J'ai mis en ligne
l'ébauche de liste pour les vases communicants en décembre
http://rendezvousdesvases.blogspot.fr/2012/11/liste-des-vases-communicants-en-decembre.html,
un peu pour inciter les intéressés à s'inscrire, les
décidés-oublieurs à se signaler, beaucoup pour me motiver.
Parce que, le premier
vendredi de décembre, Paumée aura droit à un texte forcément (ou
je ne comprends plus rien, les rivières remonteront leur cours, il
pleuvra à Gao et je me ferai nonne bouddhiste) travaillé, nourri,
intelligent, spirituel, de Poivert tel qu'elle sait les penser,
appuyer de recherches, mener à bien, rédiger..., parce que bien
entendu je me défie de ma
désinvolture-masque-de-manque-de-confiance-et-sérieux et que, sans
qu'il y ai comparaison, je ne voudrais pas faire tache sur son
blog... parce que flotte dans mon crâne, ou à distance, revenant
parfois avec un grand ah oui ! suivi d'un temps désertique ou d'une
flânerie en pensées inconsistantes, le thème choisi, familier,
peut-être excessivement familier, surexploité par moi.
Donc, j'ai mis en ligne la
liste, suis sortie nettoyer un tantinet la cour, couper les têtes
revenez-y de l'hortensia qui se fanent lentement, ne trouvant force
de quitter le vert qu'en rougissant leur mort future,
vérifier qu'à côté de
la petite fleur qui est stoppée dans son éclosion, les boutons se
rencognent dans un refus têtu, et, entre la deuxième et la
troisième pelles de feuilles, un schéma s'est fait jour, sans grand
intérêt, mais existant, s'est matérialisé en un début
joyeusement verbeux.
Sur ce, satisfaite à bon
marché de cet embryon d'effort, je reprends ma participation aux
vases communicants de novembre, ma table, celle qui faisait vis-à-vis
à la table touchée par Eve de Laudec
http://brigetoun.blogspot.fr/2012/11/un-coin-de-table.html
(et voilà que, déjà, je
suis longue, longue, longue)
Sur un coin de table
Sur un coin de table, j'ai
posé une fesse
L'était grande, rechampie
de blanc, l'était un peu trop haute, et je devais m'appuyer sur la
pointe de mon pied droit, tordue un peu - le balancement de ma jambe
gauche n'était pas aussi décontracté que l'aurais voulu, mais tant
pis elle était telle, l'acceptais.
Sur un coin de table, j'ai
posé une fesse
L'était à la limite
d'une terrasse, et la rue et sa vie devant elle – regardais sans
voir, comme un long bâillement refréné, blottie dans une
indifférence rêveuse – et la rue et sa vie devant elle,
insistant, avec de furtifs éclats, une couleur, une drôlerie, un
chatouillement qui sollicitait.
Devant mon coin de table,
il y avait la rue
Un peu de la ville, un peu
du port, et l'ouverture au loin dans le bleu sombre de la mer –
voitures qui roulent lentement, l'irruption brutale d'une musique
boum boum, une voiture rutilante, des bras posés sur portière, des
profils jeunes, durs, impassibles, au plan suivant parfois un vélo
mené d'un sourire fier ou l'élan d'une mobylette joyeusement
pétaradante, et juste avant le parapet, juste avant la mer citadine,
les passants, flâneurs ou pressés
Devant mon coin de table,
il y avait la rue
Un sourire qui illumine,
accroche une seconde le regard, des groupes neutres, une démarche
lasse raidie dignement, et puis juste devant moi, l'assurance laquée
d'une femme sans âge suivie d'un homme rendu invisible, elle se
retourne, pose sa main sur son bras, parle, le pose contre le
parapet, descend l'escalier vers la mer – il reste là, vacant, il
regarde un oiseau qui raye comme un coup d'archet le bleu, ses yeux
redescendent, touchent la table, il est vacant, un peu égaré
peut-être
Sur ce coin de table,
étais assise
bien franchement, parce
que plus confortable – il vient, s'assied à côté de moi, et il
parle, il parle en regardant la brèche dans le parapet, la brèche
par laquelle est descendue la femme, un torrent de paroles, cela se
plaint, un peu, cela grogne, cela jure avec des mots étranges et
violents, et je ne comprends rien – comme une langue étrangère,
des mots qui viennent pour ce que je ne devine pas – je souris
presque, pas tout à fait, juste pour le laisser dire – et le temps
passe que je n'ose pas briser – elle remonte, elle le regarde, il
se lève, il l'a rejointe, ils sont partis
Sur ce coin de table,
étais assise
Le soir monte, un peu rosé
– deux femmes juste devant la table en grande discussion, des
enfants qui attendent, ils me regardent, je prends une feuille, je
dessine un oiseau, je prends une feuille, je dessine un oiseau, enfin
pas un oiseau, sais pas, un envol... ils dessinent aussi, et puis
nous les jetons, nous les regardons s'envoler... les mères
repartent, ils les suivent après un adieu poli et moi je m'en va
porter ce n'importe quoi à Eve de Laudec http://www.evedelaudec.fr/
en espérant avec inconscience son indulgence.
J'aurais dû me méfier
de mon réflexe qui m'a fait dire : j'ai posé une fesse dès que
j'ai pensé table, ne savais où cela me conduirait, et ce ne fut
nulle part.
4 commentaires:
Une belle invitation à la patience d'un texte prometteur à venir et s'il y avait au coin de chaque rue de belles tables pour s'appuyer et réfléchir... ;-)
@ brigetoun : merci pour l'inscription, in extremis, de Lirina Bloom et moi : nous voici donc au pied du mur (mais ce n'est pas l'Himalaya).
En regardant la rue en spectateur , une histoire se passe qui conduit toujours on ne sait où
Il est bon de se fixer des défis
d'écriture ou autres...
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