n'émerger du trou du
sommeil que difficilement, un peu après sept heures – tourner sur
internet entre plaisir, désir de ne pas trop négliger ce qui
devrait me retenir, temps disponible, lent éveil – forme médiocre.
Opter pour vieille chemise
et pantalon vert – se trouver ridicule, un peu, juste de quoi
sourire, s'amuser, partir, à grand effort qui s'envole dans le
soleil doré et bienveillant et le vent qui jouait à se ruer en
brusques assauts
sentir le goût de la fin,
alors que tant y a encore à voir – voir emporter des tubes
métalliques, voir la dernière des oriflammes de France Culture
encore en place dans la cour d'accueil de Calvet.
renoncer dès maintenant
aux innombrables spectacles du off, même ceux que voulais – savoir
que, dès lundi, certains théâtres seront fermés – savoir forces
corps et esprit fragiles en mesurant avec plaisir leur renaissance en
s'appuyant au vent.
Avoir détruit par
mégarde, quatre photos qui venaient s'intercaler dans les phrases
ci-dessus
Arriver avec confortable
avance dans le hall du lycée Saint Joseph, lire un peu, se mettre
dans la file d'attente devant un couple qui avait programmé la
mouette pour le soir, et
s'étonnait des bonnes critiques alors qu'ils savaient qu'il y avait
eu des départs, parler du mistral et du froid, avoir assentiment de
son voisin, et sentir, au fil d'un dialogue, d'observations
échangées, de mots interrompus, ou allusifs, notre avis s'affermir
dans un presque enthousiasme.
Mais
regretter vraiment, en écoutant des échanges, outre certains non
retenus, les deux spectacles auxquels ai renoncé, et spécialement
celui de Forced Entairtment.
S'installer
devant le plateau presque nu du jardin de la vierge, avec ce recto
verso une statue en sable bras légèrement écartés (oeuvre de
Daniel Arsham) qui nous fait face, un homme en short et tee-shirt
blancs qui nous tourne le dos. Regarder Curtain le
premier des sujets à vif, sur une conception de Jonah Bokaer
dansé par lui et David Hallberg (plus un autre danseur non cité) et
en bande son la musique d'une conférence de John Cage en 1984 –
lire «rencontre entre Jonah Bokaer et David Hallberg, danseur étoile
de l'American Ballet Theatre de New York, qui, bien qu'étranger et
américain de surcroît, intégra en tant que danseur étoile le
Ballet du Bolchoï, faisant date dans l'histoire de cette
institution. Cette décision eut un grand retentissement dans le
paysage culturel et politique ; CURTAIN revient sur cet événement
de l'histoire de la danse. Pour cette création, le plasticien Daniel
Arsham a mis au point une « substance non-newtonienne » qui évolue
dans la chorégraphie. Une conférence de 1984 de John Cage à ses
étudiants est diffusée dans une installation stéréo-centrifuge.»
l'oublier, mais aimer ce qu'on voit, la vigne vierge qui frissonne
dans ce sacré vent bien sûr, mais surtout la fermeté de la
succession des moments, de la danse en solo, des interventions du
puis des danseurs en kaki, la fermeté et rigueur de la chorégraphie,
la beauté de la danse de Jonah Bokaer, méditation, force et grâce,
et puis le tournant, la fantaisie qui s'insinue chez les deux autres,
qui rompent leur presque ensemble (soigneusement imparfait), jouent
avec les plantes avant de sortir une foi encore, la destruction par
Bokaer de la statue dont il prend la place, la coulée d'une matière
blanchâtre depuis une fenêtre du premier (et le jeu du vent avec
elle)
démontage des enceintes,
ramassage du sable (un peu sur mon carnet que je ne relis pas),
lavage du sol, pose d'un ruban plastique rouge autour du plateau, de
quelques cubes de bois peints, de tailles variées, de deux seaux
métalliques, de cordages et d'objets divers, dans un coin, par
Stanislas Roquette, qui se relève, sonne une cloche au timbre, nous
introduit dans le second sujet à vif l'inquiétude (la
seconde partie de l'adaptation pour la scène du Discours
aux animaux de Novarina) dit,
fait vivre ce superbe et jubilatoire texte, et c'est un moment de
grand bonheur.
