commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, juillet 14, 2012

Promener mes 70 ans dans le festival – l'apprentie sage-femme mais pas la Faculté (d'Honoré et Éric Vigner), première lâcheté

À l'heure où la lumière commence à nous venir, pâle et blanche encore, suis tombée du lit, où m'étais endormie guère avant, me suis assise sur le carrelage, ai pris le paquet, et pendant que l'ampoule s'éveillait lentement, j'ai commencé à le dépouiller d'un papier bleu doublé de rose, puis d'un autre, avec un gros ruban de papier et des ficelles mordorées joliment effilochées, j'ai souri à ma soeur, sans maugréer, sauf un peu contre ma maladresse, j'ai trouvé une belle boite d'un rouge sourd et doux, une enveloppe montage m'expliquant que c'était là une collecte en l'honneur des soixante-dix ans que me suis obstinée à atteindre, l'ai ouverte pour découvrir une série de grandes enveloppes blanches avec des noms de villes (sauf une, «en mer»). Ai aperçu, au fond, un truc plus grand, l'ai extrait, ai fondu une première fois devant cette oeuvre, et comme le sommeil me revenait avec sourire me suis rendormie.
Eu le temps d'ouvrir deux enveloppes à mon second réveil, trouvé petites enveloppes jolies, un mot, des dessins d'enfant, des pétales de rose, un très parfait coeur parlant italien (me sens toujours mieux en lisant auguri)... ai refermé, attendu une heure presque correcte pour un coup de téléphone remerciement, et me suis préparée, malgré ma flemme douce, à partir - parce que m'étais tant acharnée à avoir une place pour l'apprentie sage femme -

sous un nuage vagabond, en voyage rapide dans mon ciel.

Le jour était jeune et clair, les pierres de Saint Didier toujours amoureuses des ombres, de petites rafales de vent abstrayaient les affiches.. 

J'ai essayé un sourire sur la photo destinée aux mails de remerciements, sans grand succès, suis trop peu familière de petit appareil..

pu avoir une place, entrepris d'attendre, en regardant les arrivants, les murs que j'aime, pendant la petite demie-heure qui nous séparait du spectacle

Je reprends, paresseusement, sur le programme du off : «Dans une Angleterre médiévale et rurale, la môme de nulle part va apprendre à trouver sa place dans le monde. Sous la férule d'une sage-femme revêche, l'enfant sans nom va devenir Alice, un ventre plein et un coeur satisfait! Récit émouvant, rude, enrichi d'une langue inventive et éminemment théâtrale, l'histoire d'Alice est poignante, commune à tous ceux qui veulent faire quelque chose de leur vie envers et contre tout. Ce conte initiatique est porté par Nathalie Bécue ancienne pensionnaire de la Comédie Française.»
photo Bruno Steffen sur http://www.lestroiscoups.com/article-l-apprentie-sage-femme-de-karen-cushman-critique-de-marion-souliman-le-lucernaire-a-paris-88496133.html avec une jolie critique, que je découvre maintenant (mais il y avait mon préjugé pour la chapelle et le bouche à oreilles)

Et c'est un très beau moment (la chapelle a la grâce, et attire les beaux textes et bons acteurs). Elle entre, humaine, féminine et drue, en paysanne qui pourrait être aussi bien du temps des Le Nain que du moyen-âge, comme la table, la chaise...
Une voix mate, avec des lumières aiguës pour la sensibilité, des harangues, des appels qui donnent vie aux dialogues campagnards,
Une belle langue, économique, poétique, des mots qui se heurtent sans phrase développée, déconstruite, sensible... un parler campagnard recréé
Un beau texte, et une très belle comédienne. 

Retour dans les rues où la vie battait allègrement (avec quelques îlots pressés par leur vie, ou épuisés).
Le temps de cuisiner pour carcasse, de la nourrir, de téléphoner en Bretagne ou à Grignan, de remerciements sur internet, et enfin d'ouverture des enveloppes, découverte, lecture, avec gratitude pour le geste, avec le plus souvent davantage , attendrissement, amusement, et parfois étonnement confus (en luttant pour ne pas se rengorger à tort).... il était trop tard pour me décider à partir regarder et écouter les travailleurs de la mer, recommandés par, je crois, Lucien Suel, et par un coup d'oeil à une vidéo.
Ai négligé aussi le repassage qui va continuer à s'entasser et décidé que cinq heures était une heure parfaitement normale pour une sieste.
Un peu honte, juste un peu, en pensant à la richesse du off, à mes impasses dans le in, aux expos auxquelles je me contente de penser, aux colloques plus ou moins doctes, et aux rencontres avec les équipes.


Suis sortie de ma léthargie un rien migraineuse (tant pis pour moi) pour trembler comme une feuille, avoir crâne bouillant, le calmer, avec thé très chaud et penser à me préparer et partir, dans le début de nuit, pour assister, dans la cour du Lycée Mistral, à «La faculté» de Christophe Honoré, mise en scène par Éric Vigier, mais, me désapprouvant avec un reste d'énergie, j'ai cédé au besoin irrésistible de sommeil qui m'assaillait (nerfs trop détendus, fatigue des jolies émotions du jour) et, lamentablement ai renoncé et me suis allongée pour dormir, maintenue, un temps, juste à la lisière de l'effacement, par la lecture des souvenirs de Lassale sur Sarraute (et flottait le souvenir de ces représentations de «pour un oui, pour un non»). J'espère, sans trop y croire, que je pourrai avoir un nouveau billet.

8 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Il faut savoir gérer ses forces pour profiter pleinement de ces évènements qui meublent nos heures. Et déjà que votre programme journalier est passablement bien rempli. Pour notre grand plaisir.

Lucien Suel a dit…

Chère Brigitte, j'ai récemment recommandé la lecture d'Alexandre Dumas, Jules Verne et Victor Hugo, mais je ne me souviens pas avoir parlé des "Travailleurs de la mer". Bonne journée sous le soleil.

Brigetoun a dit…

ça me revient, c'était M.Glück !

arlette a dit…

Enveloppes émouvantes trop d'un coup!! comme les ans!!
Pensées douces vers toi en ce jour de célébrations ...diverses

Michel Benoit a dit…

La pierre et les ombres, le vent et les affiches...

jeandler a dit…

Ah ! que sur les murs de Saint Didier les ombres sont belles.
Le passage d'une dizaine à l'autre est toujours une épreuve. Traversée réussie. Reprendre son bâton pour le Festival avec courage.

Limparfait a dit…

Auguri :-)

Gérard Méry a dit…

Je prends tout...ton ciel et ton festival