commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, février 14, 2008

Quand les lieux familiers sont « désacralisés » - trouvé chez François Bon le fantôme de Céline dans le passage Choiseul, et un escalier montant vers un appartement donnant sur la galerie, http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article254 et réalisé que pendant près de quarante ans jamais je n’y ai pensé, me bornant à l’arpenter, aux livres démarqués de l’entrée, à des frusques itou (la source de ma garde-robe), à l’achat d’un peu de riz et de crevettes, ou d’une barquette de couscous, ou de piperade, selon les jours, et pour l’escalier, qui devait être semblable s’il n’était pas le même, à des escalades, difficiles avec une jambe juste déplâtrée dans ce colimaçon étroit, vers une kiné et des fous-rires.
Une envie de bouder futile. Me suis rencognée (dans l’imaginaire, suis un peu sortie et mon antre est sans fleur ni rideau, même aussi délicats) dans la quiétude pour savourer les épaules et pieds au chaud les descriptions cosmiques de l’hiver sur les vallées inondées de Batailles dans la montagne » de Giono (long mais le livre est torrentiel) : »Les rames se relevaient sans bruit, sans même un grincement de taquets et plongeaient ; alors, devant le radeau l’eau craquait légèrement comme de la paille ou comme si on avait écrasé une gerbe de blé. Le froid avait maçonné toutes les cloisons du nez. Il n’y avait plus d’odeur et c’était tout de suite une chose qui donnait l’idée d’un grand désert ; car il y avait déjà cette pureté et immobile sur laquelle l’œil s’étonnait, puis on ne pouvait rien entendre ; alors il fallait sentir une odeur, mais le froid avait franchement aboli cette dernière ressource…. Sur la paroi gauche de Sourdie où ils devaient aller toucher bord et qui s’était rapprochée, agrandissant lentement ses couleurs pures dans le vide du ciel comme une tache d’huile, apparut brusquement, avec tout le détail du crépitement de ses branches nues, un grand fayard tout glacé. Le givre qui couvrait ses branches grouillait de lueurs étincelantes ; l’arbre était comme une construction de braises sur laquelle souffle le vent…. »
Terre gâchée, ménage dans l’attente du concert du soir : Ives et Beethoven.
Quelques très jolies robes chez les violonistes. Notre jeune chef d’orchestre, Jonathan Schiffman, son accent plus britannique qu’américain et ses gentils commentaires sensibles et pédagogiques pour présenter les petites pièces d’Ives qu’il avait mis au programme. « Putnam’s Camp » plaisir de l’évocation des fanfares d’amateurs – ce qu’il faut de dissonances et de distance nostalgique. « the Housatonic at Stockbridge » que j’ai moins aimé pour le côté hollywoodien, malgré une assez jolie complexité.
Et puis le concerto N°4 pour piano de Beethoven, dit « concerto deBonne-maman » dans la famille. Vitalij Kuprij, le pianiste ukrainien, une veste atroce, un air gitan malgré le châtain de la chevelure à secouer un peu. Jeu sensible dans les dialogues, et en belle dentelle claire sur le chant de l’orchestre. Pendant un temps, j’étais séduite par sa façon de regarder l’orchestre et d’avoir même des gestes d’invitation pour lui, mais j’ai fini par éviter de le regarder pour me borner au son, agacée par trop de démonstrations. Plaisir de la familiarité de cette musique et de l’exécution (pourtant : impression toute personnelle de qui n’a aucune connaissance mais accorde de l’importance à son « ressenti », il m’a semblé que le tempo adopté pour l’andante était trop lent). Heureuse pourtant.
Malheureusement (mais la salle a adoré) trois bis de virtuosité pure qui m’ont gâché un peu rétrospectivement le concerto. Ce pianiste couronné, célébré pour ses « performances », m’apparaissant passablement histrionique
.
Au début de la seconde partie, encore Ives, avec « the unanswered question », la pièce que j’ai le plus sincèrement aimée, soi-disant simple, pas tant que ça, pure, passablement bien construite. Le quatuor à vents (je trouve que nous avons de bien bons musiciens) était dans une loge presque face à moi, un peu en biais, en contrebas. Un beau moment.
Pour finir la 5ème symphonie de Beethoven (dans mon inculture je préfère la 4ème et la 8ème, mais c’est bien beau). La pince à linge a attaqué vaillamment. Une fois encore, j’ai aimé tout spécialement Madame le premier hautbois, les clarinettes et le premier basson. Une fois encore pourtant, j’ai eu l’impression, erreur certainement de ma part mais c’est ainsi, que l’andante l’était un peu trop, empêchant les motifs introduits de chanter vraiment. Détail, et sans doute fonction de mon humeur. M’en suis rentrée toute contente.

