadaire un peu plus loin au tournant de la route sortant du bourg au delà du profond enclos. Me suis recouchée, la joue posée sur le drap. Quelque chose comme une idée de luminosité se glisse sous mes paupières et je me redresse sans être certaine d’émerger du sommeil. C’est une modification de l’obscurité sur les lattes du parquet où je pose les pieds dans ce qui me semble une négation du moindre son ; un silence si intégral qu’impossible enveloppe l’absence de paysage que découpe le carreau de la lucarne. La nuit retient son souffle et les noirs se sont dégradés en une clarté qui est manque de lumière comme un passage au blanc peuplé de formes vagues que seul le souvenir renaissant de ce que j’ai vu hier en prenant possession de la chambre identifie vaguement. Je reste là. Dans la même attente que l’air, le son, la lumière, la terre et les arbres. Je reste là. Pour une fois ma solitude se noie dans la même fragilité, la même vacance que le son, la lumière, la vie, dans cette attente. Est-ce que je tremble ? je frissonne comme la taupe blottie dans son terrier, comme les oiseaux invisibles qui n’osent chanter. Il y a le froid, la chaleur des draps qui s’enfuit. Il y a la pensée qui me vient et un frémissement dans les branches de l’olivier, le pin qui dessine son dôme et le timide bleu qui s’éveille lentement… le miracle survient encore une fois, nous, taupe, air, oiseau, branches, nous retrouvons chacun notre je et c’est la défaite de la nuit. Je vais boire une gorgée d’eau en penchant la tête sous le robinet de la salle de bain, je laisse entrouverte la porte de ma chambre, je me rallonge en attendant que s’éveillent les bruits de la vie dans le navire qu’est cette maison sous moi, je me prépare à remettre mon jour à leur suite.
5 commentaires:
Mineurs isolés… sauf dans les manifs contre l'extrême droite et ses copies… ;-)
ils n'y participaient pas.. mais étions là pour eux (entre autres)
« Nuances de noir » et nuances du texte. Comment dire l’émergence de l’aube qui varie suivant les saisons. Moments suspendus où la signification de soi dans cette absence de parasitage semble se révéler.
Pierre où on peut aussi se mettre en vacance du moi et participer à l'attente comme les arbres, les,oiseaux et la lumière
Oui, à cette disponibilité.
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