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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, avril 22, 2009

"On avance et on écoute. Qu'on ait ou non la bouche ouverte et qu'on décrive ou non à haute voix ou à voix basse l'image, les paroles et le silence jouent le même rôle dans l'histoire... Qu'on ait connu ou non ceux et celles qui ont été détruits et détruites, les souvenirs sont les mêmes. On dit l'histoire à haute voix ou à voix basse avec la parole et la voix des autres. Qu'on soit amnésique ou non, on se souvient des souvenirs des autres. On continue à avancer dans l'image comme si elle était la continuation de l'espace noir. On continue à avancer ou on s'arrête et on écoute, on écoute l'image, les souvenirs des autres et l'histoire. On écoute à l'intérieur de l'image, on écoute avec sa bouche qui dit les souvenirs des autres et qui dit ses propres souvenirs. Souvent on écoute aussi avec la bouche des autres et même parfois avec la bouche des personnages de l'histoire. La bouche qui écoute produit du bruit et du silence. Que les souvenirs soient douloureux ou non, que l'histoire soit inventée ou non, la bouche produit du souffle, du bruit et du silence. L'espace noir est pour toujours à l'intérieur de l'image. L'espace noir est l'espace d'après le feu, l'espace noir est l'espace d'après la captivité et le feu. Que les souvenirs soient douloureux ou non, l'espace noir est l'espace d'après la douleur. On écoute ce qui reste dans la poussière après la douleur et la bouche produit du souffle, du bruit et du silence. Que l'image soit dite à plusieurs voix ou à une voix, qu'on entende plusieurs souffles ou un seul, qu'on accompagne un personnage de l'histoire ou plusieurs, la solitude est immense. ..."
"Avec les moines-soldats" de Lutz Bassmann, que je lis avec un peu plus d'un an de retard, après avoir goûté ce que j'en lisais ou ce qu'on en écrivait, après avoir eu le temps de laisser s'estomper ces lueurs, après avoir attendu d'en trouver un exemplaire d'occasion en tellement bon état que je me demande s'il a été lu. Et cela valait la peine d'attendre, grandement, totalement, alors j'ai entrepris d'abîmer un peu l'objet en dégustant les mots, avec un sentiment de découverte, de belle et bonne découverte.
Là il s'agissait de prisonniers, ce que je ne suis, ce que nous ne sommes pas, mais nous pouvons facilement trouver des images un peu décrépites, décourageantes mais avec la marque de l'humain, ce qui va bien à Lutz Bassmann, où le monde est toujours un peu plus proche du notre que chez Volodine, à mon humble avis - alors ces deux trucs là au dessus.
Et comme l'histoire et le souvenir peuvent ne pas être noirs ou pas totalement, ou fort peu, selon les bouches, une image de simplicité claire.

10 commentaires:

joye a dit…

Dis-moi, Philippe Petit va y passer, yes ?

Chr. Borhen a dit…

Pourquoi ce "que je lis avec un peu plus d'un an de retard" ?

pierre a dit…

J'aime ce fil ténu, tendu dans le ciel, en travers de la rue, pour un rapprochement... à une ou plusieurs voix.

Gérard a dit…

Une bonne mise en bouche

Brigetoun a dit…

paru au début de 2008

Chr. Borhen a dit…

Merci pour la réponse Brigitte. En ce moment, je (re)lis tout le théâtre de Sophocle, enfin ce qu'il en reste.

jean-claude a dit…

"Dans Haïkus de prison, on retrouve les violences de l’enfermement, le sentiment amer de la défaite, la promiscuité et la saleté, mais aussi un certain humour. Par exemple : « Personne ne s’est inscrit pour la chorale/l’animateur/est anthropophage. » En trois temps, Prison, Transfert et Enfer, Haïkus de prison raconte une histoire qui pourrait synthétiser l’œuvre d’Antoine Volodine : une humanité de détenus en perdition, déportés vers une destination inconnue par des soldats invisibles, se retrouve dans un camp de concentration. « Dans le brouillard sous les projecteurs/on ignore/à quel moment du cauchemar on se trouve. » Il n’y a plus de raison ni d’avenir possibles. Le désespoir n’est plus dicible. Aucune évasion n’est envisageable. Mais l’« Enfer » est‑il le camp, le froid ou les autres – l’idiot, le bonze judoka, le Russe assassin… – que côtoie le narrateur‑auteur de ces haïkus, dont la concision accentue ce qu’il y a d’irrémédiable dans ces destins ? Sans doute, tout cela à la fois…"
Télérama, n°3051, 2 juillet 2008
Mais qui est Lutz Bassmann ?
par Nathalie Crom

Avez-vous aussi lu ce livre?

"Le désespoir n’est plus dicible." La phrase marteau.

Brigetoun a dit…

uniquement de gros fragments

jean-claude a dit…

Liens trouvés sans les rechercher spécifiquement Haïkus de prison par Lutz Bassmann.

Ainsi Volodine EST Bassmann?

Brigetoun a dit…

s'il l'est, il choisit de dire que non - et quid des autres écrivains post-modernes. Je choisis, moi, de les lire comme autres mais proches.