Brigetoun était vendredi
et samedi dans la fraîcheur de la Drôme et de la Lozère, dans la
chaleur de rencontres, avec un petit regret rampant de ne pas pouvoir
se livrer à sa lecture tendue, gloutonne, freinée par plaisir,
perplexe parfois, des échanges des vases communicants.
Brigetoun les a effleurés
samedi soir.... un peu brumeuse était, encore dans son escapade, et,
tant pis, c'est trop tard, mais a cédé à sa manie, pour elle, pour
accompagner sa lecture, de l'habituelle recension, en bataillant avec
sa machine qui lui faisait un caprice pour abandon prolongé (fort
peu pourtant)
Or donc, il y a eu,
échange entre
écrire sur photo offerte
(prise le 13 février à 13 heures02)
honte à moi j'avais
indiqué l'ancienne adresse sur la liste
Pierre caillou
presque
une encyclopédie, chercher le sens de ces deux mots, raconter
l'histoire du vieux Monsieur Caillou, propriétaire de la maison
d'enfance (parler de la maison aussi et de l'enfance)
Et pourtant, un jour,
on me parle à nouveau de Monsieur Caillou. Monsieur Caillou
s’appelait Pierre. L’information tombe. Comme ça. Pierre
Caillou. C’était son nom. Comme souvent, on n’imagine pas que
les personnes qu’on côtoie tous les jours puissent nous
surprendre. Surtout pour quelque chose d’aussi palpable, d’aussi
important que leur nom. Et pourtant. Ce nom-là me surprend. Et le
fait qu’on ait pu le lui donner.
Y
ajouter une recherche des personnes nommées ainsi, et un très joli
paragraphe sur ce nom, et cet homme
et
Christine Zottele
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/2013/03/christine-zottele-est-ce-en-ciel.html
vase de cendres
un
«faux texte», beau
Il
y aurait un jeune homme et une jeune fille qui se jettent dans les
bras l’un de l’autre juste au bras de la rivière, là où l’on
voit le mieux le mascaret, au lieu dit Saint-Pardon. Là où la vague
épouse le fleuve, deux jeunes gens enfants de la rivière se
seraient embrassés, portés par la grande vague de l’amour. De la
fenêtre de la salle à manger, l’absente les regarde avec un
sourire de contentement. Elle n’a pas encore oublié de vivre.
et
le contexte : la photo, le napperon brodé d'initiales sous les deux
chiens de porcelaine, le cheminement de la pensée, jusqu'à ce que
s'impose un récit, le récit des morts et des vivants, des rêves
les newtopie, ces figures
du désirable qui sont déjà présentes dans le réel des pratiques
humaines et ne demandent qu’à ce que nous les portions plus loin
Juliette Mezenc
http://www.atelierdebricolage.net/?p=3153
des rues larges, chacune
avec dix arbres, obligatoires, pas plus, un homme, chemise et
pantalon blanc – et pour en parler, de cet homme, ou de sa pensée,
le texte passe en italique, et s'interroge, interrompant la
description de ce lieu organisé pour le bonheur de tous
Toutes les utopies
passées, communiste, fouriériste, proudhoniste, capitaliste (la
plus fa-bu-leuse : marché-fée qui régule et finira par
établir la prospérité jusqu’aux confins de l’univers)
etc.
aucune particulièrement douée pour penser la liberté
d’aller et de venir #secondhic
Quand tu aimes il faut partir
Et
à chaque fois cette énergie libérée par le fait même de
quitter
Parce que quitter c’est inventer
Hue ! Topie !
t’es une vieille carne mais on a encore besoin de toi
et
avançant, dans la critique de cet ordre, dans l'évocation de
plaisirs, on découvre que ces textes en italique sont des
interventions des élèves d'une classe de 1ère où intervient
Juliette Mezenc
et
Philippe Aigrin
http://www.motmaquis.net/spip.php?article177
reprend les interventions
des élèves et les complète pour qu'ils ouvrent à d'autres
prolongements
Il suffit de se former
seul, mais accompagné. Seul, pour voyager, découvrir, expérimenter,
chercher, fouiller, arpenter, explorer. Une personne seule a toujours
plus de facilité à aborder d’autres personnes, et c’est
justement pour cette raison que je dis que l’on est toujours
accompagné. Dans certains pays d’Asie, on considère qu’il est
très triste de voyager seul. Si vous marchez seul sur un chemin,
quelqu’un viendra marcher à votre côté. En silence le plus
souvent, puisqu’on n’a pas de langue commune. Plus en silence que
ça même, puisqu’il n’y a même pas de geste pour indiquer
quelque chose, souvent même pas de sourire. Ce compagnon, c’est un
grand mystère, une question béante, une peur parfois. Les heures
passent, on arrive à un village. Il fait demi-tour sans un mot, et
c’est un ami qui part.
