Deuxième soir avec dîner
démesurément avancé pour finir vers dix heures en gardant
mon extrême lenteur naturelle, sommeil comme un puits, éveil vers
six heures quand la lumière hésite à percer, main qui s'arrête au
dessus du pot de miel, verre d'eau, tour sur internet pour trouver
les beautés de Montréal, d'autres belles et bonnes choses et la
todo-liste – pelotonnage dans les draps et émergence après neuf
heures avec migraine, mal de bide, soif et sentiment de triomphe...
douche, pantalon, chandail (trop décolleté pour une vieille, tant
pis) veston pseudo masculin, bottines repoussant l'ourlet, et marche
aussi rapide que possible vers le laboratoire..
longue attente, annonce
triomphale du jeûne respecté en adéquate durée et au delà,
quelque minutes pour trouver une veine non fuyarde et joyeux
sentiment du devoir accompli.
Retour avec migraine
insistante, l'oeil aux papillons en mode brumeux, et le sentiment de
mon aspect misérable – mais le sourire de la vie tranquille des
rues, la rencontre juste assez étrange pour m'être fraternelle de
deux hommes très abîmés et radieux,
et l'éblouissement de la
lumière,
Pour le reste du jour,
pâtes avec délicieux ajouts, l'oeil toujours en refus, petite
pointe au dessus vague et mouvante, et pointe plus épaisse forte et
précise dans la nuque, petit vague à quelque chose, coeur physique
ou âme je ne sais, et tant de choses - bien ma veine - à lire et
déguster, comme par exemple... petit florilège de l'aurore et de
la fin de matinée - ces quelques bribes (infime partie.. et il y
avait aussi photos, de Tokyo, de partout..) ce méli-mélo
«J’apprends que la
dernière fois, elle avait passé une mauvaise nuit. Fait de mauvais
rêves. Et qu’elle était contente que je sois arrivé. Elle était
contente d’avoir pu m’expliquer. Un mauvais rêve. Elle ferme les
yeux. Elle dit : “J’ai vu le diable.”» dans le petit monde de
Nicolas Esse http://nicolasesse.com/2012/04/12/les-mots-perdus-ii
/
«Les morts vivants
reviennent continuellement.» tweet pour Dailymotto de Lucien Suel
«Frère, toi qui possèdes
la lumière, dis-moi la mienne.
Je suis comme un aveugle.
Je vais sans but et je marche à tâtons.
Je vais sous les tempêtes
et les orages
Aveugle de rêve et fou
d’harmonie.» de Rubèn Dario via Poezibao
http://poezibao.typepad.com/poezibao/2012/04/anthologie-permanente-rubén-dar%C3%ADo-.html
«bientôt tu laisseras la
pluie
refaire ce qui manque
d’aube
parmi les ombres
traversées
d’on ne sait trop quel
soleil noir» chez Jean-Yves Fick
http://jeanyvesfick.wordpress.com/2012/04/12/dun-passage-xxxi/
«La vie est comme la
journée : elle a ses heures mortes, écrivait Louise Ackermann»
chez Pierre Chantelois (avec photos tant belles)
http://lesbeautesdemontreal.com/2012/04/12/les-heures/
«Trois heures du matin :
les oiseaux diurnes chantent aux lampadaires toujours allumés. Je
crois qu’ils dorment un peu avant, mais s’ils ouvrent un œil à
deux ou trois heures, ils se font avoir, toujours, et leurs journées
sont longues, tellement longues, à l’épuisement.» chez Joachim
Séné
http://www.joachimsene.fr/txt/ce-serait/article/des-cernes-aux-yeux-des-moineaux
et sentimet fraternel
«Les maisons de vacances
ont parfois un nom qu’on marquera en cursive avec une pièce de fer
forgé, ou sur une plaque d’émail fixée sur la façade. Pour les
bateaux, c’est une obligation de nommer et d’inscrire ce nom ; et
puis c’est le légendaire de la mer,» chez Scriptopolis
http://www.scriptopolis.fr/?p=4074
