Voulais ressembler,
mercredi matin, à la dame qui m'est venue, en cadeau, (oeuvre d'Alexandra Giacobazzi) comme un
modèle, mais j'avais oublié qu'avant de trôner avec autorité
douce dans un transat, la mama elle a trimé dans sa maison, et me
suis engagée dans tout un tas de petites tâches trop négligées,
augmentées du long téléchargement d'un logiciel pour remplacer
iPhoto (un peu lasse des grèves nocturnes de Picasa album) –
tombais de sommeil après déjeuner, tenté petite sieste, avec
crainte de ne pas me réveiller à temps.
Mis une vieille et aimée
robe blanche, loin du corps, avec air circulant, en coton léger,
parce que la main de la chaleur, comme prévu, s'est posée sur moi
quand suis partie, avec une légère appréhension à l'idée du
passage de cette belle température d'été à la clim de l'opéra,
mais avec grande envie
d'bsen, d'un ennemi du peuple,
et de voir ce qu'en faisait Thomas Ostermeier dont j'ai aimé
fortement ou presque détesté, jamais regardé avec indifférence
polie, les spectacles.
Choisi
deux photos un peu au hasard dans la galerie de Christophe Raynaud de
Lage pour le festival.
Lu,
avant de partir sur le site du festival
... Ibsen
avait une opinion tranchée sur le pouvoir de la majorité : un
pouvoir à combattre puisque « la majorité n'a jamais raison ».
Un avis qui pourrait laisser à penser qu'il portait un regard assez
négatif sur la démocratie. Mais pour Thomas Ostermeier, il faut
absolument distinguer la vraie démocratie de la fausse, qui se
pratique dans les pays à économie libérale. Il lui paraît
aujourd'hui urgent d'attirer l'attention des spectateurs sur un
glissement possible et très dangereux de l'un vers l'autre,
glissement qui pourrait ouvrir grandes les portes vers un système
politique dictatorial à l'instar du système économique qui s'est
répandu sur notre planète. À travers l'histoire du docteur
Stockmann, c'est aussi une réflexion sur la radicalité des choix de
vie que propose Ibsen, signalant l'ambiguïté d'un choix qui se veut
absolu au risque d'un isolement total, et donc d'un échec du combat
mené. L'héroïsme est-il sublime ou devient-il absurde ? Une fois
encore, c'est un théâtre de questionnements que proposent Thomas
Ostermeier et sa troupe. Un théâtre de l'engagement, un théâtre
de résistance.
Une
pièce, chez Thomas puis au journal, des murs noirs sur
lesquels sont dessinés des meubles, et sur le plateau les meubles indispensables – un jeu rapide, efficace, l'impression que les acteurs
sont vraiment les personnages, et pour cela la distance nécessaire
pour donner ce sentiment du réel.
Un
texte impeccable, avec le bonhomme sûr de son droit, sûr du soutien
unanime - mais la violence verbale du frère, maire, et patron, qui
refuse toute remise en cause du projet - sûr du soutien de ses amis
(membres du même groupe de musique) journalistes, qui s'affirment
plus violemment contestataires que lui, du propriétaire
centriste du journal, président des propriétaires de la ville, et
la découverte de leur lâchage, après un plaidoyer d'une habileté
classiquement politicienne du frère. Quelques formules d'une
justesse navrante.
A la
fin on badigeonne de blanc les murs pour une conférence improvisée
par lui pour alerter la population, le maire s'empare du micro, le
ridiculise, minimise le danger de l'eau contaminée, l'accuse de
vouloir aller contre la majorité, en appelle à la salle où revient la lumière, avec une ou deux prises de parole sans doute préparées,
puis, après le discours de Thomas qui attaque en effet la
démocratie, mais telle qu'elle est maintenant dévoyée par la
fabrique d'opinion, etc... (et pour éviter le risque d'assimilation
avec l'extrême droite, Ostermeier a sous-titré le spectacle
l'insurrection qui vient), la salle intervient vraiment, et
j'ai trouvé ça sympathique, un temps, mais suis un peu lasse de la
rhétorique qui se veut de gauche et reste dans un ronron flou, j'ai
regardé ma montre, commençais à partir (cela dure ad libitum), ai
accéléré le mouvement quand est arrivée une intervention en anglais qui, bien
entendu n'était pas traduite, puisqu'il est obligatoire pour les
allemands et les français de manier cette langue (m'exaspérait déjà
le fait que pour les chansons en anglais nous ayons eu droit à de
très inutiles sous-titres en anglais). Dommage l'idée est bonne
mais nous public, nous n'avons que notre talent, et le très bon
spectacle s'effiloche un peu ainsi, et perd de son efficacité.... quoique, finalement, notre tendance au verbiage est assez dans le ton.
Ai
salué l'arbre, le bleu, la petite animation de la place, suis
redescendue vite par rues désertes pour préparer souper, arroser,
noter ceci, me changer, repartir
par la
rue Joseph Vernet en négligé du soir
par la
rue des Lices, les dernières tables occupées
et
aller, dans la cour du Lycée Saint Joseph, voir, pour une autre face
de la même thématique générale, Die Kontrakte des
Kaufmanns - Les Contrats du commerçant. Une comédie économique –
d'Elfriede Jelinek, dans la mise
en scène de Nicolas Steeman dont n'ai vu aucun spectacle.
une photo de Christophe
Raynaud de Lage.
