en arrivant dans ma salle d'eau samedi matin, douche pleine d'eau terreuse - un long temps pour l'évacuer et lavage dans l'évier comme dans des temps reculés - une heure au téléphone et une promesse de passage éventuel (très) - j'hésite à prévenir mes voisins, je me demande si ma terre n'est pas en partie responsable (et ne comprend pas comment) - et m'en va, branlante (pas uniquement l'émotion ridicule qui résulte de ces sottises, mais en partie - je deviens très sotte) et beau vertige avant de descendre vers la lumière, les rayons pleins, le vert plastique.

le frais se fait de plus en plus discret et les terrasses étaient en partie occupées sur la rive ensoleillée de la place

Retour en accrochant mes yeux à des objets devant moi, me halant virtuellement.
Des lectures dans l'après-midi, en attendant le coup de téléphone du plombier qui n'arrive pas, et reprise de "Une guerre. Détruire - les soldats" de Dominique Dussidour, de l'installation violente des soldats dans un village, des hommes à la main coupée, des femmes violées et des enfants http://www.publie.net/tnc/spip.php?article143
"Quand on naît la bouche broyée par la douleur de sa mère et les tympans broyés par la douleur de son père on n’a rien à dire ni à entendre. On désire les feux d’artifice qui brûlent dans le ciel en plein jour, on monte jusque sur la colline sur ses jambes grêles d’enfant de cinq ans afin de se tenir au plus près du théâtre d’ombres et on se glisse, ombre parmi les ombres, sous les buissons afin de regarder les fusillés qui tombent un à un dans les trappes souterraines où s’accomplit l’absence de la paix
broyé, on n’a pas peur
la bouche broyée ne craint aucun mensonge
les tympans broyés ne craignent aucun cri
un enfant broyé n’a plus peur."

vais-je (avec ma tendance instinctive aux comportements magiques) passer tout mon dimanche et les premières heures de lundi à regarder ma douche en crainte d'une inondation ?