Et
là Brigetoun, à l'orée de dimanche, craint fort d'avoir mal rendu
ces deux beaux billets.
les mains
Christine Jeanney
http://flaneriequotidienne.wordpress.com/2013/03/01/mains-par-christine-jeanney-vase-communicant-mars-2013/
sa main, posée sur une
lettre à Maryse Hache
et un texte poème,
touchant, sensible, tendu
une joue – tienne
touches, se malaxe,
l’argile – se malaxer soi-même avec
belle oh belle ma
mangeuse de mort
se touche – mais rien
ne fond, la pellicule je garde
et
Franck Queyraud
http://christinejeanney.net/spip.php?article583
le geste en guise de
parole
Marie
Morel, peintre, parle de ce que l'on fait de ses mains, du bienfait
que c'est, et Frank Queyraud continue sur ce geste en guise de
parole, expression et acte de vie, et c'est beau
J’écris pour
respirer, être vivant, dire regard que je voudrai partager, et
pourquoi ce monde n’est-il pas… ? Il me reste une bonne
quarantaine d’années à écrire et resterai toujours en
apprentissage. Work in progress… Comment pourrions-nous faire
autrement, comment pourrions-nous avoir terminé avant la fin ?
Avancer
dans la vie, trébucher, regarder ses mains, dans ce présent
immobile, intranquille, et rester confiant, et puis voir une autre
main.. tendue
sur des photos de Ruffec
(prises par François Bonneau)
Poitou – mythologie
petite
se
souvenir, tenter de dater d'après ce qui se passait de mémorable
dans le monde alors – vouloir rassembler ce qui est cassé, et
pourtant le souvenir est vif – cette époque, les Arts et métiers,
les stages, le poste de fonte.. ma foi lisez c'est nettement mieux
que mon verbiage approximatif
Donc en arrivant à
Ruffec derrière la petite gare tu passais les rails et en
contournant tu te garais sur le parking de l’usine, tu entrais dans
ton atelier en longeant les vannes prêtes à l’expédition
plantées là comme les soldats de terre à Xian, tu passais au
vestiaire et capelais ton bleu...
et on
en arrive aux deux types dont il est question dans ce souvenir, de la
cantine, de la réaction à des mots maintenant oubliés, de la peur,
cette peur à Serseg qui l'a amené à demander des photos de ce
qu'est Serseg aujourd'hui.
et
François Bonneau
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3424
près de tout
se
faire accepter comme capable pour un emploi de professeur, à Ruffec,
se préparer et comme pour François Bon je renonce à encombrer de
mes mots (pas par paresse, peut-être par lâcheté, par sentiment
que ce serait tellement futile).
C’est d’une
clepsydre, et d’un masque, dont je me débarrasse, là. Une tonte,
puis un rasage complet, et peuvent débuter les petites vacances,
chaque demi trimestre. Le visage à nu, je ne suis quasi plus
professeur. Puis je regarde repousser sur ma figure le masque de la
disponibilité, entretien paisible. Horloge immanquable, le poil
finit donc par indiquer le sens de la rentrée. S’enracine sous la
peau la fonction, dont on modèle le masque qui ressort, là.
sur le même blog (pour
cause d'absence) – deux beaux poèmes
Sabine Huynh
http://www.sabinehuynh.com/id52.html
croise/ment décomposé
je crois/
et de
belles strophes initiées par /ment (erreur d'oblique chez moi, parce
que suis courge, sais pas faire)
trop de désespoir
d’extase froisse
\ ment de draps lettres
peaux rêves broie
\ ment d’illusions
d’années d’amants côtoie
\ ment corps
enchevêtrés confusion aboie
\ ment à la mort dans
le vide la nuit étoile
\ ment de l’être
écartelée errante tournoie
\ ment dans l’absence
d’un lien mère \ fille
et
Jean-Marc Undriener
http://www.sabinehuynh.com/id52.html
casser/fouler
ce
besoin de casser, ou se casser... le dire
alors casser \ on casse
se casse
on va rester sans les
liens \ plus de liens
plus rien à relier \
ne plus assurer la liaison
mais
le penser ne plus recoller un peu –
qu'à soi \ seul simple ?
