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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, mai 28, 2012

Deux ou trois jours dans l'antre, selon calendrier


Ainsi donc, pendant trois ou quatre jours, ce furent bagarre, ou intention de, avec un corps à un mauvais stade de ses va-et-vient, lutte – à contre coeur, contre-volonté - pour résister à l'hébétude de douleurs infiniment moindres que celles connues autrefois, mais habitude perdue, lassitude et m'impatience, fouettage de mots, déconnexion avec l'intelligence rencontrée par écran interposé.
Ainsi donc ce fut, jeudi, renoncer aux mots, et entasser photos sur paumée, tenter avec de moins en moins de conviction de suivre sur le fil tweeter autre chose que le plaisir de photos, quelques éclairs poétiques et plaisanteries claires, et sentir isolement gagner.
Ainsi donc ce fut samedi, ne pas arriver à mettre en branle carcasse à l'heure d'un projet de rencontre «citoyenne» - avoir en outre tentation de repliement - tentative en fin de matinée de tourner page, classiquement, avec apparente futilité (évaluer en gros possibilité financière d'y céder, conscience de ce petit privilège), oublier vie de recluse, prendre cartons d'invitations à des ventes privées, s'arrêter à la première boutique, la préférée, 

choisir entre les deux ou trois vêtements qui n'étaient pas trop voyants, décolletés, bras nus... enfin acceptables pour mon âge et adaptables à ma géométrie variable, s'appliquer à ne pas se dénigrer, ni flatter, sourire, échanger mots souriants, légers, sans importance contre paiement, 

rentrer en cherchant la petite liesse attendue, décider d'oublier ce qui vrillait et petit vague à l'âme dans un regard partial et méchant sur longue file de mes contemporains derrière un écriteau, en fait sympathiser avec les fatigues ou l'indiscipline qui étiraient démesurément leur ligne.

Ainsi donc, ce fut, l'après-midi, renoncer à suivre ce qui s'écrivait sur l'écran, s'installer dans la merveilleuse brûlure du soleil sur corps, dos appliqué au mur, nez dans les odeurs des plantes chauffées – avec des replis pour humectage, et attente que carcasse se calme – et ouvrir, lire, s'oublier dans «cargaison» de Claude Favre et Fred Griot, qui venait enfin de me parvenir.
Voyage dans langues qui avancent, rebondissent l'une sur l'autre, dans la rencontre entre Claude Favre et Fred Griot, pour le premier texte : «cargaison» - morceaux de textes écrits en rebonds l'un sur l'autre, langue rapide, sons qui se contaminent, peut être plus chez Claude Favre mais avec une incorporation des sons de Fred Griot avant de donner sa partie. Echange dont peu à peu est sortie une histoire de mer, «de marins, de tempête, de naufrage …. et d'espoirs maniaques».
Et puis, quand la reconnaissance a eu lieu entre les deux poètes, le voyage sans fin dans les deux textes qui, indépendants, se répondent
les mots, litanies dévalantes, en rudesse tendre, de Fred Griot dans «tout leur noir», les hommes qui marchent, à côté de nous, suivis, vécus, jusqu'à être le poème, leur voix, jusqu'à «vieux blues sue coule afflue s'écoule...»
les strophes de Claude Favre dans «brûleurs» qui viennent, chacune au bas d'une page, qui disent la douleur, la frontière, la marche, le bateau, le rêve, le désir d'autre vie, les doigts déguisés.
Une toute fine plaquette de forces.(notes prétentieusement destinées à Babelio)

lire deux fois, ou plus pour certains passages, en cherchant les intonations de leurs voix, mais sans tenter profération, et c'était forcément très éloigné - sans que cet écart importe, juste pour goûter, incarner les mots
«cargaison – 3.
Fred Griot

ça cale à racle dans l'
ressac

ça brise au clac du vent qui clic
carguez ça va rouille
au clac d'venteux
*
et les squales font grand les tours
la houle renfle et enfle
et à fond d'cale où ça grouille sec
ça siffle ça suinte
ça bête en coin ça racle d'face
.