Sur les promesses de notre cher Président, et leur financement, à propos de l’aide aux élèves, http://brigttecelerier.blogspot.com

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Passage Choiseul. À mon prochain séjour, j'y vais. Les lieux, lorsque l'on en connaît l'histoire ne sont plus les mêmes.

Accent Grave

Rosie a dit…

Et bien la randonnée à été bonne aujourd'hui pour se terminer par un magnifique condert, en plus des lectures que tu as faites.

J'aime beaucoup tes photos.

Bonne St-Valentin et bisous.

Brigetoun a dit…

on a le droit de dire qu'on n'est pas cocerné par la Saint Valentin ?

FalconHill a dit…

On a le droit de tout dire, le contraire serait désespérant.

Sur la promesse de l'aide aux élèves, un modeste lien d'une amie de blog : http://cybermamies.hautetfort.com/archive/2008/02/12/desarroi-d-un-principal.html

Sur les photos d'intérieur, cela me donne envie d'aller voir ce qui se passe dans les théatres et salles d'Avignon : je ne connais pas. C'est un manque.

Bonne journée

Anonyme a dit…

L'arbre, le fayard, "en construction de braises", sous le givre: de quoi illuminer toute ma journée!
Torride, en effet ce texte plain d'assonances. Belle préparation à Ives et au concert. Ta critique me ramène souvent à bien des interrogations personnelles faites dans des conditions identiques.La technique étouffe ...

Anonyme a dit…

comme elle est belle l'écriture de Giono!
riche, évocatrice
"l’arbre était comme une construction de braises sur laquelle souffle le vent…. » superbe

jolie critique du concert, on s'y croirait

Anonyme a dit…

Parler d'inculture en ce qui te concerne, j'ai l'impression de prendre ça pour moi. Je n'ai lu " que ma joie demeure de de Giono " inoubliable.

Anonyme a dit…

J'aime bien vos critiques des concerts. Etes-vous musicienne ?

Brigetoun a dit…

non je chante faux et j'en suis restée à un an de piano chez les bonnes soeurs vers six ans.Je fais partie de ce truc indispensable : le public, sans autre culture musicale que celle que me dicte mon plaisir et pas mal d'écoutes. Ce pourquoi je dis sans doute des énormités pour un musicologue, mais personnellement cela m'indifère

OLIVIER a dit…

Ma chère Brig,
Je te trouve bien exigeante quelques fois, un peu bougonne ;)
Rassure toi, je n'ai pas mal pris ton mot chez les impromptus. Je peux avoir le blues mais la souffrance je connais pas.
Si toi, tu es inculte que devrais-je dire...
Qd à notre Président, il est pitoyable...
A plus,
OLIVIER

Unknown a dit…

Brigetoun, tu fais peut-être partie du "public", tu es un très bon public, exigeant certes, mais ressentant la musique, et sachant très bien nous faire partager ce ressenti.
Bonne soirée !

Anonyme a dit…

Tout a été dit, et excellemment, avant moi, mais ton billet est juste et beau. Giono, quel grand.

Mais sur le couplet du "je chante faux", entonné par Brigetoun, je ne le crois pas, tant elle nous habitue à des autocritiques mal placées ;-D