échange en toute liberté
Marie-Thérèse Peyrin
http://www.xn--chatperch-p1a2i.net/spip/article484
Fiction cathare ou
cathartique ( a minima mais je peux m’ en amuser aussi)
en partant des jeux
d'ombre et de lumière de Michel Brosseau, les chateaux, les châteaux
cathares (tant aimés de moi, l'idée, celui que je connais, et la
mémoire de la chanson de la croisade contre les albigeois, écrite à
plusieurs mains) en partant de Najac, de ses meurtrières, des
explications d'un guide fatigué, l'horreur, à la Jérôme Bosch (un
peu dépaysé),
les dépeupleurs, l'amour....
La terreur redevenue
invisible, mais intacte, restera encore dans la place laissée
vacante pour toutes sortes de légendes, de commentaires tendancieux,
complaisants et inexacts. La beauté des regards aura péri en
premier dans ces zestes immatériels de lumière, elle aura déguerpi
dans les intermittences démentielles du désastre immémorial, elle
aura contourné le constat du chaos orchestré, celui qu’on
reproduit fidèlement en calmes plaines ou dans l’espace aérien
au-dessus des déserts pétroliers.
Un
beau texte, mais le lisant je pensais aux parfaites de Montségur, de
Peyrepertuse, de...
et
Michel Brosseau
http://la_cause_des_causeuses.typepad.com/l/2013/02/mais-tout-pleine-face-par-michel-brosseau-vase-communiqué-n-1-vendredi-1er-mars-2013-.html
(si désolée d'être incapable de faire le lien)
Mais tout pleine face
message envoyé à
Marie-Thérèse Peyrin: le silence et la beauté...: aurait préféré
le silence, la beauté n'a jamais su – et en fait elle est là
Mais matière révélée
offerte. Matière à modeler à son tour. Donner forme. Alors silence
plutôt. Silence et qu’y naisse le chant. Conçu avant en fait.
Sur une image et à propos
de la veine ou de veine
Ève de Laudec
http://lesmainsdanslespoches.tumblr.com/
Pas
de veine.
Rien
n’afflue. Sècheresse ironique, sclérose d’une pensée
élastique.
sur
un thème proposé par elle, alors elle cherche, elle essaie, et ma
foi cette veine, la recherche, est joliment riche
Vainement je tente de
résister, perd mon sang-froid, cherche à attraper la moindre
excroissance sur la paroi des canaux, un point d’interrogation,
une virgule comme points d’ancrage, mais leur compliance visqueuse
m’en empêche. Je file vers la cave des vocables entachés, des
rêves palpitants, de perception coronarienne, de délire
incertain, d’impulsion lymphatique, d’un souffle sanguin…
et
Amélie Charcosset
http://evedelaudec.fr/cooperations/mars-2013/index.php
ville plaie
un
très joli et sensible poème, la ville, les artères qui la
sillonnent, les peaux d'échappement, un immeuble explosé
Ville cicatrice
Ville plaie et ville
pleine
Rues vides des
dimanches sans mémoire
Je cherche au bord des
yeux les trottoirs
Les murs, les parapets
Et le silence juste
Après
quand se rencontrent des
mondes hétérogènes
photos de mariag, Quick
attenant
une
succession de paragraphes : lui, et eux
lui,
assis par terre dans un coin d'un porche, attaquant un burger
provenant du Quick attenant
eux
beaux, parés, sapés, pour la photo, et les descriptions alternées,
le hiatus apparent sont en fait réunis dans une même action, sans
que eux en prennent conscience, qui ne le voient pas
Lui : a de cette
sauce à la couleur presque fluorescente plein les doigts et le
pourtour de la bouche, larges coulées à forte tendance rosâtre sur
sa barbe noire comme ses doigts, hirsute. Coulées qui rappellent
d’ailleurs subtilement les tons de la boite en carton. Comme quoi,
qu’il s’agisse de mariage ou de restauration rapide, rien n’est
jamais laissé au hasard. Tremble beaucoup et a du mal à assurer ses
bouchées. Du coup, de gros bouts de Long Bacon tombent à terre dans
sa frénésie d’apparence désespérée à les engloutir, l’un
d’eux et pas des moindres allant même jusqu’à se coller
sournoisement sous la semelle cuir du photographe et sans même qu’il
s’en aperçoive
et
Christopher Sélac
http://commeunratfaitsonterrier.over-blog.com/article-souvenir-s-d-heidelberg-115747713.html
souvenirs d'Heidelberg
trois
garçons en séjour linguistisque, lâchés en quartier libre dans
Heidelberg, à la recherche du plus beau des couteaux suisses, un Mac
Donald, des policiers en BMW, un mendiant que remarquent à peine,
mais :
Une mission finalement
menée à bien dans le temps qui nous restait imparti, avant de
rejoindre le point de ralliement, ce chemin du retour où, justement,
nous recroisâmes le mendiant au pantalon bariolé de craie. Devant
nos yeux ébahis, il remonta dans sa Jaguar lie de vin.
