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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, juillet 02, 2024

Festival - jour 3 - un texte de Marie N’Daye et un Quichotte dans la nuit d’un jardin

 


Après avoir mis en place le #10 que je n’osais pas publier pour l’atelier d’écriture de François Bon, avoir pensé et dit que ne pouvais trouver porte d’entrée pour le #11 et du coup l’avoir pondu vaille que vaille, l’ai laissé reposer  et m’en suis allée un peu avant seize heures sous un ciel bleu et dans petites rafales passagères



vers le Théâtre des Halles, 



pour le second des spectacles pour lequel ai pris un billet, pleine d’attente parce que j’aime leurs choix et parce que :



sous cette photo (©Regis Espanet Studio E.R.E.- le site du théâtre indiquait

Texte Marie NDiaye. Adaptation Waddah Saab et Blandine Savetier

Mise en scène Blandine Savetier

Une universitaire (Natalie Dessay impeccable plus, y compris bien entendu quand seule en scène elle accompagne sa réflexion d’un chant) veut écrire un roman sur Maria Martinez, chanteuse cubaine du XIXe siècle qui connut une célébrité éphémère et le racisme à Paris, avant de disparaître dans la misère. Elle est approchée par une mystérieuse artiste noire, Marie Sachs, qui se conçoit comme une réincarnation de Maria. Entre l’enseignante privée d’inspiration et l’artiste fantasque naît une relation faite de fascination et de rejet. Ce spectacle déploie tout ce qui fascine chez Marie NDiaye : étrangeté, cruauté, style somptueux et profonde compassion pour les êtres malmenés, spoliés. Une œuvre baroque où le théâtre et la musique sont constamment mêlés.

Et passé le plaisir du texte, de ce jeu de l’universitaire pendant son assez long monologue introductif, je me suis sentie (fatigue, mauvais goût ou idiotie de ma part ?) gênée peu à peu quand s’incarnent Maria et Marie Sachs en une actrice, très belle, pleine d’énergie mais qui, sauf à deux moments, porte des tenues baroques qu’elle supporte avec brio  mais qui relèvent plus du cabaret ou d’un « regard blanc sur ce que doit être une noire se donnant en spectacle » que de ce qui est dit de la cantatrice cubaine passée  par le conservatoire de Madrid et donnant des concerts à la cour, et qu’elle ne chante pas tout à fait assez bien pour que prenne vie le texte de Marie N’Daye, tout comme ses danses avec le musicien (aux tenues assez grotesques) qui… bon c’est moi… m’ont fait penser, surtout la dernière à une médiocre parodie des Maîtres fous de Jean Rouch, rendant contradictoires par cette presque caricature  la thèse proche de celles du CRAN que son personnage soutient,  notre incapacité en tant que blancs à comprendre ou est-ce justement cela (mais je voudrais avoir l’opinion d’un de mes jeunes amis) … je me risque à l’exprimer maladroitement même si à la réflexion je pense que ni cette troupe ni Marie N’Daye ne sont responsables de cette réaction épidermique due à ma mé-forme (passagère je l’espère), à mon incompréhension



retour en tournant un peu en rond pour expulser ce moment de mauvaise humeur, posté le #11 de l’atelier, préparé photos et ce qui précède, lu un peu sur internet pour soulager ma culpabilité  et mon besoin, préparé souper, et m’en suis allée, tout près, aux jardins de Mons (Maison de Jean Vilar) pour assister, en grande attente, depuis une place au cinquième rangs  malheureusement, à un des premiers spectacles choisis dans le in : « Quichotte » un spectacle adapté de Miguel de Cervzntes et mis en scène par Gwenaël Morin avec, dans le rôle titre Jeanne Balibarn accompagnée de Thierry Dupont, Marie-Noëlle et Léo Martin

