activité, allacrité en accord avec notre moyen petit vent, présence des avignonnais, sauf aux Halles qui, par contre, étaient surtout fréquentées par des touristes, et nous avons posé, avec mon poissonnier, pour une batterie de photographes (enfin , ce n’était pas la montée des marches et ils ne gueulaient pas) Vent qui nous assurait un ciel bleu mais qui, avec l’aide des nouvelles chaussures finalement mal choisies, d’une robe boule se faisant ballon, de deux paniers et du sac contenant les futures nouvelles chaussures qui s‘obstinaient à se mettre en drapeau, s’est emparé de moi au coin de l’opéra, me faisant reculer sous l’œil ironique de gentilles grosses dames. M’a fallu pour arriver à la rue Saint Sébastien un temps et des efforts dignes d’un roman d’aventures.
Je me suis interdit la vente privée de Ventilo, et me suis installée devant le théâtre qui se déroule à l’assemblée, avec les différents niveaux de sincérité, des passages où l’automaticité du langage s’avère navrant, des phrases et indignations attendues, mais de vrais talents, sérieux ou comiques, et sous les mouvements exagérés de réelles tensions, parfois à peine devinées.
Et quand je laissais reposer ma machine, ou qu’ils se reposaient entre deux lois, je terminais, quittant l’écriture de la poésie - et la lucidité que l’on se doit - dans « l’instinct de ciel » de Jean-Michel Maulpoix, pour les histoires d’écrivains ou de livres, ou de lecteurs, prétextes ou objets des nouvelles, ma dernière découverte (toujours en retard suis) Roberto Bolzano avec « appels téléphoniques » , et, au-delà de ma première réaction vaguement ennuyée par l’intérêt des récits mais leur presque banalité, même dans le tragique, une impression de distance, d’absence, je me suis laisée envahir progressivement, lentement, en y entrant, par son monde, une vision un peu à coté et une très légère étrangeté qui éclaire notre réalité. Et les fins qui n’en sont pas, ouvertes, ou retombées, comme après la saga en quelques pages de la vie de Clara « je passe toutes les nuits à me demander où elle pourrait être, me dit-il. Au ton de sa voix, à la tournure que prenait la conversation, je compris qu’il avait besoin de mon amitié, de l’amitié de n’importe qui. Mais moi je n’étais pas en mesure de lui offrir une compensation »
Et quand je laissais reposer ma machine, ou qu’ils se reposaient entre deux lois, je terminais, quittant l’écriture de la poésie - et la lucidité que l’on se doit - dans « l’instinct de ciel » de Jean-Michel Maulpoix, pour les histoires d’écrivains ou de livres, ou de lecteurs, prétextes ou objets des nouvelles, ma dernière découverte (toujours en retard suis) Roberto Bolzano avec « appels téléphoniques » , et, au-delà de ma première réaction vaguement ennuyée par l’intérêt des récits mais leur presque banalité, même dans le tragique, une impression de distance, d’absence, je me suis laisée envahir progressivement, lentement, en y entrant, par son monde, une vision un peu à coté et une très légère étrangeté qui éclaire notre réalité. Et les fins qui n’en sont pas, ouvertes, ou retombées, comme après la saga en quelques pages de la vie de Clara « je passe toutes les nuits à me demander où elle pourrait être, me dit-il. Au ton de sa voix, à la tournure que prenait la conversation, je compris qu’il avait besoin de mon amitié, de l’amitié de n’importe qui. Mais moi je n’étais pas en mesure de lui offrir une compensation »
ou l’histoire de B qui « écrit un livre où il se moque, en la travestissant de diverses façons, de certains écrivains," dont A à la gloire naissante puis affirmée, et des interrogations de B, de plus en plus nerveuses, jusqu’à l’angoisse, devant la bonne critique, le soutien de son modèle inavoué mais facilement identifiable, et leur rencontre finale : « Il reprend des forces, essaie de sourire, tend la main. Surtout,pense-t-il, éviter des scènes violentes, surtout éviter le mélodrame. Enfin, dit A, comment vas-tu. Très bien, dit B. »
Puisqu'il ne pleuvait plus dans ma cour et que mon copain le gecko était revenu, j’ai sorti les deux pauvres dernières terres que je n’ose plus toucher, ayant cassé et recollé un bras de chacune, pour les stopper en les laquant, et puis j’ai renoncé de peur d'aggraver ma migraine, mais me suis jointe à ma petite bonne femme pour contempler le petit oranger et lui demander
« tu es un peu fou, toi. Des feuilles jeunes et même des fleurs après trois ans de sommeil ? Est-ce que tu vas continuer ?
