M'en suis allée, sous un
ciel qui semblait opter avec une certitude éternelle, au moins, cela
était évident, pour le bleu lumineux, avec quelques petits nuages
flottants, dans un air d'une douceur tendre.
Ai rencontré un embryon
d'arbre installé, au dessus du sol, entre pierre et descente d'eau, accompagné d'une
petite fleur jaune, niant l'idée d'automne
Ai rencontré un arbre qui
affichait l'automne avec coquetterie, se parant de quelques bouquets
jaunes comme de noeuds de rubans pour fêter la lumière
Ai rencontré des
pleurotes avec leur aspect de minable inexistence, des lactaires, de
toutes petites girolles brunes et des cèpes que j'ai pris en photo,
pour le goût que j'aurais eu pour eux s'ils ne m'étaient interdits,
et j'ai rempli un couffin de bintjes, de petites pommes de terre de
la Drôme, de courgettes qui viennent un peu trop tard, d'une tranche
de potiron, de petites tomates noires pour des sauces parfumées,
d'un reblochon, d'un pavé de morue, d'un bidon d'huile du moulin,
d'un dos de cabillaud, d'une aile de raie et du programme du parcours
de l'art, un couffin et un grand sac.
Suis rentrée dans douce
lumière, ai vaqué, déjeuné pendant que des nuages, venus dont ne
sait où, colonisaient lentement le ciel, ai fait avec conviction un
programme pour donner à ma penderie et mes tiroirs leurs occupants
d'automne et d'hiver et ranger, trier, jeter les restes de l'été,
et me suis enfoncée, satisfaite, dans une longue sieste dont j'ai
émergé trop tard pour que me vienne idée autre que thé et
lecture.
Le ciel était couvert
d'une haute nuée d'un gris doux. Il faut que l'entrée dans
l'automne s'éternise, suis pas prête.
Et reprends, parce que
l'avais ressorti le matin, puisque ne devais pas avoir temps pour
Paumée, un paragraphe d'un convoi des glossolales
http://leconvoidesglossolales.blogspot.fr/
C'était avoir aimé se
promener les dimanches après-midi à la limite des 6ème et 7ème arrondissements, remettre les pieds dans ses chemins d'élève
architecte fugueuse, quand le trajet entre le 17ème des grands
parents et l'école du boulevard Raspail se faisait à pied et
prenait toute la journée, c'était avoir marché en regardant le
haut des immeubles, l'irruption des toits sur les façades, et les
cariatides et tympans, c'était se souvenir du rez-de-chaussée de
l'aile du Louvre le long de la Seine et de la nymphe de
Fontainebleau, c'était avoir retrouvé, en s'installant dans cette
ville de fin de vie, au bord du Rhône, les petites rues, les porches
et les façades noblement ornées, c'était aimer, sous les mascarons
grotesques de l'hôtel de Crillon, une femme couchée, presque
offerte, entre ville et fleuve, c'était rêver très vaguement, en
dérive imprécise, aux métamorphoses d'Ovide, et aux dernières
fraises plissées du temps d'Henri de Navarre.
10 commentaires:
Ces victuailles si bien décrites pourraient illustrer merveilleusement un livre de gastronomie tant les mots sont riches et onctueux. Je rêve du jour où une maison d'édition publiera les chroniques les plus sages de ce blogue. Voilà.
Avignon-Paris : pas besoin d'un TGV pour les relier !
Je ne reconnais pas le bâtiment aux créneaux... !
hein ! tu te moques ?
c'est tu sais ce gros truc qu'on appelle le palais des papes vu depuis la place de l'horloge en son bout
Non, non, je ne me moque pas. Vu cadré ainsi, je n'ai pas reconnu l'endroit... !
Oh, ces cèpes me font bien envie...leur tentation arrivera t'elle à me faire courir les bois ????
Bon Dimanche.
Tous les marchés, parisiens comme avignonnais, se ressemblent en cette saison excepté que je me suis laissé tenté par les bolets !...
découvert que je pouvais à nouveau langer des truffes je pourrai peut-être essayer les cèpes, ose pas (les girolles non, trop fibreuses) - un de mes regrets moindre pourtant que mes bien-aimées salades, que les poireaux, l'oseille et les oignons fondus, où ce régal la salade de gros oignons crus
Merci pour la promenade, brige !
De jolies rencontres ...
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