Qu’il enchaîne les tragédies de Sophocle en pleine campagne sous une pluie battante ou qu’il joue Shakespeare à grande vitesse, les spectacles de Gwenaël Morin donnent l’impression de s’inventer sur le vif. De Don Quichotte – l’hidalgo qui voulut vivre comme dans les romans de chevalerie – le metteur en scène a gardé la volonté farouche d’éprouver le théâtre au contact de la vie. Il se lance à l’assaut du chef-d’œuvre de Cervantès avec la promesse de le mettre sens dessus dessous, entouré par une équipe fantasque : Jeanne Balibar en héroïne picaresque, Marie-Noëlle qui campe sa monture, Thierry Dupont en Sancho Panza et lui-même dans le rôle de l’âne portant fardeau… Depuis 2023 et pour quatre ans, Démonter les remparts pour finir le pont invite Gwenaël Morin à créer pour chaque édition une pièce à partir du répertoire et en relation avec la langue invitée. 



Gwenaël Morin :  Dans le roman, Cervantès se demande comment, à un moment donné, une philosophie de vie produit une transformation du monde. Je suis profondément habité par ce désir héroïque de faire du théâtre, non pas avec une lance mais en travaillant la réalité pour la transformer à partir des outils du théâtre. Quand je pense à ce personnage, je pense d’abord à Cervantès lui-même qui, à 24 ans, participe à la bataille de Lépante où s’affrontent la flotte ottomane de Sélim II et la flotte de la Sainte-Ligue qui sortira victorieuse. Lui se fait capturer et réduire en esclavage par les Turcs. Pendant cinq ans, la littérature est son refuge : une mise à distance du réel.

Ce roman épique peut aussi se lire comme une sorte de parodie. Il montre ce qui se passe quand les textes sont utilisés pour diffuser une idéologie qui transforme la réalité. Cervantès avance l’idée que certains combats n’ont parfois aucun sens et détruisent ceux qui les mènent, au nom de ce qu’ils ont lu…

Je n’ai pas du tout cherché à rester fidèle au roman, à en faire une sorte de rébus à partir d’épisodes emblématiques. J’ai décidé de m’emparer du texte par effraction. Comme s’il s’agissait d’une sorte de manuel de théâtre. Par chapitre, j’ai essayé de dégager des matières, des modes de théâtralité spécifiques à partir de la narration, des dialogues, de l’action…

Et autres choses de grand intérêt… il y a aussi dans les pages de Libération destinées au Festival que l’in trouve dans l’entrée de tous les lues ou presque du Festival une longue et belle interview de Jeanne Balibar.. On lit et puis on oublie parce que bien digéré il reste deux heures un peu potaches et pas désagréables du tout avec de petits lueurs de sens, leurs talents respectifs, l’intelligence et la très belle voix de Jeanne Balibar, des silences, des moments où le spectacle flotte, des moments où ils s’amusent un peu indépendamment de nous, mais on ne leur en veut pas, des passages à vide, la grande envie que j’ai eue de les embaucher pour faire danser mes livre et m’en débarrasser, le vent qui emporte les voix murmurées et puis de beaux moments criés ou presque… et mes photos toutes bonnes à jeter. 




4 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Le "Quichotte" avec Jeanne Balibar (fille du philosophe qui a publié récemment deux grands articles dans "AOC" sur la situation politique actuelle), sûrement un beau spectacle.

Il reste tant de moulins d'extrême vent à abattre !!! :-)

Brigetoun a dit…

totalement déjeanté mais d'autant plus secourable (et elle fait partie d'une nuit de solidarité pour la Culture (qui ne saurait être brune) à laquelle vais essayer d'assister... mais me fais un peu peur là et abandibbe trio amis locaux)

mémoire du silence a dit…

Ô ! Comme j'aurais aimé voir le Don Quichotte avec Jeanne Balibar que j'adore +++ ... son talent multiple, ses engagements... merci
(elle a un bel article dans Télérama cette semaine)

Brigetoun a dit…

oui mais en fait (était ce le vent qui nous rendait foux) ce que j'ai vu était bie plus "n'importe quoi" que ce que laissent supposer les articles... différent mais bien quand même (mais pas pu avoir malgré bagarre ce matin une place pour la nuit militante... u ami syndicaliste me l'avait signalée avant que l'organisation ne se mette sur pied et c'était trop tard ce matin)