Une
seule présence, en suspens du temps, dans l'à côté du réel, une
bouche parfaite, fermement close, sourire en repos, des lèvres
froides, entre belles joues froides, leur blancheur glacée, cette
luisance, abstraction.
En
découverte aimable, en fascination, en ennui naissant, en cette
exaspération, en renonciation.
En
les délaisser, accrocher ses yeux, en dessous, sur pétales
fragiles, ces violettes un peu fanées, mourant d'être vivantes,
mises là en hommage, peut-être, devenues défis.
Et
revenir aux lèvres, leur jeter : oh mangez les donc ces fleurs,
qu'elles vous fanent un peu, vous tachent - tentez de trouver, en
mangeant leur mort, un peu d'imperfection et de vie.
Idées
absurdes, en repos, comme jetée sur chaise longue, dans un salon
déserté, penser à Madame Du Deffand, aveugle et vieillissante, se
faisant lire, attendant le Président, une lettre venue de Ferney –
être elle, sourire et se plaindre un peu, se souvenir de temps de
gloire, garder l'amitié, l'intelligence, demander nouvelles du
monde.
C'est
n'importe quoi, vais boire mon thé, sortir nettoyer la cour, dans le
calme revenu, l'endormissement du vent.
Vent
moyen rencontré dans les rues, ce lundi matin, qui secouait cheveux,
bannes, drapeaux, vexé de n'être capable que de rafales de 100
km/heure environ ; ce joueur en sournoise rage qui faisait notre ciel
pur.
Et
les passants se penchaient en avant de tout leur poids quand il se
lançait au long des rues, et dès que le pouvaient, prenaient les
petites rues coudées pour le casser.
7 commentaires:
Le vent aurait aussi une bouche, dit-on.
Belle idée cette bouche fermement close, en introduction, qui nous a permis de saisir en silence le poids des mots.
"un peu d'imperfection et de vie" pour qu'au moins cette bouche frémisse.
Je pense à cette vidéo reçue hier :
Comment trouver le courage d'être imparfait :
http://www.ted.com/talks/brene_brown_on_vulnerability.html
Choisir la langue pour les sous-titres
Trop de beauté nuit ...c'est dans l'imperfection que le charme agit
Attirante méridienne !
Se mefier des coins de rue
le vent y est tâpi
vous sautant dessus comme la pauvreté sur le monde
un vent à laisser les boeufs à l'étable.
merci à vous
Enregistrer un commentaire