Claude Favre :

dépouilles.

carguez ça échigne et chocs ça
racl

le sang en rigoles la vie épuise
espoir oblige

on évente des traces ça des mots
pour le silence

des autres le silence presque

les cris malades

les cris malades sauver sa peau
c'est parfois qui de pire nous

les râles rien...»
dire zut à Paumée (mais céder un peu avant minuit à l'appel de ce vide pour quelques mots) – écouter fête nocturne sans excès chez mon voisin, entrer dans sommeil


Ainsi ce fut dimanche, matinée à la va comme peut, lourde sieste, voir que le soleil s'est enfin frayé passage, mais négliger le bruit qui me venait de la brocante sur les allées de l'Oulle, se laver les cheveux, installer reste d'hébétude dans le dernier filet de soleil

s'émerveiller en découvrant fleurs venues s'installer, depuis quand, en haut du mur

ronger une pile de défroissage de blouses, robes, pantalons, venir à bout de la moitié environ

s'installer, dans l'ombre de la fin d'après midi, contre la mousse blanche de l'olivier, commencer, juste pour vérifier que lecture sera jubilation, «murs» de Raymond Bozier http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506367
lire, presque d'entrée : «Chaque fois que je vois un mur je pense aux humains. Chaque fois que je colle mon oreille contre un mur, j’entends les humains. Chaque fois que je longe un mur, je marche au côté des humains. Chaque fois que je sens l’odeur des murs, je respire l’odeur des humains. Chaque fois que j’attaque un mur, je mords dans le corps des humains. Chaque fois que je crache un bout de mur, je rejette de l’humain. Chaque fois que je pose la main sur un mur, je touche de l’humain. Chaque fois que je perce un trou dans un mur, j’ouvre les yeux des humains. Chaque fois que je pisse contre un mur, je souille le corps des humains...», penser OUI
Ainsi ce fut rentrer pour cuisine, décider reprendre ces jours lectures, mais en ne s'appliquant que si désir me vient, en allant vers adéquation, sans obligation, en respect de ma dive paresse, l'âge m'en donne le droit, j'ai dit... et puis penser «Paumée» et y entasser beaucoup trop de mots, vaille que vaille.
Se dire  : où trouver des cigares un lundi de Pentecôte ?

13 commentaires:

JEA a dit…

là mon intrusion est sans excuses
mais un jour où l'on éprouve la nécessité de se poser
d'ombres plus que clartés
sans pour autant se sentir en solitude sur une île déserte
pourquoi pas une salle de cinéma ?

Dominique Hasselmann a dit…

Cigares : langues de feu ?

Wictoriane a dit…

quand inventera-t-on des fibres qui ne se repassent pas et qui sont belles à voir ? (moi, je ne repasse presque plus rien et je me sens bien)

Brigetoun a dit…

JEA depuis qu'on doit entrer en rang dans les cinémas, ne pas prendre juste un peu en cours, et endurer réclames et entractes ma nervosité-impatience m'en a chassée

Brigetoun a dit…

n'allais qu'à la salle Garance ou la suivante à Pompidou parce que lecture dans la file et entrée brusque dans le film

jeandler a dit…

Des murs et des hommes...
Tout ce qu'il y aurait à dire à leur propos d'autant que ceux là conservent les paroles scellées dans le ciment, les pierres comme les mots, et soudain un trou dans le mur une béance comme un long silence.

arlette a dit…

Regarder les vitrines et se chauffer le dos au mur du soleil ...
la vie reprend et l'esprit se dégourdit des mots Tu nous ragaillardis de petits et grands riens: de la vie au fond
Merci

Pierre R. Chantelois a dit…

Vient un jour où les petits renoncements s'accumulent, où les envies et les joies de découvrir sont momentanément assombries par ces obligations de renoncement... jusqu'au retour du soleil. Et un cigare au lendemain d'un lundi de Pentecôte.

Michel Benoit a dit…

APPEL

J'appelle tous les blogueurs à publier ceci :

La modération imposée et incontrôlable sur les blogs du Midi Libre (!) du groupe Sud-Ouest, est une véritable censure digne du stalinisme !

CLAIM

I call on all bloggers to publish this :

And uncontrollable restraint imposed on the blogs of Midi Libre (!) Group Southwest, is a real censorship worthy of Stalinism !

Brigetoun a dit…

doute un rien de l'efficacité, le faire plutôt sur Facebook - et, si tu changeais ? il y a tant de plateformes : blogspot bien sûr, mais wordpress c'est très bien - curieusement celles liées à des journaux semblent plus problématiques (ennuis pour certains blogs Le Monde)

joye a dit…

je pensais qu'on avait déposé le staliniste chez vous ?

;-)

Belle journée -

http://www.les-horaires.fr/84000/Avignon/Loisirs/Tabac-Presse/

Auras-tu trouvé des cigares ???

Brigetoun a dit…

je n'essaierai pas de comprendre

Gérard Méry a dit…

La vie reprend doucement