L'ouvreuse
qui s'était assise sur une marche à côté de moi, découvrait,
riait, aimait, en redemandait.
retour
aussi rapide que le permettaient carcasse et le vent, par les petites
rues coupant les axes de la foule, avoir le plaisir de quelques
parades autres que tracteurs fatigués
jusqu'à
la place de l'horloge qui n'a pas perdu de son animation
rencontrer
les compagnons de Jules César qui s'habillaient, dégringoler vers
l'antre, cuisine un peu avant deux heures, déjeuner, et plongeon
dans une sieste bien profonde.
En
sortir pour cuisine à nouveau (pour souper), petit tour internet,
gratitude envers les visiteurs et petite honte, arrosage, enfiler
pantalon et tunique kaki, repartir
traverser la petite foule
d'un samedi de solde rue Joseph Vernet,
admirer les effets du vent
et de notre désinvolture sur le chemin,
saluer la chapelle du
Verbe Incarné et les spectacles ultramarins que n'aurais pas vu
cette année
avancer
malgré la danse des affiches, en évitant les gifles,
suivre
deux hommes d'antan qui parlaient politique des spectacles, si me
souviens bien,
et
tenter de calmer carcasse en l'engageant dans la douce foire des
Teinturier
arriver
très en avance pour une attente un rien pénible devant les grilles
du gymnase du Lycée Saint Joseph
se
distraire en se tordant les chevilles sur la calade, en regardant les
platanes et leur lumière verte, repérer un lézard
pénétrer
enfin dans le jardin délicieusement au bord de la ruine
pour
une nouvelle longue attente, se faire offrir une chaise, se prendre
au sérieux et apprécier, regarder, lire un peu, avoir envie d'une
photo, et pénétrer enfin dans le gymnase pour assister à C’est
l’œil que tu protèges qui sera perforé
de Christian Rizzo, chorégraphié pour Kerem Gelebek qui
l'interprète
deux photos de
Christophe Raynaud de Lage (celle-ci et la suivante) copiées sur le
site du festival http://www.festival-avignon.com/fr/Spectacle/3386
comme ce
passage de la présentation
«Certes,
Kerem Gelebek porte la chemise de Christian Rizzo, manipule certains
de ses objets fétiches – une table, une plante, quelques
livres – et s'approprie son vocabulaire chorégraphique. Mais il
développe aussi un langage personnel, mâtiné de danse
traditionnelle, d'ondulations et de tourbillons enivrés. De caresses
en cassures, il s'insère dans l'univers mélancolique du chorégraphe
autant qu'il l'enrichit, le décale et parfois le subvertit. Sur le
plateau, Kerem Gelebek se déplace comme un alpiniste... »
« En turc, Sakinan
Göze Çöp Batar signifie littéralement : «C'est l'œil que tu
protèges qui sera perforé.» Ou, dit autrement : c'est en se
protégeant qu'on risque le plus de se faire mal. Un titre en forme
d'invitation à l'audace, à la confiance, pour un solo où l'autre
n'est jamais loin.»
Et c'est tout cela, une
danse souvent au sol, par moments joyeuse comme des danses dans un
bal ou cabaret, l'énergie concentrée, la souplesse, les sinuosités,
une histoire d'installation peu à peu, et de nostalgie, sans
grandiloquence, et l'attention de la salle comme l'ai rarement
ressentie
Beau
et honnête.
sortir
vers neuf heures, se frayer passage souriant entre marcheurs,
dîneurs, marchands et serveurs, - se sentir en forme, mais décider
de rentrer la vieille, et mettre trop de photos sur pauvre Paumée
traverser
la place de l'horloge au moment où une rafale faisait voler les
cartes de restaurant.
8 commentaires:
la photo avec la danse des affiches : SUPERBE...
Une rafale de vent
les photos tremblées.
...et le mistral !
beau et honnête "kalos kagathos" (beau compliment antique)
Et que le vent m'emporte...
Quand on pense que cela finira !! tant de mal et d'espoir
J'aurais voulu être saltimbanque !!!
Et que le vent m'emporte
Comme je n'ai pas pu venir à Avignon cette année, je vous visite avec dévotion. merci
Je remarque que, malgré mon retard (voyage oblige), tout un chacun constate que cette année le vent a décidé de laisser une marque sur le Festival. Et légers comme une feuille, il éviter que nos projets s'égarent dans un vent de folie. Et beau est ce jardin délicieusement au bord de la ruine
pendant le festival..les ripailles continuent
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