C'est un temps sans
raison, et les ruines pleurent d'humidité grise...
mais moi, je suis, sans
raison aucune, frétillante de petite légèreté miraculeusement née
de mes premiers pas ce matin.
Mon ami est
rouge de froid...
mais l'est souvent
rouge en fait, a abandonné la grille, s'est mis à l'abri, a plaisanté
Le petit salon
de jardin est désolation trempée au bord de la rue...
mais les
parasols font d'excellents parapluies, et, bien couvert, on pourrait
en profiter pour rêver devant un café.
Les rues sont
tristes et les tenues mornes, les marcheurs prennent l'allure
d'errants dans un monde sinistré...
mais la place
Pie est animée, assez, les marchands de riens sont sous bâches et
les passants en prennent petit air de flânerie
Le temps est à
l'automne, le fin fond de l'automne...
pourtant c'est
presque la fin des asperges
les
légumes sont printaniers, le melon d'eau parle de chaleur, les
pommes de terre nouvelles se succèdent, et les fromages de chèvre
redeviennent de saison.
Le mur végétal
pleure dans l'ombre...
mais on
rencontre des fouillis de végétaux heureux de cet ondoiement
(chance... je n'ai pas besoin d'arroser)
et les plantes
vagabondes prospèrent
Je me demande
si celles-ci sont vraiment vagabondes, me semblent bien régulières..
Des graines
jetées par la fenêtre ?
Les touristes
ne pouvant fixer la lumière photographient ce qu'ils peuvent,
désespérément, comme le manège vide....
mais ils sont
là, intéressés, jeunes et vieux, stoïques.
Et si les
terrasses sont désertes, si les serveuses fument assises sur une
table ou blaguent de rien,... les renoncements se font sculptures.
J'étais
décidément de fort bonne humeur ce matin, pas au réveil pourtant,
ne sais ce qui m'a pris, peut-être, lu juste avant de me décider à
franchir mon seuil, le dernier des dialogues de Christine Jeanney et
son parfum d'ironie teinté de fausse absurdité, comme un écho à
Dubillard (non imitation, mais parenté, au moins pour moi) «toujours
le même», allez voir c'est là :
http://christinejeanney.net/spip.php?article653
8 commentaires:
Vous êtes donc bien rentrée et la neige s'est transformée en pluie...
Ballade sous la pluie... notre Terre a des comportements bizarres. Il fait beau à Montréal, il pleut à Avignon. Entre temps, nous découvrons accompagnés d'une pluie fine une tranche de vie sous un jour sans soleil. L'enchantement de découvrir persiste.
C'est tout à fait ça et la végétation aime mieux que nous... !
Bon premier mai !
Mieux la joie sans raison que les raisons de pleurer ! Ça en devient comique à force ce temps d'automne au printemps : le printemps par antiphrase ? Je vais aller chercher le soleil dans le nord.
La raison ! n'a pas besoin de raison pour s'épanouir
et" les renoncements qui font sculptures "est du meilleur cru
Merci de ton regain
J'ai aperçu un parapluie...fermé
j'ai eu droit à pluie en suspension, pas averse forte quand suis sortie (pas folle)
Du monde tout de même dans les rues. La pluie ne décourage pas le touriste, c'est vrai que le soleil est arrivé, tout de même.
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