les halles étaient pleines de victuailles, de vendeurs annexes et de clients dès samedi (aujourd'hui sans doute d'avantage). J'ai mis du temps à en sortir, incapable que j'étais de m'imposer, en pleine conscience de la modestie de mes achats, mais sauvée par ma complicité de cliente habituée. C'était joyeux et joli. Les différentes sortes de morue ou les poissons et crustacés plus sophistiqués, les pommes et mendiants ou les fruits exotiques, la trentaine de chèvres étaient discutés et évalués en famille. Le soin apporté aux choses simples et bonnes.
Et puis, derrière ce flou qui est ma porte, je me suis réfugiée dans mon flou pour rire de choses stupides - goûter le plaisir d'un corps qui se laisse presque ignorer - je vais peut être arriver à remettre en marche mon cerveau. Mais je rêve tout de même d'un cadeau : que des mains assez fortes pour dévisser les ampoules grillées et démonter l'applique de ma salle de bains s'égarent par ici.
Et j'ai revu she wore a yellow ribbon de John Ford, plaisir des situations convenues, des mouvements éblouissants de la cavalerie et de la caméra, de la musique, du Technicolor et de la charge des chevaux dans la nuit mais... nous avons perdu notre innocence.