Suis partie, avec mes deux
appareils, et une forme revenue, dans les rues d'Avignon pleines de
la lumière de la matinée, et de belles ruées sans violence de
vent, juste de quoi rafraîchir la peau, faire jouer les jupes et les
cheveux amicalement, et danser les affiches mal arrimées -
les rues commencent à
être jonchées par endroits de cartons et papiers..
ai sorti le nouveau copain
pour saluer la rue du roi René
et les mufles de Crillon,
sur le chemin du théâtre des Halles,
où je voulais voir
L'apprentie sage-femme de
Karen Cusham par Nathalie Bécue, mais cela se donne dans la petite
chapelle Sainte Claire, et comme je n'avais pas réservé je me
trouvais en septième position sur la liste d'attente. («le» cèdre
vu par l'ancien appareil)
(et
par le nouveau).
Comme
autour de moi dans la file, l'enthousiasme anticipé pour le
spectacle de la grande salle, Ma Marseillaise de
et par Darinal Al Joundi, la
suite de Le jour où Nina Simone a cessé de chanter
qui était Le spectacle de
la programmation des Halles que je n'avais pas très envie de voir,
par une méfiance sans doute sotte contre tout ce qui s'attire un
consensus louangeur basé sur des jugements moraux.
Persuadée que c'était
idiot, j'écoutais mes co-spectateurs, gentiment bourgeois, gentiment
du troisième âge, avec quelques plus anciens comme moi
Mais ce n'était pas si
faux. Elle parle, fort bien, de son admiration pour les batailleuses
femmes arabes, et de sa pitié fraternelle (d'autant qu'elle en est
une, légèrement privilégiée, mais qui a subi, hautement) et campe
quelques portraits admirables. Elle parle en insistant moins, des
difficultés rencontrées en France pour obtenir des papiers et,
quand elle se décide à demander sa « naturalisation »
(ce mot!) de l'inquisition sans discrétion qu'elle subit – (et je
me demandais, sans doute injustement, combien dans ce public tenaient
compte politiquement des grands sentiments généreux qu'ils
éprouvaient) – de son ébahissement devant les jeunes françaises
qui veulent porter le foulard, le voile ou pire, alors qu'elle et
tant de femmes des pays arabes luttaient depuis si longtemps contre,
et contre le statut de la femme dont il est signe (mais, même si
cela n'excuse rien, elle ne relevait pas le fait qu'ici les jeunes
femmes qui se sentent reléguées en marge de la société se
retourne instinctivement contre elle, et se réfugient dans une
religiosité dévoyée) – de son refus de toute étiquette posée
sur elle, et comme je la comprends – de son désir de faire
connaître l'islam tel que son père le lui a enseigné (même si
elle n'est plus religieuse), comme l'ancien Recteur de l'Université
Al-Azhar (je crois qu'il s'agit de Abd-al-Halîm Mahmud mais n'en
suis pas certaine).
Je ressentais, à ma place
de française d'évidence, je n'y peux rien, tout ce qu'elle disait,
j'aimais sa fragilité courageuse, et son superbe sourire, sa grâce
mais.... inexplicablement (peut être tout ceci était-il trop
évident, important mais tellement présent que le spectacle en
devenait inutile, nécessitait d'autres qualités) et à ma grande
honte, je m'ennuyais un gros peu.
Un spectacle plus
qu'honorable, bon, salubre... mais qui n'a guère que sa possible
utilité, si les spectateurs n'oublient pas dès leur immersion dans
la vie courante.
Retour dans la presque
torpeur du mitan du jour, cuisine, etc...
Voulais
aller voir un spectacle musical à 17 heures. Comme toutes les autres
possibilités, trop nombreuses peut-être, me voilà héron, cette
intention s'est effacée devant une flemme immense.
Regardé
tranquillement la vidéo mise en ligne par Pol de la lecture à la
Colline de Anglo-Chinois de
Cadiot avec Poitreneaux
http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=auteur&numpage=12&numrub=3&numcateg=2&numsscateg=&lg=fr&numauteur=5743&utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter
juste pour me donner une envie de plus, et pour un petit moment de
bonheur-adhésion.
Une photo du premier
jour, pas extraordinaire, mais que j'aime bien, pour rien,
ponctuation...
Recherché
et copié quelques fournitures pour http://brigetoun.wordpress.com
en écoutant avec une attention fluctuante les discours introduisant
à l'examen par le Sénat de la nouvelle loi punissant le harcèlement
sexuel.
Suis
partie, en début de soirée, écouter, à Calvet, un peu de la
lecture par Anouk Grinberg, avec André Markowiz, de Une
génération tragique : de Mikhaïl Boulgakov à Maria Tsvetaëva
la
génération d'Ana d'Ana Akhmatova, de Profkokiev, de Pasternal, de
Mandelstam, de Maïakovski, de Maria Tsetaëva, entre autres, prise
dans le vent de l'histoire, représentée ce soir par Tsvetaïeva,
condamnée à vivre sa génération sans sa génération, seule.. par
des lettres et des poèmes.
Un
poème «essai de jalousie», une lettre à Rilke, plusieurs lettres
à Pasternak
«J'ai
peur à voix haute, peur d'attirer le mauvais sort...»
à
Rilke de nouveau «écrire un poème c'est déjà traduire sa langue
maternelle dans une autre.»
et,
merveilleusement, Markowiz décompose le vers russe, les rencontres
de sons, le rythme, nous fait entendre, explique...
une
lettre magnifique à Rilke sur l'amour, le corps, l'âme – de
nouveaux textes
«l'état
de création est un état d'obsession.... »
et
puis, un peu avant neuf heures, suis partie, finalement bien trop
tôt, pour aller,
en
longeant les terrasses de dîneurs,
découvrant
l'existence de nouveaux lieux de spectacle,
admirant
l'éclat mourant de la lumière sur Saint Didier,
faire
la queue (qui n'existait pas encore) devant les Pénitents Blancs,
pour mon spectacle in du jour La nuit tombe... de
Guillaume Vincent (soucieuse que j'étais d'avoir une place au
premier ou deuxième rang près de la sortie pour conjurer un très
mauvais souvenir dans cet endroit que j'aime particulièrement.