tragi-comique
la plus belle conquête
de l'homme
petit
discours de circonstance adressé au cheval par son ami l'âne
A cause du bœuf, oui,
cet autre, devenu encore plus noble que toi… C’est là que le
génie humain ne connaît plus de limite. Car oui… Une fois dépecé,
découpé, désossé, surgelé, décongelé, mijoté, mitonné,
mixerisé, edeuxcentdixé, recongelé, quelle différence ?
et
Camille
Philibert-Rossignol
http://christopherselac.com/derniere-minute-encore-par-camille-philibert-rossignol/
dernière minute encore
fatigue,
se prélasser dans un bain, évacuer l'eau, et soi-même par la même
occasion...
se
retrouver dans l'eau, au bord de la plage mais ...
La longue bande de
sable blanc n’est plus visible entre les rouleaux, chair de poule,
te remettre à courir en forçant sur les genoux pour sortir du
liquide. Tu t’assèches de l’intérieur pendant qu’une barre de
vagues surgit de l’horizon jauni, progresse dans une ritournelle de
fracas. Cœur enfoncé autant que pieds emballés. Tu glisses, les
algues, courir encore vers le sable, mains en avant
et
cela continue, Brigetoun galopant terrorisée à la suite de ce
cauchemar
textes /images
Zéo Zigzags
http://tangakamanu.wordpress.com/2013/03/02/61/
Lucie et des clous (du
moins je suppose que c'est le bon billet)
un
court et joli texte sur un fond brun chaud, riche
tamtam et versification
de fréquences
arrondies par la chute
sur la vitre des puits à
moins qu'elles ne
soient aiguillonnées...
et
ensemble
un extrait de son dernier
roman
lutter contre le déni,
pour retrouver l'unité de sa famille
Quant à moi je n'étais
pas capable d'avoir des rapports et de partager des émotions avec
des gens m'intimant le déni de mon calvaire....
et en
arriver à s'aimer soi-même
mur ou frontière
Souris verte ou Elizabeth
Chamontin
http://leportraitinconscient.com/2013/03/01/elisabeth-chamontin-le-mur-est-une-frontiere-la-langue-italienne-est-musique/
Le mur est une
frontière. La langue italienne est une musique.
mur
virtuel entre nos deux pays, nos deux langues (le veux très virtuel)
deux
beaux poèmes sur ce thème
-
derrière un mur que sa surface gerce, la beauté tant désirée de
l'Italie
Les vignes et les pins
des collines toscanes,
La Sicile, Palerme et
le temple de Diane,
Les statues, les
musées, le baroque, les ors,
-
une chanson avec le nom de Giovanni Merloni en acrostiche
et
à quoi ça sert le mur
petit
spleen en prose sur le thème de la frontière, en prose fermement
rythmée, avec en acrostiche le pseudonyme de Souris Verte et son
nom :
partir
de l'idée qu'un mur doit être abattu ou contourné s'il est
oppressant, ou la frontière sera toujours en vous. Apprendre,
enfant, avec la langue, une image de la France telle qu'on la
voudrait, qu'elle apparaît dans des livres. Découvrir ce qui en
sépare, être là avec son bagage, sa culture, et puis
Oh j'en avais envie, de
même que Zazie, de cette fourmilière pleine d’humeurs et de
stratosphère.
Nombres de compatriotes
partagent ma stupeur vis-à-vis de la quotidienne rengaine de cette
fête foraine.
Trottant sur le
trottoir entre trottinettes et sacs à dos je gagne avec émotion la
gare de Lyon et m'accoude sur les quais voir les trains arrivants
dans un film d'antan.
Immobile, je ne rêve
plus de partir. J'ai mon mur avec moi, dans cette valise grise où je
garde ma chemise. Je lis Turin ou Milan tout en poursuivant un lapin
lointain...