«le bateau n'avance pas
très vite, se couche sur le côté pour réfléchir, alors on penche
la tête comme lui et il reprend confiance» à la fin de la
todo-liste de Christine Jeanney
http://tentatives.eklablog.fr/todo-liste-286-a45831045
«on voit volutes subtiles
fumée gris bleu que vent penche transparentes vers l'est / avion
vroum / air lumière comme anguleuse ou quoi comme acérée ou quoi
dessine presque noir tilleul des grosses branches» avec la baleine
échouée de Maryse Hache
http://semenoir.typepad.fr/semenoir/2012/04/baleine-paysage-102.html
«au-delà des vitres une
aile d'ange sur la peau des choses, la saisie d'un contour et cela
commencerait à se rassembler à l'intérieur.» chez Laura
http://jardindombres.blogspot.fr/2012/04/soif.html
«Coup d'oeil en arrivant,
les crocus jaunes sont au rendez-vous devant la véranda. J'en compte
quatre, les photographie. L'eau coule à la fontaine, il y a un air
de printemps.» dans la lettre de Jean Prod'hom non envoyée à
Pierre Bergounioux http://www.lesmarges.net/notes/notes.html
"Voici que les hommes
s'échangent maintenant les mots comme des idoles invisibles, ne s'en
forgeant plus qu'une monnaie" citation de Novarina tweetée par
Laurent Margantin alias Variations zoo humain
et chez lui
«iguane imposant / nous
te reverrons / dans des films / dans des publicités / dans des
fantasmagories diverses / tu seras rose, bleu ou violet / tu parleras
/ tu seras un personnage / à raison humaine / tu énonceras des
vérités cachées / que nous recueillerons / dans nos propres cages»
http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article1576
etc...
et puis la découverte du
numéro 2 de l'impossible trouvé au courrier (et sur lequel j'ai
repiqué les trois photos ci-dessus de Camille Millerand, très mal, achetez le journal pour les voir, et tous les textes politiques, poétiques qu'il contient), la fin du rire jaune
hebdomadaire à la lecture du Canard enchaîné, les nouvelles du off
qui éclate et autres sur la Provence, ce que pouvais attraper de la
campagne (Holande et Poutou) avant, avec le thé, de humer un peu
«l'acacia» de Claude Simon (je reste encore dans le souvenir de la
lecture de «l'invitation»), de quelques jours aussi de Bergounioux
en ses carnets, après la sieste-tue-migraine, et pas le repassage et
tri de vêtement qu'aurais dû.
Voilà voilà, passionnant
n'est-il pas ?
8 commentaires:
Merci pour cette pensée délicate. Vos voyages à travers les mots sont en eux-mêmes une vraie poésie. J'ai découvert notamment Maryse Hache (quelqu'un dit qu'il n'en a pas fini avec le monde visible depuis un rectangle de fenêtre), lesmarges (Elle a le visage triste des gens qui sont nés dans le regret, qui ont vécu dans une immense solitude, avec à fleur de peau une gentillesse que les autres n'ont pas), les Œuvres ouvertes (Il lui semble que le monde est fait de milliers de barreaux et au-delà rien, de Rainer Maria Rilke).
Hommes-troncs : à l'impossible le regard est tenu.
Ce n'est pas le "jeune" auquel je pensais, mais peut-être vous ?
C'était mardi j'allais aussi
Quarant'quat' rue Bonneterie
ô ma Doué, je corrige .. même si respecte les jeunes, quand le sont
Michel, jeudi c'était embouteillage (enfin presque : cinq femmes arrivées presque en même temps)
Passionnant sûrement! choisir la lecture -partage au lieu des tâches ingrates...
demain est un autre jour
on a enfin retrouvé les pilleurs deux troncs ...blancs ?
Migraine, ouille. Courage !
Enregistrer un commentaire