Ainsi donc, pendant trois
ou quatre jours, ce furent bagarre, ou intention de, avec un corps à
un mauvais stade de ses va-et-vient, lutte – à contre coeur,
contre-volonté - pour résister à l'hébétude de douleurs
infiniment moindres que celles connues autrefois, mais habitude
perdue, lassitude et m'impatience, fouettage de mots, déconnexion
avec l'intelligence rencontrée par écran interposé.
Ainsi donc ce fut, jeudi, renoncer aux mots, et entasser photos sur paumée, tenter
avec de moins en moins de conviction de suivre sur le fil tweeter
autre chose que le plaisir de photos, quelques éclairs poétiques et
plaisanteries claires, et sentir isolement gagner.
Ainsi donc ce fut samedi,
ne pas arriver à mettre en branle carcasse à l'heure d'un projet de
rencontre «citoyenne» - avoir en outre tentation de repliement -
tentative en fin de matinée de tourner page, classiquement, avec
apparente futilité (évaluer en gros possibilité financière d'y
céder, conscience de ce petit privilège), oublier vie de recluse,
prendre cartons d'invitations à des ventes privées, s'arrêter à
la première boutique, la préférée,
choisir entre les deux ou
trois vêtements qui n'étaient pas trop voyants, décolletés, bras
nus... enfin acceptables pour mon âge et adaptables à ma géométrie
variable, s'appliquer à ne pas se dénigrer, ni flatter, sourire,
échanger mots souriants, légers, sans importance contre paiement,
rentrer en cherchant la
petite liesse attendue, décider d'oublier ce qui vrillait et petit
vague à l'âme dans un regard partial et méchant sur longue file de
mes contemporains derrière un écriteau, en fait sympathiser avec
les fatigues ou l'indiscipline qui étiraient démesurément leur
ligne.
Ainsi donc, ce fut,
l'après-midi, renoncer à suivre ce qui s'écrivait sur l'écran,
s'installer dans la merveilleuse brûlure du soleil sur corps, dos
appliqué au mur, nez dans les odeurs des plantes chauffées – avec
des replis pour humectage, et attente que carcasse se calme – et
ouvrir, lire, s'oublier dans «cargaison» de Claude Favre et Fred
Griot, qui venait enfin de me parvenir.
Voyage dans langues qui
avancent, rebondissent l'une sur l'autre, dans la rencontre entre
Claude Favre et Fred Griot, pour le premier texte : «cargaison» -
morceaux de textes écrits en rebonds l'un sur l'autre, langue
rapide, sons qui se contaminent, peut être plus chez Claude Favre
mais avec une incorporation des sons de Fred Griot avant de donner sa
partie. Echange dont peu à peu est sortie une histoire de mer, «de
marins, de tempête, de naufrage …. et d'espoirs maniaques».
Et puis, quand la
reconnaissance a eu lieu entre les deux poètes, le voyage sans fin
dans les deux textes qui, indépendants, se répondent
les mots, litanies
dévalantes, en rudesse tendre, de Fred Griot dans «tout leur noir»,
les hommes qui marchent, à côté de nous, suivis, vécus, jusqu'à
être le poème, leur voix, jusqu'à «vieux blues sue coule afflue
s'écoule...»
les strophes de Claude
Favre dans «brûleurs» qui viennent, chacune au bas d'une page, qui
disent la douleur, la frontière, la marche, le bateau, le rêve, le
désir d'autre vie, les doigts déguisés.
Une toute fine
plaquette de forces.(notes
prétentieusement destinées à Babelio)
lire
deux fois, ou plus pour certains passages, en cherchant les
intonations de leurs voix, mais sans tenter profération, et c'était
forcément très éloigné - sans que cet écart importe, juste pour
goûter, incarner les mots
«cargaison
– 3.
Fred Griot
ça
cale à racle dans l'
ressac
ça
brise au clac du vent qui clic
carguez
ça va rouille
au
clac d'venteux
*
et les squales font grand
les tours
la houle renfle et enfle
et à fond d'cale où ça
grouille sec
ça siffle ça suinte
ça
bête en coin ça racle d'face
….