- tu attends quoi ? m’a-t-elle demandé
- des petites - restons modestes, de toutes petites - boules rondes d’une belle couleur, d’une douce odeur, que l’on appelle fruits, et, un peu curieusement vu leur taille, oranges. Il en portait quand il est arrivé
- tu crois que ?
- je n’ose pas - il faudrait qu’il soit vraiment fou
Alors elle lui a demandé de s'appliquer à en produire, parce qu'elle voulait les voir, mais il n’a pas répondu, et le sot totem, derrière elle, n’est pas intervenu - donc je l’ai rentrée avant que le soir ne tombe.
« tu es un peu fou, toi. Des feuilles jeunes et même des fleurs après trois ans de sommeil ? Est-ce que tu vas continuer ?
- tu attends quoi ? m’a-t-elle demandé
- des petites - restons modestes, de toutes petites - boules rondes d’une belle couleur, d’une douce odeur, que l’on appelle fruits, et, un peu curieusement vu leur taille, oranges. Il en portait quand il est arrivé
- tu crois que ?
- je n’ose pas - il faudrait qu’il soit vraiment fou
Alors elle lui a demandé de s'appliquer à en produire, parce qu'elle voulait les voir, mais il n’a pas répondu, et le sot totem, derrière elle, n’est pas intervenu - donc je l’ai rentrée avant que le soir ne tombe.
9 commentaires:
Une ballade par grand vent, mais le ciel bleu est si magnifique que quelques nuages blancs.
Tes photos sont superbes, et ta p'tite bonne femme et toi conversant entre vous deux à savoir si l'oranger te dispenserait ses fruits, c'est plein de fraîcheur, bravo, cela ferait un beau texte pour les Impromptus, un jour, si le thème s'y prête.
Merci pour ta main sur mon épaule, j'apprécie grandement, c'est difficile de traverser ces moments, je pense beaucoup à Marie ces jours-ci et souvent.
Bon mercredi et bisous de ta p'tite cousine du Québec.
Vous êtes passée chez moi pour y déposer quelques mots, merci.
Il s'agit bien de l'entrée monumentale de l'ancien couvent des Carmes (XVe) !
Souvent entre métaphores, formules poétiques et ellipses... je n'arrive pas à comprendre ce que tu écris ! Faut dire que je suis toujours pressé : je dois lire vite !
laisse lui le temps de se rappeler comment il a déjà réussi cet exploit et de se demander s'il peut encore le renouveler pour ton plus grand plaisir, et celui de ta bonne femme!
Belle journée Brig!
T'as bien fait ! Vive les attentes, ah...
Photographiques, bien sûr !
T'as photographié les livres s'en t'en approcher ? ;)
Quelle joli dialogue ! j'espère qu'elles ne seront pas bleues :)
Merci pour tes mots.
OLIVIER
Et tu es allée sans prendre de billet, découragée (peut-être), un aller simple sans retour escompté, mais avec détours, à pas comptés...la ballade de Brigitte sans attente impatiente sans tarder, un petit vent dans la voile te poussant te ramenant à ton logis.
Des photographes muets pour un poissonnier privé de son harangue, c'était un rêve?
Un peu jaloux du beau temps dont vous semblez bénéficier chez toi, je reste néanmoins toujours en admiration devant la qualité de tes choix de lecture et de tes propres compositions. Chacun de tes billets est merveilleusement ciselé.
Concernant le "théatre de l'assemblée", il faut dire que le jeu des "votes solennels" est en effet très convenu, tout comme les présentations de projets de lois, pour lesquels on voit des ministres, et les actuels sont, au surplus, sans aucun talent oratoire, réciter des discours d'une totale platitude, et écrits par leurs conseillers.
Face à eux, des assistances de plus en plus clairsemées, tant l'on fait jouer à nos députés-cumulards, le rôle de chambre d'enregistrement. Mais les débats, généralement, s'animent et deviennent plus intéressants et spontanés...
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