Ciel d'un bleu heureux,
avec juste un petit nuage pour l'habiter dans un coin – et réveil,
montée, en même temps que du jour, du «torticolis»-migraine qui,
je le pense, doit être arthrose de belle ampleur, que j'avais
endormi dans mes draps.
Tentatives de projets, qui
sollicitaient intelligence, précédée de marche... montée nausées,
refus... idiot
Pour sortir de la navrance
avant qu'elle entraîne renoncement, ai entrepris de lutter contre la
tendance de l'évier à se boucher.. j'ai, en vidant l'aspirateur,
ouvert les yeux sur lui, que n'avais pas dû laver depuis long, long
temps, et travaillé une heure pour ce faire.. repassage de deux
robes, quatre chemises blouses à fronces, et deux tee-shirts avant
que la chaleur ne devienne par trop dissuasive,
déjeuner, projets vagues
annulés en tendance boa, mais avec sourire revenu, si mouvements de
la tête évités..
Déserté seulement
internet parce que carcasse tolérait mal. Et me suis enfoncée dans
la douceur d'un après-midi d'été, avec espoir pour le soir et les
jours à venir...
plongée, avec curiosité
et plaisir, dans la découverte de l'un des deux livres offerts
l'autre jour par une amie de Paumée, «les braises» de Sàndor
Màrai, dont, je l'avoue, je n'avais jamais rien lu, plaisir de la
sensibilité des mots, du regard sur les êtres, les choses et les
paysages, jusqu'à
«Durant ces dernières
heures, le château s'était animé comme une mécanique dont le
ressort a été remonté. Non seulement les meubles, les fauteuils et
les canapés, libérés de leurs housses blanches d'été, avaient
repris un air vivant, mais aussi les tableaux sur les murs, les
grands candélabres en fer forgé ainsi que les bibelots dans les
vitrines et sur les cheminées. D'imposants tas de bûches dans
l'âtre attendaient d'être allumés, car, après minuit, la
fraîcheur de l'été finissant faisait pénétrer dans les
appartements un souffle d'humidité. On avait l'impression que les
objets avaient soudain un sens et voulaient prouver...» m'arrêtant
pour arroser, couper les dernières têtes déchues de l'hortensia,
préparer le souper et enfiler jean neuf et tunique de fin coton aux
douces petites fleurs bleus et roses pour partir, déterminée, enfin
dans la douceur de la
lumière, le long de la rue Joseph Vernet,
des tables de la petite
place,
des dessous de la ville
qui se jettent dedans,
jusqu'aux tables des Corps
Saints,
aux Cordeliers, et leur
blancheur décourageante
pour une longue attente,
puisque j'étais très en avance, avec l'aide d'un piapia avec deux
charmantes femmes (souriantes et amusantes)
et de la beauté du ciel
qui pensait à la nuit
avant d'entrer, de
s'installer au premier rang avec deux trentenaires prêts à
discussion détendue, et se préparer tranquillement pour le second
spectacle du cloître des Célestins, auquel je ne voulais envisager
de renoncer The old king,
spectacle de Miguel Moreira, Romeu Runa, avec assistance
d'Alain Platel, interprété par Romeu Runa.
«Un
homme fume, seul, un livre posé sur les genoux. Cette image du
photographe portugais Daniel Blaufucks irrigue la pièce de Romeu
Runa et Miguel Moreira, à laquelle elle donne aussi son titre, The
Old King. L'intériorité de ce personnage déprimé, errant dans ses
pensées, se déploie dans un décor qui évoque un chaos de début
ou bien de fin du monde...»
