du végétal et du minéral .. et de l'amitié
Ce truc là est vertical et masque des étages de voitures. J'étais dubitative cet hiver pendant l'installation, mais finalement ce n'est pas mal ; simplement un peu incongrue cette grande surface hybride en bordure de la grande place avec ses quelques arbres, beaucoup de bitume, une vieille tour et des cars. Et au rez-de-chaussée il y a les halles, vers lesquelles je m'en vais, après avoir compté mes sous et inventorié mes désirs.
Hier matin j'ai fait un détour par la rue des Teinturiers parce que je l'aime bien et que je ne prétends pas à l'originalité. Grand charme, légère odeur d'eau croupie et ce joli sol sur lequel je fais avancer mes pieds à la plante gonflée .. et les pierres-bancs d'une grande douceur.
Saut de page. - de François Bon, sur http://www.tierlivre.net : "Amitié : amitié pour l'inconnu sans amis disait Maurice Blanchot, cette phrase je l'ai longuement portée, comme un impératif, une résonance. Reste qu'on finit toujours par se trouver quelques compagnons : ils sont là-bas, ils sont peut-être loin ou sur d'autres modes de compréhension du monde, mais cet inconnu palpé à mains nues ils savent.." Ne pas confondre cependant, et il ne le fait pas, compagnonnage et amitié.
Dans le même texte, un peu plus haut "Mais après, quand on se lance ensemble dans le travail, c'est solide, c'est fort. Ce sont aussi des amitiés qui comptent : amitié dure, qui n'inclut pas l'affectif.." à mon avis ce dernier n'est pas totalement absent, et cela persiste au moins tant que dure le travail commun.
Comme du bonheur, je me suis longtemps défiée de l'amitié, ou je l'offrais d'autant plus facilement qu'elle avait peu de chance d'être réciproque. Je me voulais petit soldat farouche de ma seule cause, ou ce qui en tenait lieu. Et j'ai la surprise d'apprendre que se souviennent de moi des amies d'enfance, desquelles nos trajectoires m'ont tellement éloignée et "dissemblée". Autour d'une théière, avec du sirop d'orgeat ou ce que l'on voudra, dans leurs belles maisons, nous ne trouvons pas grand chose à nous dire, mais nous nous sourions, et les lettres sont arrivées quand il le fallait - Toujours François Bon : "J'ai répondu à l'ami, inversement, que ses propres enfants on avait la surprise de découvrir, quand ils grandissent, qu'ils interviennent là dans votre univers comme amis"..et ça, j'espère bien, en tant qu'enfant, que ce fut vrai.
J'ai vu après coup hier soir que Berlol renvoyait justement à Tumulte de François Bon - et tant pis je garde - J'écoutais, en m'énervant vaguement contre blogger, des passages des Indes Galantes de Rameau donnés par Magloire au Théâtre des Champs Elysés et j'ai poursuivi, toujours baignée dans ce confort joyeux, par l'enregistrement des suites des Boréades et de Dardanus par l'orchestre du 18ème siècle chez Philips.