Longue
attente avec deux couples de vieux, comme moi, mais splendides à
leur façon, ou dans l'absolu, deux jeunes, un odieux personnage prêt à marcher sur
les pieds de la terre entière avec morgue, que nous avons laissé
passer pour l'ignorer, les gens qui attendaient peu à peu, avec ou
sans billet, les passages de mon vieil ami de l'opéra, les arrivées
des acteurs, des invités, et la contemplation de la plante folle au
dessus de moi.
une
chambre d'hôtel, d'un hôtel un peu fatigué, pour des histoires, un
univers fantastique et «un univers de
film d’horreur. J’en ai regardé beaucoup pour savoir identifier
les mécanismes qui génèrent la peur par exemple. J’aime l’idée
que ces films provoquent malgré tout une certaine forme de plaisir
chez le spectateur. Un peu comme les contes pour enfants, qui jouent
avec des terreurs et des désirs inconscients. C’est toujours
fascinant l’appétit qu’ont les enfants à vouloir qu’on leur
raconte des histoires qui, au fond, sont absolument sordides. La
première scène du spectacle est inspirée d’un conte d’Andersen.
Une femme veille sur son enfant malade, un vieillard vient frapper à
la porte, et, tandis qu’elle va lui chercher à boire, celui-ci
emporte l’enfant. On comprend alors que c’est la Mort qui s’est
cachée sous les traits du vieillard...» dit Guillaume Vincent dans
l'entretien repris sur le programme.
une des photos de
Christophe Renaud de Lage pour le site du Festival
il y a
une mère et un enfant, un frère mort, deux soeurs, un auteur et une
actrice, la peur, la violence physique, la mort, le désir de mort,
il y a des fleurs, un soir venteux de Noël, un beau paysage de
montagne, un mariage, il y a glisser de l'un à l'autre, il y a des
cris, des chocs, des éclats de lumière, des téléphones, une salle
de bains, il y a passer d'une langue à l'autre, il y a près de deux
heures qui passent très vite et de très bons acteurs,
Sortie
un peu avant minuit, des petits groupes qui se disaient au revoir, et
ne jugeaient pas encore.
J'ai
acheté et téléchargé le texte, mardi, sur ePagine
http://www.epagine.fr/ mais ne
l'avais, ne l'ai pas encore lu, juste noté que les didascalies
prenaient autant ou plus de place que le dialogue.
Retour
à travers le reste de vie de la place de l'horloge, un
caricaturiste,
cet
attroupement éternellement renouvelé au centre de la place, dont on
ne sait jamais, faute de transpercer les épaisseurs de spectateurs,
ce qu'ils entourent, si ce n'est que c'est sans grand intérêt...
mais que cela fait partie de la fête.
7 commentaires:
Et dire qu'à travers un pareil itinéraire, mêlé de dialogues et de théâtre, vous avez eu le temps d'écouter un discours d'introduction au Sénat. Sans compter ce nouvel album de photos de la ville en effervescence. Et pour ma part, j'aurais être là pour entendre cette lettre magnifique à Rilke sur l'amour, le corps, l'âme...
Il me semble que le nouveau copain a une plus grande ouverture et un angle plus large aussi pour de belles aventures !!
Rilke !!Ah!! suis re dans les cahiers de "Malte Laurids Brigge"
Flanquée de deux copains, l'ancien et le nouveau, voici Paumée parée à toutes les éventualités. Une question d'angle sans doute mais le cèdre reste ce qu'il est : étique.
Cette déambulation est très joycienne.
bonjour chère Brigitte, merci je t'embrasse j'étais la avec toi dans les rues du festival avec tout mon coeur.
ta présentation c'est comme un poème visuel et de texte parceque comme tu nous a dit d'autres mots du festival-écrire un poème c'est déja traduire sa langue maternelle dans une autre langue.
et voici ta langue de la danse des arbres dans tes magnifique photos de la lumière dorée de Saint Didier-de la danse des affiches de l'atmosphère des rues en voyant le caricaturiste et ton coeur poétique dans une immersion des sentiments du théatre quand tu as honte de tennuyer quand la femme actrice arabe parle.
tu es merveilleuse écrivaine j'aimerais voir une pièce écrit par toi bien je l'ai déja lu ici.
MERCI et je te souhaite une autre belle journée magique.
a bientot
Madeleine
Que dire après Madeleine ?
Bonne journée !
vrai qu'elle est extrêmement gentille.
Bon que ça me propulse - parce que suis là entre vieux os paresseux et tout ce qui se passe
Vais me limiter je crois mais entre autres à un bidule qui me demande action immédiate - go
et merci à vous qui m'aidez
c'est magnifique quand la vérité c'est extremement gentille.
je t'embrasse Brigitte.
Tu me propulse-quand j'étais a notre festival ce soir- les actes de la rue-les jongleurs etc. c'était magnifique l'atmosphère et j'ai pensé a toi,et j'ai pensé qu'est-ce qui se passe a avignon, ce soir je vais faire la connexion avec Brigitte!pour lire sa plume élégante.et il y avait un peu plus de magie dans mon coeur a cause de toi ma chère Brigitte.
c'est important les journaux n'est-ce pas si on n'écrit pas on oublie beaucoup très vite les mémoires précieux sont perdus......
je t'embrasse merci encore.
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