photo de Boris Horvat
de l'AFP, vue su le blog de la Mère Castor et retrouvée sur
d'autres blogs
une palette de bois au
centre de l'espace, comme de nulle part, une plante, un corps en
pantalon et débardeur beige courbé, replié sur lui même, tête
blottie et cachée, d'autres palettes entassées à la limite des
arcades, rien d'autre,
le mouvement naît dans
les épaules, se propage, une danse au sol, désarticulée, se
tordant comme un serpent, tentant de se dresser - une danse qui
n'arrive pas à s'arracher du sol, force entravée, souffrance,
beauté
tente de se dresser,
homme qui veut rester homme contre tout, ou la solitude, se dresse
sur ses genoux, retombe, avec un visage qui quête, avec crainte, à
la limite de l'idiotie
un jet d'eau doré dans la
lumière, jaillissant d'une lance dardée sur lui, dans lequel il se
redresse, qui le secoue, l'imbibe, le fait se tenir debout, lutter un
peu, goûter aussi
Le jet s'arrête, et avec
des retombées, il danse maintenant debout, avec des rires un peu
fou, dresse une estrade, s'y tient pour une harangue en onomatopées
Il se dépouille de ses
vêtements trempés comme on dépouille un lapin. Une danse qui
s'invente la vie débout, force, sensualité, expression, mais avec
toujours cet air un peu égaré.
Un formidable danseur.
Un beau chorégraphe,Miguel
Moreira qui dit : «Je commence par imaginer des corps dans un
espace. À partir de cette matière, je cherche à explorer des zones
plus abstraites et trace les contours d’un univers qu’il incombe
au public de pénétrer...
et des spectateurs qui
s'attardent pour digérer en parlant...
la place des Corps Saints
envahie par les consommateurs, les passants,
Brigetoun se mettant en
route, lentement, avec un petit détour (une heure à tuer) le long
de Saint Martial,
des tablées des
brasseries et le Palace et ses non-spectacles
qui attirent leur public,
en files d'attente dont la longueur me sidère toujours
le calme du boulevard
Raspail dans la nuit, où se fond la Collection Lambert
et, à côté, la façade
éclairée, avec la petite note verte du petit salon de jardin, de
l'Ecole d'Art,
la cour où me suis
installée, avec un café, et Beckett, pour les quelques pages que la
lumière m'ont permis de déchiffrer,
une rêverie de mer, en
regardant le taud dans la nuit, pour tuer la petite heure qui me
séparait du spectacle de la vingt-cinquième heure (navrée d'avoir
manqué la première pour une raison d'horaire le soir prévu, et
d'avoir manqué du désir nécessaire ensuite) : Je suis venue
«Partant d'un pastiche
de conférence internationale tournant rapidement aux propositions
les plus loufoques, le performeur Gaspard Delanoë, accompagné par
le rythme puissant du zapateo de la danseuse libanaise Yalda Younes,
orchestre un plan de paix pour le Proche-Orient, «entre utopie et
réalisme froid». Et lorsque les mots et leurs traductions verbales
ne suffisent plus, il faut alors «jeter son corps dans la bataille».
Le tranchant martial du flamenco de Yalda Younes, formée à la
grammaire caractéristique du grand maître Israel Galván qui signe
ici la chorégraphie, parle, lui, clairement.»
avec en contrepoint le
formidable humour, toujours en soutien, de Gaspard Delanoë (son
flamenco vaut d'être vu)
retour dans le désert de
la rue Joseph Vernet à une heure et demie, avec quelques poches de
résistance, et les dernières tables occupées place Crillon.
Grève de Picasa, ce qui
évite à Paumée d'autres photos de nuit encore qui auraient eu besoin de
petites interventions (comme certaines de celles que j'ai la faiblesse de garder) – et me permet de mettre ceci en ligne (pour
les quelques lecteurs survivants), de dîner, de dormir.
7 commentaires:
toujours aussi ravie de découvrir le matin l'Avignon de la veille
Ne fais-tu jamais de films avec ton APN ?
sympa de retrouver la Mère Castor chez vous...
magnifique promenade, je suis rentrée chez moi et je savoure mots et images, de loin (pas très loin cependant)
Ne te dis-tu pas parfois "C'est trop de moooooooooooonde !" ?
Je viens bien tard, c'est déjà demain, mais tant pis, je viens un peu moi aussi "au coeur de la nuit", heureuse de trouver de la lumière et du monde.
Saisissante description de la danse de l'homme à l'air toujours un peu égaré.
ah j'ai adoré les photos de la nuit et l'intrigue toujours des murs de pierre ancienne et la grande variété ici.
et j'adore surtout tes mots sur The Old King, l'homme qui veut rester homme contre tout- c'est une belle description de l'humanité.
je t'embrasse.
madeleine
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