Encore un jour où n'avais
pas accès aux mots miens, ou envie de, ou pour Paumée en tout cas.
Alors, je reprends, en
grande paresse, ce que j'ai déposé sur la proposition d'écriture,
à partir de l'autobiographie des objets de François Bon
http://liminaire.fr/livre-lecture/article/autobiographie-des-objets-de
– que soit béni Pierre Ménard et ses incitations, et c'est en
commençant à y répondre que je me suis embarquée trop longuement
dans ce qui est venu, ici, sur Paumée, mercredi -
Et comme n'ai plus rien de
ces objets du passé, je prends images de ceux qui sont là, près de
moi, qui auraient pu entraîner petites histoires, ma médaille de
berceau (enfin elle, non, n'ai pas de souvenir, mais la petite coupe
vide-poche sans histoire parce que c'est un des objets que j'ai voulu
garder dans notre très fraternel partage, alors que je disais, et
pensais, que je ne voulais rien) - mon bol à bouillie parce qu'il
servait à la présentation des petits gâteaux secs accompagnant le
thé ou des trucs salés pour l'apéritif, et que je le couvais d'un
oeil de propriétaire, en ayant un peu honte de cela, aimant bien
cette petite honte – la cuillère à bouillie encore qui a eu long
usage comme cuillère pour sauce de gigot – et ce meuble, reste de
la chambre de jeune-fille de ma mère, qui était notre malle à
trésors, avec le tiroir des bijoux fantaisies en pagaille, celui des
photos non moins en pagaille, les lettres qui ont suivi tous les
déménagements familiaux....
Donc :
Livres
Le placard du couloir dans
le sombre appartement parisien des grands parents, caché dans le
papier peint (qui s’effilochait un peu autour de l’ouverture)
avec les petites clés que la hanche heurtait quand on avançait dans
la pénombre, le grincement de l’ouverture, et dedans une odeur de
poussière et puis les collections de grands volumes, le Journal des
demoiselles, pour le rêve et l’ébahissement devant l’imagination,
la complication des plissés, drapés, dentelles, galons, des
panneaux tabliers se relevant en gros plis sur les tournures, et de
la superposition de jupes dessous, avec les festons pour découvertes
et les glands – et découvrir une vision du monde oublié, des
nouvelles fin de siècle, les photos des tranchées et de cuirassés
dans des ports d’orient, avec l’Illustration.
Et puis les bibliothèques
accordées à l’âge, rose et c’était ma sympathie instinctive
pour Sophie et mon agacement devant quelques enfants méritants, puis
verte et enfin la vraie passion de lire avec les rouge et or, les
Rosny et puis, j’en ai petite honte rétrospective, deux histoires
« la charge de la Brigade légère » et les aventures de
deux officiers de l’armée des Indes, dont j’ai oublié le titre,
et que j’ai lues et relues un été, grimpant sur la terrasse d’un
des blockhaus dans lesquels nous campions sur la plage du Palyvestre
(maintenant il y a là de la terre, un terre plein au fond d’un des
ports, le premier, celui que nous avons vu construire, des maisons,
et la mer est plus loin), sur la terrasse, à l’abri des niots et
des parents, en jouant avec les taches de résine de pin, et en
m’attardant chaque fois sur une scène de torture avec des bambous
enflammés sous les ongles – on vient au plaisir de lire comme on
peut
solex
Au Palyvestre encore, ce
solex, début de notre indépendance de principe, que nous partagions
avec ma soeur, qui avait dû être acheté d’occasion , qui était
en fin de vie, et auquel j’avais accès quand il était en panne et
qu’il fallait le faire avancer avec, en plus, le poids du moteur
basculé en avant (je suppose que dans le souvenir d’A c’est elle
qui ne l’avait que dans ces moments là)
nécessaire
La petite pochette qui ne
quittait pas mon père en vacance, (je me demande s’il n’en a pas
eu plusieurs, elle est, dans mon souvenir, toujours dans le même
étai, juste avant l’usure), d’un classique bleu moyen, avec
blague de tabac, couteau, petits bouts (ficelles), pour parer à tout
jardin
Le jardin du Conquet, où
nous avions le droit de jouer au bas de l’escalier et sur de larges
bandes près des clôtures, mais où le propriétaire conservait
l’usage d’un grand rectangle de terre, au centre, pour son
potager – les rangées de salades ou autres et le goémon sec comme
engrais (je pense). Et puis, au fond, la cabane en planche qui était
les wc.
tambour de pluie
Les après-midi de vague
ennui, dans l’appartement parisien de ma grand-mère, quand elle a
hérité de moi pour ma philo et la paix familiale – suivre des
yeux les cercles gravés sur le plateau du tambour de pluie
cambodgien en bronze, caresser les petits animaux en saillie, rêver
– ai toujours regretté que ma mère n’en ai pas hérité - il
était beau, mon petit snobisme se réjouissait de le savoir assez
rare, et encore davantage à cause de sa qualité, et puis il y avait
toutes les heures que j’y avais projeté, et les conversations
entendues, avec ma révolte et ma désapprobation décidées, quel
qu’en soit le thème, finalement, me dit ma sagesse actuelle.
Et j'en resterai là.
11 commentaires:
Paumée pardonne moi... et ça ne va pas s'arranger - migraaaaaine
Comme un nuage la migraine s'évaporera...
Comme j'aime ces petits écrits de souvenance en partage
Viens de lire le dernier François Bon : un régal
pour les deux Anglais, une suggestion, eu égard à l'époque de publication :
- Capitaine Mayne-Reid, "Le Doigt du Destin..."
désolée mais suis certaine que non, pas de doigt dans le titre mais je crois des plumes ou une plume
Tambour de pluie... magie à domicile (vos objets ont du charme, chacun les siens, on essaie parfois d'en oublier certains).
merci de tenir compagnie à Paumée, qu'est entré en basses eaux depuis jeudi, brusquement - va m'en vouloir alors que c'est simplement cycle
... mais de beaux présents.
Au bord du lac, sur les rives, j'assiste aux marées quotidiennes. Marée haute. Marée basse. Et soudain, après un temps gris, un soleil radieux. Et les bis de la marée accompagnent nos heures, elles aussi parfois hautes, parfois basses. Amicalement. Pierre R
Bravo brige !!
Les mots des autres que parfois on se demande ne pas les avoir écrits soi-même.
Merci.... pour ces mots des autres...
et prenez soin de vous.
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