endormie un peu après
quatre heures, bref moment de lucidité claire vers six heures – ai
émergé officiellement un peu après neuf heure avec poids de la
nuit encore désirée sur les épaules, les paupières, l'esprit, un
peu l'impression d'être propulsée, tordue, éblouie, rétive hors
d'un abri sombre où me serais lovée comme j'en avais eu envie
l'autre nuit en longeant ce dessous de scène.
Officiellement mais fort
peu éveillée, avec la maladresse d'un ours sortant d’hivernage,
ce qui a coûté la vie à l'une de mes dernières assiettes oiseaux
(n'en restent que quatre maintenant sur seize), ai senti petite
tendresse pour elle, ramassé ses tout petits tessons, passé
l'aspirateur, tourné en rond jusqu'à mettre machine brigetounienne
dans le jour,
et suis sortie dans belle
lumière, chaleur montante, air encore léger, pour acheter légumes
(piètres comme toujours quand ne vais pas plus loin) dans mon
quartier, marcher presque sans slalomer jusqu'à la place de
l'horloge, pour le Canard enchaîné,
traversé en souriant la
petite animation aimable, détendue et de belle humeur, à cette heure là,
trouvé que même les
groupes cornaqués étaient sympathiques, suis rentrée, ai fait
cuisine (première année que je termine le festival en ayant très
légèrement grossi au lieu de fondre), déjeuné, me suis enfoncée
dans un néant somnolent
d'où j'ai émergé pour
partir vers 17 heures, trouver, dans le reste de dure chaleur, une
atmosphère de vacances, de gaieté tranquille sur la place,
avancer dans les rues où
le festival s'effacerait s'il n'y avait les affiches jouant avec les ombres, la lumière et le
filet de vent qui nous venait doucement, et être séduite par l'idée
suggérée par un titre de pièce,
retrouver, pour la
dernière fois cette année, le lycée Saint Joseph...
attendre sur un banc, en
sentant que lentement je m'absentais, croulais sur mon rien
intérieur... et m'installer au premier rang, à l'ombre, du jardin
de la vierge pour le dernier programme des sujets à vif (j'ai pu
choisir pour chacune des deux pièces une photo de Christophe Raynaud
de Lage puisque le programme se joue depuis plusieurs jours)
avec
O dansé
par Mikael Marklund, commandé à Laurent Chétouane, chorégraphié
par les deux
«Une ouverture par le
mouvement à la recherche d'une tempête à définir – celle de
l'histoire peut-être – qui reprendrait son cours, dans un dialogue
avec le dehors, dans un jeu entre soi et soi : un courant d'air à
suivre. Avec une belle inconnue : demain, à ne pas abandonner.
»
Laurent Chétouane
avec
pour seule musique le bruissement de la vigne vierge dans le vent qui
s'était installé, la présence de ce grand corps très blond, très
blanc, bouche légèrement ouverte, en exploration du monde et de lui
même, la danse qui naît, les déambulations qui reprennent – sans
doute beau, sans doute plein de sens - malheureusement le côté
hypnotique était un peu trop grand pour moi (suis en cause)
et in
creation, commandé à Gregory Maqoma, chorégraphié et dansé
par lui et Dada Masilo
«Dans cette création,
les deux chorégraphes sont obsédés par la théorie de la chance et
de ce qu'elle apporte à l'espace. Là où tout se passe par chance,
sans une certaine structure qui a été développée par un heureux
hasard. Les artistes entrent en collision, sont en accord puis en
désaccord, amoureux puis désenchantés. Ils cherchent l'amour dans
leur solitude, se perdent, interrogent l'espace, revisitent leurs
souvenirs et s'en construisent de nouveaux.»
Gregory Maqoma
belle
danse, gestes interrompus, comme gênés, au début. Une histoire
racontée vaguement - le couple - deux formidables danseurs.
Elle
toute de féminité, de charme, de reste d'enfance, d'humilité,
d'humour, de sinuosités, et de jaillissements.
