Samedi en Avignon il y
avait
le troisième jour
l'Altarosa dans le cloître du Palais des papes (avec cet année
l'hortensia en puissance invitée) – beau, forcément beau, mais :
la queue pour y accéder, la petite foule, et l'état supposé des
rosiers après la pluie
une fête à la
Barthelasse et l'île Piot
et, en haut du cours Jean
Jaurès, un marché potier
Samedi dans l'antre
d'Avignon il y avait une carcasse rétive, un esprit hésitant entre
ces plaisirs ou propositions et un besoin de lecture tranquille –
et une envie croissante de fleurs (le souvenir d'une année où roses
et romarin et lavandes mêlés entre les pierres chauffées étaient
léger étourdissement bienheureux)
et finalement la surprise
de voir l'escalier vide, ou presque
entrer sous la voûte,
dans la pénombre ourlée de la lumière de la cour
où s'ébauche le
festival,
avancer, entre tubes, sous
premières rangées de gradins, dans l'odeur du chèvrefeuille qui
s'éveille doucement
grimper la pente douce,
déboucher dans le cloître
déboucher dans un soleil
timide, les pierres et les roses, les roses, les roses, avec une
légère déception cette année : la mode est au violet ou au mauve
mourant, séduisant s'il n'est pas omniprésent – un charme un peu
funèbre, bordé de la masse verte des hortensias qui ne sont encore
qu'en bourgeons
et, certaine de rater les
« captures » avec ma maladresse et mon petit appareil,
avancer, respirer, chercher les jaunes, mordorés, rouges, roses, se
pencher dans l'odeur des corolles, prendre photo et photo et photo
(plus tard en jeter une dizaine, en garder trop, contraindre iphoto
et picasa à des tris et regroupements, se heurter à des
comportements capricieux, y passer temps démesuré, ne pas oser
infliger en outre trop de mots, et puis être vide, juste piller un
peu de Maryse Hache, quelques mots picorés dans le plaisir du
semenoir http://semenoir.typepad.fr/
et les poser ici, au hasard, en itallique)
les roses grenat
effluvent citronné
le centre est de couronnes
sobres, et petits coffrets précieux, loin des tourbillons glorieux
de certaines années
la lumière de la chair
ensoleillée d'un rosier, la familiarité d'un hortensia bleu
veillant sur ses frères à venir, le plaisir des bouquets (un
atelier)
deux premières roses
églantine qui manquaient, mais
dans la sophistication perce la force drue – corail embaumant
contre le mur lumineux – sages rangées échevelées de poussées
de fantaisie – blancheur expirante
la ferrure
rouillée-rusted où se palisse le rosier veilchen à fleurs violette
et rose
où se lancent les
tiges du rosier cuisse-de-nymphe-émue rose pâle
et être surprise par
le grenat des roses trémières contre le mur
et
qu'importe si les mots de Maryse ne sont pas en situation, les aime
grimper,
s'attarder sur le palier – le calme de la galerie, les roses
toujours, pleines et délicates, les arcades où suspendre mouvement, d'où
regarder le ciel, et tout ce provisoire jardin,
au jardin patience de
roses anglaises dans leur emballage carton - au jardin roses
grimpantes grenat capiteuses ont commencé fleurissement
tourner un peu, choisir
mes élues pour la gourmandise de cet orangé et la tendresse rose
qui tache le blanc, regarder sa montre..
sur la place du palais,
trouver une association (autistes) qui vend de trop grands, trop
violets rosiers qui n'auraient pas survécu à la cour, choisir un
hortensia pour une fleur bleu pale qui se cache sous ses feuilles et
les nombreux espoirs, entreprendre de trouver les anses du sac entre
les branches et de ramener cette lourde et assez indocile charge
jusqu'à l'antre, en dégringolant vers le fleuve proche
sourire aux premières
annonces de ce que sera la ville
et aux terrasses
printanières
trouver place pour la
plante entre les cadavres et les pots redressés
et jeter, navrée, les
branches cassées pendant le transport.
Voilà, voilà... c'est ce
que peut..
et je vois que j'avais sans doute trop peu de photos et que j'en ai réutilisé deux.
10 commentaires:
Mais qui diantre se plaindrait d'avoir trop de roses dans son jardin? Et votre jardin est fort bien garni avec ce qu'il faut de mots pour en expliquer l'abondance.
Jardin des délices... manquent peut-être les parfums (mais ça viendra).
Julos Beaucarne :
- "De mémoire de rose
On n'a vu mourir un jardinier
Si rien qu'une pause
Ne peut vous suffire
Madame, laissez
Le temps s'étirer
Et sans le maudire, patientez,
Laissez-vous glisser dans le vent léger
Patience, patientez...."
Une journée des roses réussie cette année ! La rose emblématique.
Mais par contradiction sans doute, c'est l'hortensia que tu as choisi.
Une avalanche de roses !
Il y avait bien beaucoup de manifestations à Avignon lors de ce long weekend.
La plupart sans nous !
Je retiens une très belle image issue de ton merveilleux "oeil optique "(pas si mal du tout) de la douceur de la rose sur le rude mur de pierre
Un florilège dit le poète ...je crois
Toutes ces roses!!!
Comment as-tu réussi à ne pas te laisser tenter par une telle profusion de roses et de couleurs ?
Au passage j'ai aperçu une harpe que j'aurais bien aimé entendre.
Ton petit appareil prend les photos de fleurs avec amour...çà se sent si j’ose dire.
Ouh, mignonne, t'es allée voir les roses !
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