Dominique Hasselmann
http://www.pendantleweekend.net/2013/03/vases-communicants-35-2/
théâtre de la ville,
du fleuve et du rêve
Brigetoun en repos heureux
devant une vidéo à partir des vases communicants d'André
Breton, avancer le long des quais, des ponts et de leur décor,
regarder mes souvenirs de flânerie, les péniches... découvrir noms
des allées du marché aux fleurs, avoir le plaisir des coups d'oeil
de Dominique qui clignent souvent etc...
ne
surtout pas manquer cette courte promenade
et
Piero Cohen-Hadria
http://doha75.wordpress.com/2013/03/01/un-seul-etre-vous-manque/
un seul être vous
manque
le
suivre lui, toujours un plaisir intelligent, et mieux, sensible, dans
un Paris où ce soir là il y avait un peu de neige, du froid
piquant, des couleurs et des rues où marcher, où il y avait la
certitude du printemps à venir
s’effacent ces
illusions, tel est le printemps, des fleurs des fruits et des roses,
certes, mais aussi les cortèges de guerres, de morts et de sang,
telle est la planète, tel est le monde. On retournera au cinéma, on
continuera à aller voir ceux qu’on aime, ils nous manqueront quand
ils ne seront pas là, (c’est le lexique qui manque mais elles
aussi), ce n’est pas écrire pour eux, mais chez eux, il y a de la
lumière, il y a de la vie,....
alors
écrire dans la neige, et puis continuer, le suivre.
à partir de vers aimés,
un très bel échange
le prix du rêve
le
faucon d'Anne Hébert dans le tombeau des rois - très beau, en
polyphonie
- Tu ne crois pas que
je rêve
l’ai vécu
ses ailes de neige
les vêtements sales
le ruissellement des
ciels
l’odeur
et
qui êtes vous dans le
chant ?
Plonger
derrière les mots Henry-David Thoreau et ceux de Marina Tsvetaïeva,
ramener un texte au très beau souffle
elle pose sa voix sur
le nom de la terre sur le nom de la terre couverte de pierres sur le
nom de l'eau sur le nom de toutes les sources d'eau sur le nom de la
place aride sur le nom de la colline sur le nom de la roche sur le
nom du pont sur le nom de la vallée rouge sur le nom de la vallée
obscure sur le nom de la grande terre sur....
à partir des photos de
google street, (j'aime)
boulevard Pierre Ménard
il
existe, il l'a trouvé depuis le train, en quittant Marseille vers
Aubagne ou Toulon
Ceci dit – et ce
pourrait être ici une question liminaire –, qu’est-ce que ça
fait de découvrir un boulevard à son nom ? J’aimerais
savoir.
Le mien (de nom),
d’origine slave et plutôt rare, ne me laisse guère d’espoir, un
jour de connaître pareille expérience. Bien sûr, je pourrais
adopter un pseudonyme (ça m’est arrivé dans le passé). Je
pourrais choisir de m’appeler, je ne sais pas, tiens : Pierre
Menard (le nom n’est sans doute pas déposé). Et alors, au bout de
quelques mois d’usage, peut-être de quelques années, ce nom me
deviendrait suffisamment familier pour que j’éprouve à mon tour
si ce n’est une émotion du moins un contentement amusé
découvrant/redécouvrant un médiocre boulevard marseillais à
cheval sur deux arrondissements (le dixième, le onzième).
Nom
qui n'est peut-être pas déposé mais doublement bien porté, pas
uniquement par l'auteur de liminaire.
et
Pierre Ménard
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2013/03/vases-communicants-pierre-menard.html
la lente maturation d'un
roman sur Detroit, la recherche nécessaire, les citations de textes
s'y rapportant, élan redonné par cet échange pour terminer le 4ème
chapitre (réveil d'un homme qui se trouve, sans souvenir dans la
ville, qui y erre)...
