jour de rien – de petite
brise qui poussait carcasse menaçante, et ses crispations internes,
en accord avec l'envie des halles,
jour de rien, de calme
imposé à ses paniques dans les attentes, heureusement courte pour
huile, palet et filet de morue,
jour de rien, de petit
sourire crispé, de poissons trop opulents, de choix d'une petite
barbue, de deux lisettes, d'un filet de lieu, de plaisanteries
rituelles échangées sans s'écouter, pour le plaisir,
jour de rien, juste un calme dialogue muet avec un congre blafard, pauvre, pendant l'écaillage,
jour de rien, juste
remplir, heurts de hâte, seaux métalliques avec un kilo et demi de
bintjes, et des pompadours
jour de rien, juste
meubler paumée avec néant, au risque de précipiter son
insignifiance, juste se demander pourquoi ces photos
jour de rien, d'un panier
de plastique avec asperges, un navet, deux courgettes bien
brillantes, trois belles tomates brunies, deux grosses poires parlant
de jus sucré
jour de rien, de repli
vers une petite fromagère pour éviter la foule de l'habituel étal,
d'un bout de saint-nectaire souple, au ton sombre de bel âge, d'un
banon souple mais pas trop, d'une demi tranche épaisse de fourme,
d'un tronçon de grosse rouelle de brebis,
jour de rien, d'argent, de
bonbons, d'éponge, de médicament, de yaourts de chèvre, de caillé,
de chemin qui n'en finit pas, et continue à ne pas en finir de rues
en place, de place en rues..
jour de rien, de petite
bise fraîche massant le visage, réveillant la volonté
jour de rien, du plaisir
grand de se trouver, charges à terre, en haut de l'escalier
jour de rien, où
reprendre son souffle, où en avoir un peu assez de paumée, où se
dire : êtes-vous toujours là ?
Et Paumée me
pardonneras-tu ?
Que veux-tu, je lis trop belles choses..
10 commentaires:
Un panier frugal et de bien belles courses. J'aime bien votre éclectisme alimentaire ;-)
Les riens se récoltent. Le jour se lève.
La bouffe, il n'y a que ça de vrai !
Un cabas bien garni que celui de Paumée.
L'image du parasol replié, mal ficelé, m'évoque la Jeanne au bûcher de Dreyer
J'aime ton jour de rien et ses photos de marché, ton calme dialogue muet avec le congre blafard, et ton grand plaisir de se trouver charge à terre en haut de l'escalier après avoir marché dans les rues qui n'en finissaient pas..
Ah ! Ce poisson qui te sourit et toi qui ne crois pas tes yeux !
:-))))))))))))))))
je ne sais pas s'ils sont toujours là. Moi oui.
Lou
Un bien joli marché coloré et Brigetoun un peu tristounette
Ce n'est pas rien les marchés de Provence chantait Bécaud
Un texte à la fois très fort et agréable à lire. Toujours la même plume ici ! Bravo !
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