Sur
programme du festival : ...La plume acérée d'Elfriede
Jelinek s'attaque aux gros et petits spéculateurs des marchés
financiers, à même le langage dont ils se parent. Avec une
implacable lucidité et un humour féroce, elle joue inlassablement
avec leurs discours prétendument rationnels, pour en donner à
entendre le jargon aussi irréel que farcesque. Leurs effets n'en
apparaissent que plus tragiques. Comme elle le dit, Elfriede Jelinek
n'écrit pas tant des pièces que des « textes à parler », une
langue vivante chargée de l'urgence de dire, qui a besoin des corps
et de l'énergie du plateau du théâtre pour se réaliser...
l'un
des acteurs (celui qui ensuite nous fera chanter notre soumission aux
banques, enfin moi un peu et puis m'y suis refusée - au demeurant bon chanteur lui-même) nous annonce - mais on
n'est jamais forcé de le croire - qu'il devrait y avoir un très beau
et très haut décor mais que le mistral de la fin de semaine l'a
emporté, qu'ils se contentent d'objets de récupération, que le spectacle grandit, Jélinek ajoutant du texte (ou plutôt eux
ajoutant des délires, actions à côté, digression) et que l'on ne
peut savoir à l'avance la durée du spectacle qui change tous les
soirs un peu (il y a une machine qui indique en gros le nombre de
pages restant à dire ou jouer, et cela commence à 99, machine
perdant un numéro chaque fois qu'une page du texte, que la plupart
ont en main, lisant parfois, est jetée – et la scène en est
constellée à la fin) qu'il n'y aura pas d'entracte mais que nous
pouvons sortir boire, fumer, rêver dans le jardin où il y a une
télévision
ce
que j'ai fait, le temps de quatre ou cinq bouffées de cigare, un peu
après le milieu, parce que j'étais excédée par une scène en
anglais pas très drôle (comique volontairement raté)
une autre photo de
Christophe Raynaud de Lage
Troupe
d'acteurs, musiciens et chanteurs (fort bons), vidéaste (et des gros
plans de comédiens en dehors de l'action principale s'affichent sur
un écran au fond, et parfois sur des écrans latéraux, en
alternance avec des unes du Figaro ou autres) metteur en scène tous
présents sur le plateau, des actions qui partent dans tous les sens, des masques de
moutons ou de loups (et à un moment une fausse Jelinek, pendant
qu'au premier plan on lit son texte, est dévorée par les loups),
des performances, des prises à partie du public, c'est assez
formidable, le texte de Jelinek est bellement fort, et les faux
n'importe-quoi ironiques des acteurs soulignent le mordant de la
satire, mais à vrai dire, vers le milieu pendant de longs moments,
cela devient un peu répétitif, et je me suis un temps ennuyée,
après avoir jubilé pendant près de deux heures.
La
fin renoue avec le texte et le plaisir du jeu et des chants.
Cela
a duré un peu moins de quatre heures (dont près d'une heure en trop
à mon goût, difficile à dire quand on a beaucoup aimé tout le
reste)
retour
dans les rues presque endormies – la marchande de glace du coin de
la rue Saint Agricol se préparait à fermer.
7 commentaires:
« L'héroïsme est-il sublime ou devient-il absurde? » La question est posée mais qui sait en réalité la vraie réponse à cette énigme? Et une autre énigme à laquelle je ne saurais donner de réponse : Ipsen et Jelinek dans un seul jour, comment faites-vous? Heureusement qu'en fin de soirée le texte de Jelinek était bellement fort
juillet le 25
bonjour chère Brigitte, encore j'étais la au festival.Quelle beauté dans cette poste.Le dialogue encore avec le ciel après ca on pourrait tourner la page mais nous sommes humains alors ca continue sur l'estrade de la vie.(tu m'as inspiré chère Brigitte a dire cela alors j'espère que tu trouves une petite vérité la.alors maintenant on continue avec l'enfer ... non mais...
J'ai trouvé les pièces ici et tes descriptions très inspirant l'étendu de mon esprit est maintenant plus large.-on ne remarque pas a quel degrès nous sommes en communications avec toutes les conversations,les photos, l'art le mot écrit etc!
OUi j'ai regardé un vidéo par NASA pour 45 minutes sur la lune,sur l'assaut violent des rochers et les météore contre la surface de la lune.et après ca chaque fois que je regardais la lune cétait stressant haha pour assez longtemps mais maintenant je suis guérie quand je regarde la lune elle est paisible et ca me rend reveuse haha.
ET ah quel bijou de voir le théatre dans la chambre de l'ancien peintre de la rennaissance avec sa peinture et le dialogue de la pièce a inclus les lettres du peintres- ah ca montre la communication inhérente de toutes les formes de l'art et entre tous les ages.
et pour aujourdhui, c'est spectaculaire encore.j'ai aimé surtout la ligne sur les speculateurs des marchés finances qui possèdent un discours prétendument rationnels. ca c'est l'humour de la protestation et merci pour toutes les photos magnifiques!
je t'embrasse,et te donne un grand merci pour ces bijoux de postes.
belle continuation.....magique...
Madeleine
23 ° seulement quant ici s'affiche à la même heure un insolent 25 !
La loi du plus grand nombre ne peut avoir raison même si elle l'emporte.
PhotoScape
un logiciel gratuit et sans virus, pas lourd à charger, je l'utilise notamment pour mes pages photos, les visiteurs (masc. gram.) ne s'en plaignent pas...
Il s'en passe des choses entre la dame assise aux chaussures rouges et la marchande de glaces aux fruits rouges
Je crois que j'ai oublié de te dire merci pour tes reportages pour le festival cette année. Quelle impolitesse ! Je vais la blâmer sur la grosse chaleur qui nous écrase ici.
Alors, merci, brige et pardon.
Lecture époustouflante,tenace et passionnée du festival, on y est presque!
Je vous vois désormais sur ma liste de blogs..
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