Aimé,
beaucoup, comme d'ailleurs le reste du public, tout en sentant que je
sombrais au fond de la fatigue et de petite douleur.
ai
applaudi, salué les danseurs, et la vierge pour un au revoir, suis
sortie la première, suis restée une minute sur la marche du seuil,
ai renoncé à tous les vagues projets que j'avais fait dans le off,
navrée de manquer les quelques spectacles qu'aurais voulu voir, ai
serré dents, pensé j'y arriverai
et
m'en suis revenue, me cramponnant à l'espoir d'atteindre l'antre,
par les rues qui à cette heure étaient vivantes, sans la folie des
dernières semaines, mais avec reste de joie,
ai rencontré
un couple qui a gracieusement pris la pose pour moi,
atteint
avec soulagement la place de l'horloge, l'ai longée hors flux, ai
senti mon pas s'affermir
avec
tout de même conscience (renforcée par vitrines) que sur petit
corps je promenais cette gueule à faire peur, à me faire peur
à envisager de me faire greffer l'une des têtes qui s'ennuyaient place Pie sur mon passage.
Aujourd'hui
j'avais prévu marché, on verra, des spectacles off, on ne verra pas
je pense, et j'ai une place pour un concert auquel je tiens qui va
sans doute être ma seule activité du jour, avec un peu de lecture
si me retape. La petite vieille est fatiguée.
13 commentaires:
fatiguée mais active quand même !
bises
chanson du Québec :
- "J’aime les Grandes Gueules
...
Je les aime mais c’est pas maladif."
Quel beau désordre d'affiches vous nous présentez. Ces rues d'Avignon qui retrouveront l'ordre après le désordre sont bien sympathiques. Et une vie avec modération reprendra ses droits, j'imagine.
Dernière photographie:on ne pourra plus dire que ces femmes sont des cageots!...
A chacun sa place.
Si grand front pour belles pensées
Belles photos...
même ma gueule ? oui, en fait j'étais pire
Les assiettes cassées ne sont pas des gueules cassées. Ces quatre-là, aux oiseaux, méritent d'être placées dans une vitrine.
Les cageots et les bustes (ne manque qu'un peu de paille) font une merveilleuse images.
Quelle belle série de photos ! J'aime ce billet et préfère ta tête à celle que tu aurais voulu te faire greffer....
Lassitude normale après ce festival que je n'ai pas beaucoup lu chez toi... mais te remercie pour tes commentaires appréciés.
(J'ai pensé à toi le 13 juillet dernier, ai essayé de te laisser un message qui n'a pas voulu passer... voulais te souhaiter bon anniv..)
c'est gentil.. et c'est mieux ainsi : je re-savoure et tu n'es pas noyée dans les trop nombreux souhaits (trop parce qu'immérités que j'ai reçus)
" Le sommeil délivré "...une affiche faite pour toi ?
ah chère Brigitte, merci encore pour la magnifique poste.j'étais la au festival d'avignon et mes festivals ici a Edmonton CAnada, en meme temps parce que ton festival devient la meme dans mon coeur a cause de ton esprit divine et élégante.
j'adore ta puissante photo de la nuit qui enveloppe tous les émotions mystérieuse de festival qui doit ete découvert et explorer- a travers des pièce ton regard et ta belle plume magique.
encore les photos du quotidien qui mélange avec les photos du festival jusqu au temps quelle deviennet une.
toujours le dialogue du ciel, et avec la pierre ancienne, oui on descend...
et vos mots magique qui vole sur le meme vent qui va emporter les affiches de la pièce bientot.
et tes mots sur -O- avec Mikael Marklund- la danse qui nait- oui c'est magnifique -oui la danse la nuit les pièces qui donnent une naissance a nos pensés et nos coeurs.et cette magnifique photo du danseurs le geste- comme si il danse dans la mer de la vie plein de merveille et exploration.
et ta photo de -in creation- oui qui explique le hasard,( mais moi je ne crois pas vraiment que les hasards existent, alors l'apparence des hasards) etcomme tu as ditle-jaillissement -oui je pense de la vie et les pensées.
alors Brigitte, c'est presque fini le festival mais alors c'est un autre poste je crois....
et franchement je ne vois pas la fin......
alors je donne un petit mot chez Nathalie pour dire que j'ai trouvé le chemin magique ici. j'ai commencé ce chemin en disant que Nathalie est sur les vacances.
alors dimanche ici c'est le dernier jour de notre foire.c'est triste le dernier jour mais je serai la parceque il y a du bon marchéhaha et je suis terrible mais nous sommes comme les anges aussi...
merci chère Brigitte je t'embrasse encore
oui ce que je voulais dire la danse de Mikael ou il fait le geste dun poisson dans la mer de la vie.
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