Me pardonnerez vous,
Monsieur, de vous avoir surpris ?
Je ne le voulais pas. Et
ce fut surprise, Monsieur, la photo s'affichant, ce visage votre, surpris, réprobateur, ou étonné,
inquiet, un peu...
Je visais de trop loin,
avec un zoom, les terrasses, tous ces corps détendus. Ils m'avaient
envoyé, me réveillant, la sensation, la conscience de ce printemps
qui nous vient.
J'avais noté ces deux dos
sombres, s'échelonnant, comme une ancre, pour fixer mon rêve.
Ne pensais pas à vous,
n'avais pas vu vos sacs.
Depuis, m'interroge..
Peut-être venez-vous d'un village voisin pour visiter un fils ou une
fille, peut-être cherchez vous un travail, peut-être vous reposez
vous en attendant une voiture qui vous emmènera dans un appartement
ami près de la Rocade, et goûtez vous tranquillement la tiédeur
toute jeune de l'air. Peut-être êtes vous en colère pour une
raison inconnue, un corps au pied, l'état du monde, une injure, un mépris, un bon gros ennui dans votre travail, l'inconfort de ces tabourets si esthétiques. Peut-être vous impatientez vous en attendant votre
femme et votre fille qui sont venues regarder les vitrines.
Peut-être avez vous eu envie de me faire cendres.
Vous voyez bien Monsieur
que je ne vous ai pas volé votre présence, juste son image.
7 commentaires:
De manière inconsciente, je crois, je guette un regard, une expression, des traits ou une nostalgie capable de résumer ou plus exactement de révéler une vie écrivait Steve McCurry
Il en est souvent ainsi ... mais le regard ne veut pas dire réprobation
surprise seulement, interrogation aussi
Délicatesse de ta part ce petit billet qu'il ne lira pas
Se voir pris en photo comme au piège mais souvent simple impression : le chasseur n'avait pas d'arme.
Le regard seul en dit beaucoup.
Et peut-être avait-il tout simplement le soleil aux yeux.
tu t'en sors très bien, comment ne pas être ému.
Un bel hommage à l'inconnu.
c'est très beau, pudique et respectueux.
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