Matin tout bleu, petits
projets de courses ménagères chez Carrefour.
Après café et toast à
la confiture de pastèque, colère sourde de carcasse... décide
d'attendre l'après-midi.. belle grande colère de carcasse
Suis partie, dans le calme
intérieur revenu après le déjeuner, pour trouver fortes
rafales qui secouaient mes petits kilos, ai renoncé à aller
jusqu'au coeur de la ville, ai trouvé des trucs approchant vaguement de ce que désirais dans le petit magasin de la rue Saint
Agricol, suis rentrée – ai vu le cyclamen décoller et se
précipiter vers le sol à mi-chemin du mur du fond – me suis
installée, narguant ce vent (qui semble nous avoir amené nuages),
le traitant de faiblard en comparaison de celui qui se déchaîne sur
les terres australes, pour recopier, lentement parce que j'étais
dans un jour maladroit, longuement parce que le texte l'était, les
deux pages centrales du Monde diplomatique du mois Les
Kerguelen, une vue de l'esprit..
Jours heureux sur l'île
de la Désolation article
accompagnant de belles photos assez obscures (et entre le traitement
par le journal et celui, pire, par mon appareil, les trois raptées
par moi sont trahison) de Klavdij Sluban, photographe qui a été en
résidence aux Kerguelen, pour l'envoyer à l'ami réunionnais
(Laurent Margantin) parce que les marchands de journaux ne sont pas
légion au Port-aux-Français, où il est actuellement, d'où il
publie chaque jour un billet et des photos savoureuses
http://auxileskerguelen.blogspot.fr
Pour
ne pas outrepasser ce qui est raisonnable comme citations, je
reprends quelques passages, mais vous incite plutôt à découvrir, à
déguster ce qu'écrit Laurent Margantin, qui est vivant, qui colore
d'un peu d'humour, de sensibilité, ce qu'est la vie tout de même
passablement rude (mais que je trouve passionnante, ah les manchots, la manchotière et la vidéo du couple se relayant sur l'oeuf..) dans la base et sur les îles, qui amène
Klavdij Sluban à terminer ainsi :
Et
le voyageur aux pieds endoloris se retrouve avec lui-même dans sa
résidence en préfabriqué qu'un vent particulièrement déchaîné
veut arracher de la surface de la Terre. Seul un goéland à
contre-courant s'immobilise un instant dans le cadre de la fenêtre
avant de décrocher et de disparaître dans les nuages. On peut
comprendre qu'en attendant de rencontrer des hommes nouveaux il ait
aimé les séjours prolongés dans sa chambre, unique lieu de
solitude, à lire Blanchot en cet espace tendant vers l'infini.
Et chez Laurent vous aurez plus de détails sur les sorties avec les scientifiques,
(et verrez un éléphant de mer avec une balise GPS comme un coquet
chapeau) évoquées par l'article
Aucune
sortie hors de la base ne se fait en solitaire : elle exige au
minimum trois personnes, le premier opus se blesser, le deuxième
pour lui porter assistance, le troisième pour aller chercher du
secours, comme il sera expliqué au fugitif ayant décidé un matin
de quitter la zone sans autorisation préalable.
Au
cours de ces sorties encadrées sur le terrain, les «manipeurs»
dénombrent les otaries, baguent les cormorans, posent un GPS sur le
dos d'un éléphant de mer, capturent des chats revenus à l'état
sauvage et mesurent le stress du chou de Kerguelen.
Il
y a aussi l'ambiance de la base, de ce groupe d'hommes (et femmes)
forcés de vivre ensemble, l'isolement, la lecture et l'écriture, et
de plus en plus l'intérêt à ce qui se fait là et l'envie de
s'échapper pour ces expéditions dans ce paysage aussi beau je crois
(seulement
aucune photo extérieure de l'article ne passait mon filtre – vous
pouvez trouver le travail, en d'autres terres, de Sluban sur son beau
site http://www.sluban.com/)
Les cabanes
et refuges se gagnent à marches forcées. Le vent buté a tant et si
bien aiguisé le moindre recoin du paysage traversé qu'il n'a plus
rien à emporter sur son passage. Tout ce qui pouvait être soufflé
l'a été bien avant que l'homme ne se décide à venir y greffer ses
ambitions. De temps autre, une cascade retroussée coule à
l'envers.
PS
Outre l'article dont viennent toutes les citations ci-dessus, j'ai
découvert, au dernier moment, que Klavdij Sluban tient aussi un
blog, ou une chronique plutôt, sur Libération
http://www.liberation.fr/chroniques/01012389247-jours-heureux-aux-iles-de-la-desolation
(mais j'insiste, j'aime la découverte journalière du billet de L.
Margantin, et son écriture)
7 commentaires:
Une magnifique découverte. Des mots que je ne connaissais pas. Et j'ai fait les détours que la curiosité me commandaient pour me mettre au diapason. Beaucoup de musique dans ces phrases ciselées.
Merci.
Sur la première les nuages étaient absents mais le vent a eu raison du cyclamen qui avait résisté jusque là..
Bonne journée à toi en souhaitant que carcasse ne soit plus en colère.
A l'intérieur de ses remparts, Avignon est aussi une île, avec une énorme colonie de pingouins en juillet-août !
mais c'était idiot de ma part de défier notre seigneur vent, il gueule là, veut entrer et on annonce 130 km/h pour cet après midi
Me souviens avoir été émue et intéressée par Sluban qui exposait un reportage en demi-teinte sur des paysages et attitudes dans les pays de l'est (Hôtel des Arts à Toulon )
Grand fou vent ici aussi
Avec,ici,en Berry, un vent modéré mes sinus crient grâce en me labourant la tête... alors par chez toi ce serait du supplice. MERCI pour cette balade/ballade étonnante et superbe. Bon courage et leste tes petits kilos !
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