Je me borne à cela, qui
est le début de l'extrait
J'essaie d'avancer un
peu, malgré ma blessure à la tête et les jambes flageolantes, pour
tenter de me repérer, de comprendre ma situation, persuadé qu'à
l’aide de ces maigres indices je parviendrais enfin à défiler la
pelote de ce qui s'est passé la veille au soir, retrouver mon
identité comme j’ai récupéré l’usage de mes jambes et de mes
bras. Je suis aussi pauvre que les morts. Je commence sans rien. Ce
n’est pas par un raisonnement qu’on y arrive, mais une
illumination.
un jardin au point
sous
le prétexte d'une mise au point pour que le jardin soit somptueux
avec le printemps et l'été, une très agréable promenade en lui,
complétée, au fil des pas, par son histoire et les bonnes
résolutions (devrais en prendre bonne graine)
Au pied de la terrasse,
des herbes folles ont profité de mon inaction, au point d’étouffer
les charmantes vivaces qui s’y trouvent. Véritable point d’ancrage
de la maison et du jardin, cette platebande se doit de retrouver un
aspect plus soigné.
et
Wana Toctouillou
http://encrebleunuit.blogspot.fr/2013/03/a-roger.html
à Roger un
poème avec une contrainte exposée d'entrée
Figurant
dans l'espace en un geste absorbé
Un mouvement
de grâce hors de toute pression
J'évacue
mes pensées chagrin à résorber
entre poètes
Jean-Yves Fick
http://www.ericdubois.net/article-texte-de-jean-yves-fick-les-vases-communicants-de-mars-2013-115663001.html
très beau (mais
contrairement à son habitude sur son site c'est le poème
définitif que nous lisons, sans les repentirs)
avancer dans l'hiver
à l'écart de la
friche
il n'y a devant toi
rien autre que cela
cela de haut silence
tu marches dans
l'hiver
et la forme indécise
vers quoi tu avances
aveugle le jour
et
on met les saisons /
dans des boites
ou
plutôt Eric Dubois les met dans de belles strophes
Colis fragiles
qu’il faut pourtant
ouvrir
De temps en temps
Et qu’il faut
refermer
soigneusement
Pétales de rêve
dont l’odeur est
tenace
à partir d'une photo
dialogue
entre une Marie-Amélie (pas celle que je connais, pardon, sourire
personnel) et la maîtresse.. parce qu'une caméra cachée a surpris
les moutons sur les terres de Monsieur le Comte
Marie-Amélie !
Monsieur le Comte est très en colère. Le troupeau aurait détruit
sa pelouse… sa pelouse… son herbe à vaches… là, il pousse
Monsieur le Comte… il paraît qu’il a ramassé deux brouettes de
pétoulettes… tu imagines Monsieur le Comte ramassant les crottes
de nos moutons… en levant le petit doigt…
et
Anne-Charlotte Chéron
http://jetonslencre.blogspot.fr/2013/03/les-vases-communicants-19-anne.html
Lo Stadio di Wimbledon
réflexion
sur le refus de l'écriture, inscrit dans une oeuvre littéraire, sur
l'étrangeté de l'expérience humaine,
Je repense à ce mouton
qui a choisi de s’aventurer seul sur le terrain. Il n’y a plus de
balle comme dans la partie de tennis de Blow up, il n’y a plus de
joueur comme dans le roman de Del Giudice mais un mouton égaré qui
paraît trébucher et s’enquérir hasardeusement d’un reste de
végétation, ahuri de la nature de ce sol faussement verdoyant, de
ce terrain stérile.
parcourir le monde
Isabelle
Pariente-Butterlin
http://www.sobookonline.fr/miscellanees/parcourir-le-monde-vase-communicant-avec-isabelle-pariente-butterlin/
parcourir le monde
une
réflexion, de paragraphe en paragraphe, de photo en photo, creusant
l'idée de parcourir ou regarder le monde (et dans ses mots il est
beau), passant par
Mais que regarde-t-on
quand on regarde le monde ? Je n’aime pas l’hypothèse mais il
est possible qu’on se regarde soi regardant, qu’on ne parvienne
pas à sortir de l’enfermement en soi même quand on regarde le
monde, et qu’on tente de le parcourir pour échapper à soi. Comme
les barrières de notre crâne, tout autant que celles de notre
conscience, nous empêchent et nous enferment et nous retiennent.
Pour arriver, via la mémoire, les souvenirs, à la conclusion, au
moins provisoire que c'est regarder en soi les traces de bonheur que
laisse le monde. C'est beau et voudrais y croire.
et
So-Book-on-line ou Marc
Jahjah http://www.auxbordsdesmondes.fr/spip.php?article1305
À mon tour de
demander : comment regarder le monde qu’on parcourt ?
Tout peut-il être une fête pour l’oeil, un événement ? Le
monde s’offre-t-il à nous ?