Claude Favre
:
dépouilles.
carguez
ça échigne et chocs ça
racl
le
sang en rigoles la vie épuise
espoir
oblige
on
évente des traces ça des mots
pour
le silence
des
autres le silence presque
les
cris malades
les
cris malades sauver sa peau
c'est
parfois qui de pire nous
les
râles rien...»
dire
zut à Paumée (mais céder un peu avant minuit à l'appel de ce vide
pour quelques mots) – écouter fête nocturne sans excès chez mon
voisin, entrer dans sommeil
Ainsi
ce fut dimanche, matinée à la va comme peut, lourde sieste, voir
que le soleil s'est enfin frayé passage, mais négliger le bruit qui
me venait de la brocante sur les allées de l'Oulle, se laver les
cheveux, installer reste d'hébétude dans le dernier filet de soleil
s'émerveiller
en découvrant fleurs venues s'installer, depuis quand, en haut du
mur
ronger
une pile de défroissage de blouses, robes, pantalons, venir à bout
de la moitié environ
s'installer,
dans l'ombre de la fin d'après midi, contre la mousse blanche de
l'olivier, commencer, juste pour vérifier que lecture sera
jubilation, «murs» de Raymond Bozier
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814506367
lire,
presque d'entrée : «Chaque fois que je vois un mur je
pense aux humains. Chaque fois que je colle mon oreille contre un
mur, j’entends les humains. Chaque fois que je longe un mur, je
marche au côté des humains. Chaque fois que je sens l’odeur des
murs, je respire l’odeur des humains. Chaque fois que j’attaque
un mur, je mords dans le corps des humains. Chaque fois que je crache
un bout de mur, je rejette de l’humain. Chaque fois que je pose la
main sur un mur, je touche de l’humain. Chaque fois que je perce un
trou dans un mur, j’ouvre les yeux des humains. Chaque fois que je
pisse contre un mur, je souille le corps des humains...», penser
OUI
Ainsi ce fut rentrer pour
cuisine, décider reprendre ces jours lectures, mais en ne
s'appliquant que si désir me vient, en allant vers adéquation,
sans obligation, en respect de ma dive paresse, l'âge m'en donne le
droit, j'ai dit... et puis penser «Paumée» et y entasser beaucoup
trop de mots, vaille que vaille.
Se dire : où
trouver des cigares un lundi de Pentecôte ?
13 commentaires:
là mon intrusion est sans excuses
mais un jour où l'on éprouve la nécessité de se poser
d'ombres plus que clartés
sans pour autant se sentir en solitude sur une île déserte
pourquoi pas une salle de cinéma ?
Cigares : langues de feu ?
quand inventera-t-on des fibres qui ne se repassent pas et qui sont belles à voir ? (moi, je ne repasse presque plus rien et je me sens bien)
JEA depuis qu'on doit entrer en rang dans les cinémas, ne pas prendre juste un peu en cours, et endurer réclames et entractes ma nervosité-impatience m'en a chassée
n'allais qu'à la salle Garance ou la suivante à Pompidou parce que lecture dans la file et entrée brusque dans le film
Des murs et des hommes...
Tout ce qu'il y aurait à dire à leur propos d'autant que ceux là conservent les paroles scellées dans le ciment, les pierres comme les mots, et soudain un trou dans le mur une béance comme un long silence.
Regarder les vitrines et se chauffer le dos au mur du soleil ...
la vie reprend et l'esprit se dégourdit des mots Tu nous ragaillardis de petits et grands riens: de la vie au fond
Merci
Vient un jour où les petits renoncements s'accumulent, où les envies et les joies de découvrir sont momentanément assombries par ces obligations de renoncement... jusqu'au retour du soleil. Et un cigare au lendemain d'un lundi de Pentecôte.
APPEL
J'appelle tous les blogueurs à publier ceci :
La modération imposée et incontrôlable sur les blogs du Midi Libre (!) du groupe Sud-Ouest, est une véritable censure digne du stalinisme !
CLAIM
I call on all bloggers to publish this :
And uncontrollable restraint imposed on the blogs of Midi Libre (!) Group Southwest, is a real censorship worthy of Stalinism !
doute un rien de l'efficacité, le faire plutôt sur Facebook - et, si tu changeais ? il y a tant de plateformes : blogspot bien sûr, mais wordpress c'est très bien - curieusement celles liées à des journaux semblent plus problématiques (ennuis pour certains blogs Le Monde)
je pensais qu'on avait déposé le staliniste chez vous ?
;-)
Belle journée -
http://www.les-horaires.fr/84000/Avignon/Loisirs/Tabac-Presse/
Auras-tu trouvé des cigares ???
je n'essaierai pas de comprendre
La vie reprend doucement
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