La matinée de dimanche est mure, mais je suis toujours dans mon long tee-shirt orange de la nuit, cendrier dans une main, cigarette dans l'autre, appuyée au mur sous la maternité et la casserole de cuivre, les yeux dans un vide qui, pardessus les pots du muret de la cuisine, se termine assez vite sur le sous bassement rouge passé et la bibliothèque.
Pas décidée à intégrer complètement ma carcasse qui semble vouloir laisser une vague douleur se réveiller, je pense que je devrais faire du café et relever mes cheveux en chignon pour la douche.
Pour retarder ce semblant d'activité j'attrape un crayon et un papier et note ces sottises. Mon oreille droite entend les nouvelles de France Inter mais, par l'oreille gauche m'arrivent, plus ou moins assourdies par les distances, les cloches qui, notes par notes, peuplent le calme de la ville, se répondent, réveillent les bruits imperceptibles de la vie qui s'ébroue, sous un ciel blanc, assez haut, dans une petite fraîcheur aigrelette.
Arrêter le temps. Aux nouvelles a succédé Paolo Conte et les cloches se sont tues. La chaleur du radiateur contre mes jambes devient insupportable, je décolle mon dos et rentre très doucement dans la journée. Privilège de l'âge.
J'ai écouté, pendant que la nuit s'installait, sur France Culture, Cris de Ohana, en hommage à Alain Trutat, et constaté à nouveau combien j'ai du mal à écouter de la musique dite contemporaine (près de quarante ans tout de même) autrement qu'en concert. Manque de concentration ? Qualité du son que le cerveau ne corrige pas automatiquement comme avec du classique ou même du jazz ?
Découvert qu'il y a de l'agitation à Tahiti et que l'on n'en parle guère,.. et que mes élucubrations (citées samedi) pour Paroles plurielles possèdent au moins un caractère d'obscurité et de confusion, Coumarine m'ayant interrogée, par mail puis en commentaire chez elle, sur leur sens. Début de sénilité ? Je m'en vais dîner.
16 commentaires:
je viens te voir en pleine nuit Brig, puisque c'est le moment de mon retour, mais je reviendrai pour compléter mes informations... je souhaite que tu ailles du mieux possible, bon début de semaine.
Comme j'ai vu ton commentaire je me suis douté qu'un nouveau billet ne soit publié à cette heure tardive de la nuit. Profite donc pour venir te souhaiter une bonne nuit et une bonne semaine.
J'aime beaucoup Paolo Conte.
Ton entrée dans la journée d'hier semble avoir été difficile, que la semaine qui débute, te soit plus agréable.
te voir écrire de sénilité m'effraye Brig, je ne te crois absolument pas "vieille" et ce n'est pas du tout parce que nous partageons une année de naissance...
je pratique peut-être l'auto ironie N
Moi, je les aime bien tes élucubrations pour paroles plurielles, et en plus, je les comprends très bien, j'avias l'impression qu'elles étaient comme l'écho intèrieur de mon texte sur le même thème... une fois, coum' a trouvé que l'un de mes textes était très hermétique, j'y avais réfléchi aussi, et puis, peu importe, hermétique peut-être, mais , ça me plaisait de l'écrire ainsi !
Et là, je me promène chez toi ce dimanche, comme si j'y étais, les yeux dans le vague, je sais bien ce que c'est que ce regard ...
J'étais samedi à Marchienne au Pont, j'étais dimanche en Avignon...joli week end, non ?
La vie qui s'ébroue et la fraîcheur aigrelette...sont encore bien loin de la sénilité. bonne journée.
J'espère au moins que tu as bien diné...
j'aime le son des cloches, ta phrase est superbe
par contre je suis réfractaire à la musique contemporaine, trop intellectuelle pour moi
Qu'annoncaient les cloches ? Des bonnes ou des mauvaises nouvelles ?
A moins que ce ne soit la simple turpitude horaire qui se répète à l'infini.
[très belle évocation de leur sonorité au demeurant]
je rêve parfois d'avoir ta "sénilité" ;o)
bonsoir Brigetoun , dors-tu bien au moins? la musique contemporaine??et l'art abstrait ? notre cerveau contracte bien des habitudes dans notre jeunesse , j'en sais quelque chose bien plus que toi!!et on voudrait pouvoir tout garder peut-être faut-il fermer quelques portes derrière soi,c'est ça le plus difficile .. les blogs m'ont un peu stimulée et toi?
bien amicalement
Les cloches du dimanche matin ! Gaies, elles donnent envie parfois de s'ébrouer plus vite et de filer chercher le bon pain frais ou les croissants, symboliques du week-end. Est-ce la même chose dans toutes les villes de France ?
sans doute sauf : qu'à Paris je n'ai jamais entendu de cloche sauf quelquefois Notre Dame il me semble, que je ne mange pas de croissant et qu'il n'y a pas de boulanger ouvert dans mon quartier le dimanche
ah, non, je revendique la sénilité! c'est mon anniversaire aujourd'hui, enfin pour une petite demi-heure encore, m'habituer à avoir un an de plus...
Bon, Donc c'est pas pareil dans toutes les villes Brigetoun !!
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