Une histoire du regard que
nous portons sur le monde, qui ne nous vient plus du livre mais par
une étude, l'acquisition d'une compétence, une mise à distance des
dogmes, nous qui avons conquis l'individualité (ou plutôt en avons
hérité)
et la réflexion, à
partir de cette phrase "Il y avait les
pierres couvertes de mousses, il y avait les lichens, il y a les
toits, et je revenais à Québec." continue
et images, se fait poétique
déceptions ?
Christophe Sanchez
http://www.frth.fr/quoi/vases-communicants/trois-fois-seize,173
trois fois seize
un
texte qui rend vivant comme toujours chez lui, vivants là trois
camarades de seize ans et leur connivence, lancés à la conquête de
trois bars où se faire accepter comme des adultes,
Rien ne doit être
laissé au hasard pour réussir à gruger le taulier. Et sur le
trottoir, comme des midinettes, chacun arrange la frange rebelle de
l’autre afin de masquer l’acné qui pollue nos fronts.
et
bien entendu... lisez donc
et
votre petite cuiller ne
correspond pas à nos choix éditoriaux
une
petite nouvelle, partant de cette phrase, réponse d'un éditeur –
qui a certainement lu trop vite, qui n'a pas su deviner la grande
qualité de ce qui était proposé, ou l'a confié à un stagiaire...
bon mais à partir de ce point de départ, de l'histoire de cette, de
ces déceptions, Franck Thomas nous embarque dans une histoire
surprenante, fait surgir une vocation surprenante d'éditeur, une
révolution...
Avec la révolution de
la littérature que mon livre représentait, il entendait revenir sur
tous les réflexes archaïques des croûtons de l’édition –
comme il les appelait (je ne me risquais pas encore à le suivre en
public dans ses saillies assassines, au cas où l’échec de notre
aventure m’aurait contraint plus tard à devoir de nouveau
quémander la soupe aux susdits croûtons). Gageant qu’on allait
plus souvent chez le boulanger, ou même chez le quincailler, que
chez le libraire, mon nouvel éditeur inonda carrément toutes les
branches du commerce de mon bouquin, sachant trouver pour chacune
l’argument décisif qui le mettait en valeur
et le
succès qui en résulte n'est qu'un début... avec une fin navrante,
même si
Et dans un dernier sourire, j’achève, sur
l’intérieur de mon poignet, l’écriture acérée de mes mémoires
posthumes.
films d'Agnès Varda, deux
vases en parfaite correspondance
Anne Savelli
http://www.feuillesderoute.net/savelliBonheur.htm
en face : le bonheur
après
une belle présentation d'Anne par son hôte, une évocation du film
de Varda avec Jean-Claude Drouot, sa femme, ses enfants, et vient une
réflexion sur ce bonheur rayonnant, ce bonheur qui a choqué parce
qu'il incluait l'amante, l'autre femme, aussi belle, aussi blonde, et
le texte d'Anne est beau et sensible
Le bonheur, on peut se
moquer, ressemble à une publicité dans laquelle on prend en famille
le petit-déjeuner dehors. Le bonheur ne connaît ni chômage, ni
laideur, ni obstacles divers. Il s'affirme, voilà tout, rend visible
l'invisible, le non-dit, l'impensable sans placard ni porte claquée.
Le bonheur, c'est accueillir qui passe, oser lui dire qu'on l'aime
sans craindre d'entendre non puisque tout est si simple. Dans Le
Bonheur, tout le monde dit oui.
Ce
bonheur qui choquait, qui choque toujours, et les boni joints au film
(petit sursaut, à tort, bien entendu, je dis – et point ne suis la
seule – les bonus...) le montrent – et que ce qui choque le plus
c'est la tranquillité avec laquelle l'histoire se poursuit après la
défaite de l'une.
et
l'une chante et l'autre
pas
en
introduction, en réponse d'Anne Savelli, une présentation de
Thierry Beistingel et de ses feuilles de route – et puis son choix
de film d'Agnès Varda l'une chante et l'autre pas, donc,
«film féministe entrevu dans un univers exclusivement
masculin», c'est à dire dans la caserne où il faisait son service,
film oublié d'ailleurs, dont ne restent que le titre et le nom de
la réalisatrice, mais reviennent : les films vus dans l'adolescence,
la jeunesse, et puis le servie, la caserne, les camarades, l'époque
Arrive
alors L’une chante et l’autre pas. Décor seventies, on y était,
nos têtes à la Starsky et Hutch, les filles à longues robes
paysanne, retour à la terre, le féminisme, l’avortement, des
thèmes militants pour l’époque A trente ans de distance, plus
rien ne transparaît, j’ai visionné un extrait, probablement le
début du film, belle musique, violon et violoncelle et
ce contraste avec la caserne, la salle télé où ils sont deu :
lui, barman provisoire, et ce type noir appelé, bien entendu,
Blanche Neige.
et, à propos de Barcelone
Christophe Grossi, sur
Paumée, ci-dessous, a rencontré devant une vitrine de Barcelone, un
dos, un souvenir, une présence revenue du lointain de l'enfance
Je ne pensais pas le
revoir un jour. Et quand bien même j'aurais été assez fou pour
partir à sa recherche je n'aurais jamais pensé traverser les
Pyrénées, surtout pas ces montagnes-là, lui qui n'était même pas
d'ici, pas né dans cette ville (une autre ville en B d'accord mais
Brescia n'est pas Barcelone et l'Italie n'est pas l'Espagne), lui qui
de toute sa vie n'avait traversé qu'une seule chaîne de montagnes,
les Alpes, pour aller s'installer dans le pays de Sochaux-Montbéliard
et ne jamais le quitter, jusqu'à sa mort. Parce qu'il était mort
et
Brigetoun, pendant que Christophe (et d'autres) étaient à Barcelone
pour une présentation de la traduction en espagnol de textes de lui,
d'autres auteurs Publie.net, cherchait à retrouver ses souvenirs,
beaucoup plus flous qu'elle ne le pensait, d'un très ancien séjour
dans cette ville
Tu te
souviens du port, du peu que tu en as vu. Tu te souviens que le
soleil était superbe, qu'il se déployait, que tu étais bien.
Tu te
souviens que tu as erré, un long moment, sous les voûtes du Musée
maritime, et que tu croyais tenir la main de ton père, écouter ses
commentaires.. tu te souviens que tu as choisi la photo du bateau le
plus humble possible, l'équivalent catalan d'une tartane, pour la
lui envoyer.
Désolée pour l'échange entre Chez Jeanne et Eric Poindron, ne l'ai pas trouvé, s'il a eu lieu.
Et
pour remercier ceux qui ont bien voulu accompagner ma promenade, un
bonbon à choisir parmi les confiseries barcelonaises saisies par
Christophe.. et que leur saveur vous inspire de l'indulgence.
8 commentaires:
Je constate qu'une petite absence n'a pas interrompu cette belle coulée de poésies entre les vases communicants. Toujours au poste, chère Brigitte, à veiller au grain. Mille mercis
Apprécié la vidéo de Dominique Hasselmann entre autre
Pas terminé ton immense travail je poursuis plus tard
un si bon moment Merci
Merci pour ce regard si aiguisé sur tous ces mots déposés ici ou là
@ brigetoun : vraiment, quelle ténacité et quelle constance !
C'est bien, on s'aperçoit qu'il reste encore beaucoup à lire (pour votre texte magnifique, dans votre bel échange sur Barcelone avec Christophe Grossi, il est à relire !).
@ arlettart : merci, mais j'enrage à cause des rayures sur l'objectif : finalement, un texte sur micro n'a pas ces inconvénients !
avec un tel article tu dors quand ?
Comme toujours mercis et admiration pour toutes ces lectures et appréciations.
Précision maintenant : mon partenaire ne maitrisant pas très bien la technique mon textes de 6 pages doit être lu an allant tout en bas et cliquant Sans titre cela jusqu'à la page 6.
Barcelone, images privilégiées entre présence et absence, précision et [juste assez de] flou pour se faire un peu les nôtres, avec plein d'histoire ancrée dedans et en travers. Très beau texte, Brigitte...
À peine débuté mes lectures, mais jusqu'à maintenant, vraiment à mon avis une très belle qualité d'écriture que ce mars en partage...
Zéo ¦-)
Merci brigitte, continuez bien, avec vous en tout cas...
PCH
merci pour cette si belle recension - non c'est plus qu'une recension, c'est une promenade dans une rue où il n'y aurait que des devantures de confiseries, de pâtisseries, ou de chocolateries et l'on ne saurait quoi s'offrir, alors on entrerait dans chacune des confiseries et on demanderait: qu'est-ce que je peux m'offrir pour dix minutes de lecture, vingt minutes... La chocolatière nous regarderait mi-amusée, mi-sévère et dirait: mais quand on aime, cher enfant, on ne compte pas, on lit! (au fait, c'est moi la sotte: j'ai oublié de changer l'adresse du nouveau blog!)
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